Après une première partie qui avait permis de les présenter, les deux frères Gourguechon se dévoilent dans la suite de notre entretien. Leurs ambitions, leurs rêves, leur vision de l’autre, sont autant de points abordés dans cette deuxième partie…
Vous avez une préférence entre la route et la piste ?
Baptiste (20 ans) : Pour ma part c’est plus articulé vers la route, car si je veux réussir dans le vélo c’est sur la route. Dans le cyclisme sur piste on ne peut pas passer professionnel… Ou alors il faut être champion du monde, comme François Pervis. Seules 6 ou 7 stars peuvent en vivre. Donc moi c’est la route, après quand j’ai des stages équipe de France sur piste j’y vais avec plaisir. Déjà cette année c’était plus la route, et l’année prochaine aussi.
Matthieu (16 ans) : Moi j’espère la route aussi, après si je venais à être très fort sur piste… On verra bien !
Faire les deux comme Corentin Ermenault ce n’est pas possible ?
Baptiste : La différence c’est que Corentin fait de la route mais il est dans l’endurance sur piste, alors que nous sommes sur le sprint ! En fait, concilier le sprint sur piste et la route, c’est très compliqué, peut-être même impossible… Aucun sprinter ne fais ça.
Matthieu, après tes bons résultats aux France sur piste, tu as quand même envie d’aller chercher des titres en Junior ?
Matthieu : Oui quand même, je vise les épreuves de sprint ! Et aussi aller en équipe de France junior si possible.
Baptiste : Matthieu ne peut pas encore dire qu’il choisit la route. En cadet ou junior, c’est possible de concilier les deux, après il faudra voir ce qu’il fait en junior, s’il est en équipe de France et que ça fonctionne bien… Vu les temps qu’il fait, ça peut être pas mal.
Quel est votre profil ?
Baptiste : Sprinter
Matthieu : Complètement sprinter aussi !
Y-a-t-il une forte émulation entre vous ?
Baptiste : Non pas tant que ça, car nous avons 4 ans d’écart, moi je veux que mon frère soit le meilleur et lui aussi je pense.
Matthieu : Ah oui, moi aussi !
Je me suis vengé en ramenant 3 maillots (rires) !
Baptiste : Mais c’est vrai qu’à certains moments je le pousse. Là au début du championnat de France sur piste, il a « loupé » les deux premières épreuves, il fait 2ème du 200m et 5ème de la vitesse individuelle, mais il n’avait pas de médaille. Moi j’avais déjà une médaille en Cadet 1, donc je l’ai poussé je lui ai dit : « Qu’est ce que tu fais ? Tu es nul là ! ». Et le lendemain il ramenait 2 maillots en une journée !
Matthieu : Je me suis vengé en ramenant 3 maillots (rires) !
Quels sont vos objectifs pour la saison prochaine ?
Baptiste : Pour moi ça serait de gagner au moins trois Élites nationales, rentrer encore dans le Top 10 dans des classes 2, et après pourquoi pas être stagiaire au mois d’août… Mais tout dépendra de mon début de saison. En tout cas, je monterai sur mon vélo au mois de janvier en me disant que je veux être stagiaire au mois d’août.
Matthieu : Découvrir les courses en junior, ça sera la saison de la découverte pour moi et j’espère une médaille aux championnats de France sur piste aussi.
Et vos objectifs dans le cyclisme ?
Matthieu : C’est de passer professionnel.
Moi mon rêve ça a toujours été d’être sur le Tour de France et de battre mon frère sur une étape
C’est un rêve pour vous de courir dans la même équipe ?
Baptiste : Oui, je n’y avais jamais pensé mais pourquoi pas. Après on ne sera pas dans la même équipe, il sprint aussi donc ça ne va pas…
Matthieu : Oui, franchement oui. Moi mon rêve ça a toujours été d’être sur le Tour de France et de battre mon frère sur une étape. (rires)
Baptiste : C’est sûr que quand on est petit on rêve de ça mais bon après il faut regarder la réalité, pour l’instant c’est encore loin…
Que faut-il selon vous pour devenir cycliste professionnel ?
Matthieu : Franchement je ne sais pas du tout.. c’est sûr qu’il faut être fort !
Baptiste : Il faut être super fort et avoir un petit peu de contacts aussi.
Vous avez un modèle dans le cyclisme ?
Baptiste : J’aimais bien Tom Boonen et aujourd’hui j’aime bien Arnaud Démarre, d’ailleurs cet hiver je l’ai battu sur piste à l’élimination, donc c’était cool (rires).
Matthieu : Moi c’est Marc Cavendish.
Chacun votre tour, pouvez-vous nous parler des qualités de votre frère ?
Matthieu : C’est un sprinter, il est hargneux, il ne lâche rien.
Pour moi il fait partie des meilleurs français au niveau de la rapidité
Baptiste : Il est sprinter et il ne se laisse pas faire. Sur un vélo il est coriace et pour moi il fait partie des meilleurs français au niveau de la vitesse, il est très rapide.
Et les défauts ?
Matthieu : Trop de risques… il prend trop de risques sur le vélo.
Baptiste : Moi je pense qu’il ne se donne pas toujours à fond.
Qui grimpe le mieux ?
Matthieu : On a 4 ans d’écart mais je pense qu’il est un peu meilleur grimpeur quand même.
Baptiste : Selon le circuit et l’état de forme je peux passer les bosses, je ne suis pas lourd du tout pour un sprinter, je pèse 68 kilos.
Le plus puissant des deux ?
Matthieu : Je pense que c’est moi.
Baptiste : …oui peut être, moi j’attends qu’il arrive en junior pour voir combien il fait de watts (rire).
Matthieu : Mais c’est difficile de comparer avec 4 années d’écart.
Le plus explosif ?
Baptiste : Je pense que c’est Matthieu.
Le plus fort ?
Matthieu : Sur piste je pense que c’est moi, sur route je pense que c’est lui.
Baptiste : Oui, je pense aussi.
Le plus mauvais caractère ?
Baptiste : Matthieu.
Matthieu : Oui (rires).
Qui râle le plus ?
Baptiste : Matthieu
Matthieu : Oui c’est moi (rires).
Et le plus accro aux réseaux sociaux ?
Baptiste : Réseaux sociaux c’est moi.
Matthieu : Moi c’est les jeux vidéos !
En cette fin de saison, vous pourrez retrouver Baptiste lors de Paris-Connerré, du trophée des Champions ou encore sur Paris-Tours. Matthieu, lui, participera aux coupes de France des départements sur route et sur piste !
Propos recueillis par Quentin Ducrocq
Crédits photos DR