Michel Jazy qui a été l’immense champion des années 60 dans le monde de l’athlétisme, doit être bien malheureux. La mort de son vieil adversaire qui était devenu au fil du temps son ami, a dû lui procurer une grande tristesse.
Certes, on savait Michel Bernard bien malade, très affaibli même mais on espérait qu’avec l’énergie indomptable dont il avait fait preuve durant sa carrière, il allait pouvoir retarder l’issue fatale… Pour les sportifs de ces années 60, la rivalité entre Michel Jazy et Michel Bernard ressemblait à celle dans le cyclisme qui opposait Jacques Anquetil à Raymond Poulidor.
Michel Bernard était moins doué que Michel Jazy et surtout, il n’avait pas bénéficié des mêmes avantages. Pourtant, dans les grandes occasions, comme par exemple les Jeux Olympiques de Rome en 1960, Michel Bernard s’est littéralement sacrifié au profit de son adversaire mais qui ce jour là, portait le même maillot de l’équipe de France.
Dans cette finale royale que fut ce 1500m et qui reste encore à ce jour comme une des plus belles, Michel Bernard lança la course sur des bases très élevées et il joua à merveille le rôle de lièvre pour Michel Jazy. Mais ce jour là, l’Australien Herb Elliot était au-dessus du lot. Qu’importe, Jazy gagnait la médaille d’argent.
Par la suite, Michel Bernard a alterné la piste et le cross. Il n’a jamais cherché à s’économiser.
Le 30 janvier 1966, jeune correspondant du Courrier Picard, je « couvrais » les Interrégionaux de cross qui se déroulaient sur la piste détrempée de l’Hippodrome d’Amiens. A cette époque, le cross, c’était quelque chose et qui n’a plus rien à voir avec aujourd’hui. Michel Bernard avait alors 34 ans mais il surclassa tout le monde. Il était depuis toujours licencié au club d’Anzin.
Plus tard, il devint président de la Fédération française d’athlétisme de 1985 à 1987 mais on ne lui fit aucun cadeau.
Nous l’avons dit, athlète, il courait beaucoup et il lui arrivait de disputer deux cross dans la même journée. Ainsi, est-il venu une fois courir à Picquigny en 1967.
Michel Bernard fut un grand athlète et un dirigeant hors pair, attaché à l’essence même de son sport et de l’olympisme. Les dernières années de sa vie ont été pénibles car il a beaucoup souffert.
Voici une dizaine d’années, lors de l’hommage rendu à Michel Macquet, au cimetière du Crotoy, il n’avait pu effectuer le déplacement alors qu’Alain Mimoun, pourtant plus âgé était présent.
Avec Michel Bernard disparaît un des grands artisans de ce sport dans les années 60 comme le furent Alain Mimoun, Michel Macquet et ce grand entraîneur qu’était Robert Bobin.
Oui Michel Jazy que le CDOS de la Somme avait reçu l’an dernier, doit être bien triste aujourd’hui.
Lionel Herbet
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