Deuxième partie de notre entretien avec Patrick Letellier, dans laquelle le Président de l’AHE revient sur sa première présidence, évoque un engouement différent et parle du nouveau logo.
Aujourd’hui en 2019, comment fonctionne le club en interne au quotidien ?
Il y a quatre personnes : Amélie Morim Wambre, commerciale; Elie Marcos, manager général; Christophe Moyon, responsable financier et administratif; et Gregory Poittevin à la billetterie. Quatre plus moi qui suis le retraité de la bande. Grenoble ils sont 10 et Rouen 9. On fait avec nos moyens et je trouve qu’avec les moyens que l’on a, on ne fait pas trop mal.
Il est important pour vous de renforcer cette structure ?
Une fois que l’on a des bases solides commerciales et sur l’organisation, on peut travailler sereinement. Si demain il faut prendre un 2ème commerciale, et je ne souhaite que ça, on prendra, idem pour un adjoint pour les opérations, on prendra. On organise les choses, il faut savoir que cette nouvelle organisation est récente, on va seulement attaquer notre 4ème année. Il fallait que les choses se mettent en place que l’on apprenne à fonctionner différemment. On a des bureaux que l’on n’avait pas avant, les gens ne se rendent peut être pas compte mais ça avance. Il y a toujours gens qui disent que l’on ne fait rien, que ce que l’on fait ce n’est pas bien, je ne sais même pas pourquoi ils viennent encore ces gens là ? Qu’ils aillent ailleurs, moi je n’ai pas de problème. Si c’est pour me faire laminer par 2-3 personnes…
« On est jugé en permanence, on veut des résultats tout de suite, on n’a pas le droit à l’erreur »
Voyez-vous de grandes différences entre vos deux présidences ?
En 2000, lorsque je suis arrivé pour ma première présidence, le contexte était totalement différent puisque nous étions derrière un dépôt de bilan. Je n’y connaissais rien au hockey et j’avais 30 000 euros à rembourser tous les ans. Dix-neuf ans ont passé depuis, c’est énorme, le monde a évolué, on n’avait pas de réseaux sociaux, on n’était pas dans les mêmes logiques. Mais moi, ça m’avait permis d’apprendre calmement ce métier, c’est d’ailleurs pour ça que les actionnaires m’ont demandé de revenir pour reprendre le truc. Mais c’est peut être un peu plus compliqué maintenant, car justement on est jugé en permanence, on veut des résultats tout de suite, on n’a pas le droit à l’erreur. Nous n’avons plus le soutien de certaines collectivités, on avait toute de même le département, c’est fini… Avant c’était 200 000 euros de leur part, qu’on répartissait ainsi : 140 000 pour nous et 60 000 pour l’amateur. Aujourd’hui ce ne sont plus « que » 16 000 euros pour le HCAS. Je ne discute pas, c’était surement pour eux ce qu’il fallait faire. Très sincèrement moi j’aimerais mieux vivre sans subventions des collectivités, alors là je serais le plus heureux des hommes. Pour le moment on n’y arrive pas, j’espère que l’on y arrivera un jour.
Et concernant le côté sportif ?
D’un point de vue sportif c’est également différent, nous avions une logique « franco-française » à l’époque, avec un entraîneur français : Antoine Richer. Quand on a gagné le titre en 2004 on avait un seul étranger dans l’équipe, et 8 ou 9 mecs de l’Equipe de France. Lors de ma première présidence on a eu la chance d’avoir un titre au bout de 4 ans, malgré tout ce que l’on devait payer chaque année. Mais il y avait un gros boulot à remettre en place, c’était très rock and roll la gestion ici à l’époque ! Quoi qu’il en soit je pense qu’il ne faut jamais être nostalgique du passé, moi je vois plutôt l’avenir.
L’engouement vous semble différent entre ces deux périodes à la tête du club ?
Je pense que nos partenaires ont changé également, c’est plus compliqué de les faire bouger aujourd’hui. Même le public c’est plus compliqué de le faire bouger. On le voit, je suis content de l’engouement lors du « final four » de coupe de France, mais on aurait pu avoir 1000 personnes de plus à Bercy franchement.
Il est également compliqué d’attirer des partenaires actuellement ?
Aujourd’hui la situation économique n’est pas exaltante, on a un club en Ligue 1 en face avec 5000 abonnés (ndlr : l’Amiens SC), ils ont 400 partenaires, j’ai des partenaires qui sont au foot et chez nous, donc c’est compliqué. Et puis, on est une ville de 180 000 habitants avec la métropole, on a un peu de mal à aller chercher des gens à l’extérieur. Il y a des sièges sociaux et des entreprises importantes qui n’investissent pas, prenons l’exemple d’Amazon qui ne met aucun centime dans le sport sur Amiens.
Quelque chose à beaucoup fait parler dernièrement : le changement de logo…
Alors le logo c’est très simple, il avait quelques années et ce n’est pas la première fois que l’on change un logo à Amiens. Le logo, je le rappelle, appartient au HCAS, à l’association. Donc nous (ndlr : l’AHE) on leur a proposé de changer le logo et ils ont dit oui. On sait aussi que l’an prochain la fédération voudrait que le logo des équipes se trouve au milieu des maillots, donc on voulait quelque chose de nouveau. Ensuite, on avait besoin de refaire notre gamme de merchandising, on devait déjà le faire il y a un an. Cette année, on l’a fait. On sait que ça ne plaira pas à tout le monde, comme il y en avait qui ne pouvaient plus supporter la gargouille.
« On veut tout faire comme en NHL […] sauf qu’il y a un seul truc qui nous manque : l’argent de la NHL »
Vous dîtes : « la Fédération voudrait que le logo des équipes se trouve au milieu des maillots », comme en NHL en somme ?
On veut tout faire comme en NHL, moi j’entends tous les mecs de marketing qui arrivent et qui veulent tout faire comme en NHL, sauf qu’il y a un seul truc qui nous manque : l’argent de la NHL. Quand on regarde les maillots de foot et de rugby, on y ajoute de plus en plus de sponsors et nous on voudrait un maillot avec un logo devant, un numéro et un nom derrière. Le foot ils ont de l’argent et ils vont quand même là dessus, nous on en n’a pas on veut plus rien sur le maillot… Ça se décide dans des bureaux avec des mecs de marketing, et nous au milieu on rame.
|| NOUVEAU LOGO ||
Le voici, tout neuf, tout propre, plus jeune, plus simple, une nouvelle identité.#wearegothiques #saison1920 pic.twitter.com/BvUea8xtjH— Les Gothiques (@LesGothiques) 18 juin 2019
Pour revenir au logo, comment s’est fait la conception ?
Il y a eu un groupe de travail entre le HCAS et AHE, on a regardé ce que l’on pouvait faire. La région avait pris l’ESAD pour faire le logo des Hauts de France, j’avais trouvé l’idée plutôt intéressante et je me suis dit : « on a une école qui est là avec des jeunes, on s’adresse à un public plutôt jeune, donc essayons ». On voulait faire un truc pour les 10 prochaines années et ce n’était pas inintéressant de faire travailler les jeunes. Ils ont travaillé avec 2 équipes, l’une sur un côté plutôt ancien et l’autre sur de nouvelles choses.
On a choisi la deuxième option, et dans la réflexion on garde le G et l’aile de la gargouille. Nous on est partis là dessus, les deux comités ont voté, et à l’unanimité ça a été accepté comme ça. On l’a aussi envoyé à la Société Dessaint qui est quand même habituée aux logos sur les maillots et tout le monde a validé.
Vous n’êtes pas sans savoir que ce nouveau logo a été critiqué…
Quelque chose n’est pas inintéressant, c’est que quelques fakenews soient sorties, bien reprises d’ailleurs, par des anciens… Notamment un montage qui était faux et qui insinuait que les mecs de l’ESAD étaient allés sur Word pour pomper le logo. Il faut être stupide pour dire ça et ne rien y connaître ! Le problème des réseaux c’est que c’est trop facile, on peut balancer un truc et le lendemain supprimer, mais la suspicion est quand même là. Je laisse passer mais c’est vrai qu’au bout d’un moment ça fatigue.
Propos recueillis par Quentin Ducrocq
Crédits photos Leandre Leber Gazettesports.fr
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