ATHLÉTISME : L’envol de William Aubatin (1/2)

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A son retour des Jeux Européens (21 – 30 juin) qui avaient lieu à Minsk, William Aubatin nous a consacré un long moment.

Après une première sélection en Equipe de France, et à l’aube d’une seconde qui l’attend en Pologne (9 – 11 août), le tout nouveau champion de France du Saut en Hauteur a déroulé avec nous son parcours. Dans cette première partie il évoque ses débuts, de la polyvalence à la spécialisation, détaille également sa relation avec son coach Jean-Paul Bourdon et se livre sur son quotidien de sportif de haut-niveau.

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On va donc en premier lieu parler de ta découverte de l’athlétisme. Tu te licencies tôt en club. Comment cela est arrivé et quels sont tes premiers souvenirs ?

L’athlétisme est venu à moi dans le sens où en 2005 on disait à ma mère que j’étais un enfant hyperactif et qu’il fallait que je fasse du sport pour me canaliser. A cette période on me proposait de jouer au football. Un intervenant scolaire venait nous faire pratiquer en cours et il m’avait proposé de poursuivre en club. A ce même moment mes meilleurs amis avaient commencé l’athlétisme. Il me disaient « c’est trop bien, on court pendant 15 minutes, on n’est même pas fatigués, on fait des relais à la fin ». On avait l’air de s’y amuser beaucoup. Je me suis donc dit qu’il fallait essayer les deux.

« Les amis qui m’avaient convaincu sont restés une année et moi je suis encore là »

Petit je jouais énormément au football, dès que j’avais du temps libre, en extra-scolaire. Dans la même semaine je découvre le football et l’athlétisme en club. Là tout de suite je ressens deux esprits différents. Au football l’entraîneur criait, haussait facilement le ton pour donner des consignes. A l’athlé j’avais l’impression que nous étiens plus libres, joyeux, c’était un peu plus « fun ». J’ai opté pour l’athlétisme. Mes parents m’ont suivi dans ce sens là. J’ai commencé comme ça. Les amis qui m’avaient convaincu sont restés une année et moi je suis encore là (rires).

Comme tous les jeunes tu touches alors à toutes les disciplines avant de découvrir le saut en hauteur…

Je devais être poussin, j’ai commencé par le moins drôle, les cross (rires). C’était une des seules choses obligatoires dans mon groupe. Comme je venais souvent à l’entraînement, un petit groupe s’est créé avec les plus assidus et on est parti avec les minimes. On a doucement glissé de l’amusement à la performance. Le groupe était sympa, on était six du même âge et on allait titiller les minimes. J’ai tout de suite aimé ce petit challenge, proposé par Christine Bougis.

Les années se succèdent, tu passes du CA Montreuil (2006-2010) au Beauvais OUC  (2012-2015) avant d’arriver à l’Amiens UC (2016). Tu continues à faire de tout en grandissant et tu t’essayes même un peu aux épreuves combinées.

A Montreuil on nous a appris à être polyvalent. Je crois que c’est important de l’être. Celui qui se spécialise très tôt, on peut difficilement lui apprendre autres choses techniquement par la suite.

« Il faut entretenir le plaisir de pratiquer »

Quand tu es polyvalent tu es ouvert aux changements, c’est beaucoup plus facile de modifier des choses. Cela fait du bien de souffler dans autre chose. C’est ce qu’il y a de bien à l’athlé, tu peux toujours t’exprimer dans une autre épreuve et voir que tu as progressé. Il faut entretenir le plaisir de pratiquer.

Le tournant de spécialisation véritable arrive en 2012 alors que tu rejoins Beauvais. C’est Yann Vaillant qui t’entraîne (spécialiste du saut en hauteur, record à 2 mètres 10, depuis devenu conseiller technique à la Ligue des Hauts-de-France). Comment prends-tu cette décision de te lancer pleinement dans la hauteur ?

J’ai toujours été intéressé par la hauteur mais je continuais de faire d’autres choses. En plus je n’avais pas le profil physique pour sauter haut. C’était depuis le départ la discipline qui me plaisait le plus, mais je n’y étais pas bon. J’étais petit, je faisais moins d’un mètre soixante à 15 ans. Quand je me suis spécialisé c’était pour me donner des chances.

Je commençais à me fixer des objectifs chiffrés, le premier c’était 1m56, c’était facile (rires). Je sentais qu’il y avait à apprendre. Je me suis dit « essaye d’aller le plus haut possible ». Je voulais me donner toutes les chances pour voir jusqu’où je pouvais aller. C’est avec Yann que j’ai repris la hauteur. Il m’a donné tous les outils nécessaires à ma progression. Il était là pour moi.

On peut encore te voir notamment sur 110 mètres Haies de temps en temps aux Interclubs pour dépanner. Il y a un petit manque parfois de ces épreuves de sprint ou de haies par lesquelles tu es passé ? 

Dire que ça ne me manque pas serait mentir, mais il n’y a pas de monotonie en hauteur. Parfois je me demande simplement, compte tenu de ma progression actuelle, ce que j’aurais pu faire sur les haies notamment mais aussi pour la longueur où je me plaisais beaucoup. 

« Je veux faire 2 mètres 20, 7 mètres en longueur et moins de 11′ au 100m »

J’ai un challenge : quand j’aurai arrêté l’athlétisme je veux avoir passé 2 mètres 20, passer les 7 mètres en longueur (6 mètres 67 en 2017) et courir le 100 mètres en dessous de 11 secondes (11″25 en 2016) (rires). J’ai réfléchis à ça à mon arrivée à l’Amiens Université Club.

Beaucoup doivent se demander comme se passe l’entraînement d’un sauteur en hauteur. Combien de fois t’entraînes-tu et comment ? 

En arrivant à l’AUC, j’ai commencé par 4 à 5 entraînements par semaine. A certaines périodes je faisais du bi-quotidien jusqu’à 10 entraînements hebdomadaires. Au fur et à mesure on est passé entre 5 à 7 séances. Le volume est variable mais on fait un vrai travail de qualité. Les semaines comprennent de la technique saut, des séances de musculation, des éducatifs orientés pour le saut en hauteur, et des séances où on couple plusieurs éléments. On fait toujours une orientation hauteur que ce soit de la course, de la musculation ou de la préparation physique générale.

« On a essayé de transformer mon physique pour m’adapter à la discipline »

Si je remonte à deux ou trois ans en arrière c’était plus général. Il y a quelques années je faisais 83 kilos, je ressemblais plus à un décathlonien qu’à un sauteur en hauteur. On a essayé de transformer mon physique pour m’adapter à la discipline. On a mis tous les moyens en place que ce soit avec Yann ou Jean-Paul (ndlr : Bourdon, son entraîneur actuel) pour que je ressemble à un sauteur en hauteur.

On parle beaucoup de la relation à l’entraîneur en ce moment. Comment cela se passe avec Jean-Paul Bourdon; qui t’accompagne maintenant depuis plusieurs années  ?

Je dirai que c’est incroyable. Jean-Paul c’est vraiment quelqu’un qui prend le temps d’écouter ses athlètes. Ce n’est pas le cas partout, j’ai pu le vivre ailleurs. Il s’assoit et il discute, il n’est pas le seul à parler. Il te laisse t’exprimer, dire ce que tu ressens. On a une fabuleuse relation entraîneur-entraîné. Il faut que ça fonctionne comme ça pour qu’il y ait cette envie de progresser, d’évoluer. Il ne me donne pas ce que je dois faire en arrivant au stade, c’est beaucoup plus que ça. Il y a vraiment une relation humaine.

« Il préfère que je sois autonome plutôt que je sois assisté »

Le gros du travail est fait à l’entraînement. En compétition on parle peu, il préfère que je sois autonome plutôt que je sois assisté. Son projet c’est vraiment que je fasse des compétitions internationales. Il m’a toujours dit que lorsque je serai sur des grosses compétitions il ne serait pas forcément présent ou pas forcément mon référent. « Tu n’entendras pas mes indications. Il faut que tu apprennes à te débrouiller sans moi ». On travaille beaucoup sur les repères, en fonctionnant à la sensation lors que je saute.

Il y aussi ce qui se passe en dehors. Est-ce-que tu considères que tu as évolué aussi en adaptant ton quotidien au delà de l’entraînement ?

Cela s’est fait progressivement ces dernières années. On est conscient que si l’on veut vraiment être performant il faut vraiment mettre toutes les chances de son côté. J’en parle parfois avec ma sœur (ndlr : Rebecca, triple-sauteuse de niveau national). Il faut manger correctement, bien dormir, s’hydrater régulièrement.

« Si on veut faire du haut-niveau on n’a pas le choix »

C’est avoir une bonne hygiène de vie. Je sais que quand je ne suis pas optimal là-dessus je ne peux pas m’attendre à faire de grandes choses ni à l’entraînement ni en compétitions. Si on veut faire du haut-niveau on n’a pas le choix, on fait au mieux pour que notre hygiène de vie soit bonne.

La deuxième partie de cet entretien sera à retrouver ce jeudi 1 août, à 17 heures, sur le site et sur la page Facebook de Gazettesports.

Entretien réalisé le 12 juillet 2019.

Propos recueillis par Vincent Guyot

Crédits Photos : CA Montreuil / Amiens UC / Yann Vaillant / GazetteSports – Kévin Devigne 

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Publié par La Rédaction

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