Jean François Delassalle est sûrement celui qui connait le mieux les coureurs des 100Km et l’épreuve proprement dite. En tant que médecin et dirigeant, Il a côtoyé toutes les générations depuis les Claude Ansard, Chantal Langlacé, Joseph Tudo et Jacques Corbilllon.
Aujourd’hui, il est le mieux placé pour nous donner un avis sur cette épreuve à nulle autre pareille et surtout quel sera, pour lui, son avenir?
Dans un premier temps, Jean-François Delassalle est admiratif devant la performance du Belge Jan Vandekerchkove qui, après avoir connu une terrible défaillance l’an dernier, est revenu cette année en retenant la leçon et en s’imposant de façon magistrale. « Par rapport à l’an dernier, c’est fantastique ce qu’il a fait, souligne Jean-François Delassalle. Il a voulu vaincre le mauvais sort. Il a couru tout à l’envers de l’an dernier. Il a eu un départ prudent et a laissé ses principaux adversaires loin devant. Et sur le final, il est allé de plus en plus vite, a remonté ses adversaires et il a triomphé. Au niveau stratégique, il a fait l’inverse de l’an dernier. Il a tiré les leçons de son échec de l’an dernier et a été très intelligent ».
Pourtant, J.F. Delassalle reconnait que le niveau actuel est assez loin de celui de la grande époque, celle des années 80-90…
« Aujourd’hui, il est relativement rare d’avoir un coureur en moins de sept heures. Ce samedi, je pense que les deux ou trois premiers valent effectivement les 7 heures mais l’époque au cours de laquelle, on voyait des gars à 6h30- 6h45 est révolue. Un Claude Ansard avec le meilleur temps qu’il a réalisé dans sa carrière aurait gagné.
Pour Chantal Langlacé, c’est moins certain car la Hollandaise Irène Kinnegim a réussi un très bon temps de surcroît avec la chaleur. C’est remarquable et je pense qu’elle est dans le top 5 mondial. » précise le dirigeant du 100km.
Au fait, l’avenir des 100Km se trouve en Europe ou en Afrique? Jean-François Delassalle est formel. C’est l’Asie qui répond présent.
« En ce moment, le seul pays au monde qui possède des coureurs de grande qualité sur 100Km, c’est au Japon que nous les trouvons » Pourquoi? « L’argent tout simplement. Il n’est pas sûr que les meilleurs coureurs africains viennent sur 100Km. D’abord parce que ce genre d’épreuve ne nécessite pas les mêmes mécanismes physiologiques que le marathon ou le semi. C’est autre chose. Il y a aussi d’autres paramètres et surtout le mental. Vous ne verrez donc jamais de coureurs africains sur 100Km. Parce que sur 100Km, il y a très peu d’argent. Quand on voit les sommes qu’ils gagnent sur le marathon, ils n’ont vraiment pas intérêt à s’aligner sur 100Km. »
L’an prochain, ces 100Km de la Somme, compteront pour les championnats de France. Il n’y aura quasiment pas de changement sinon un peu plus de rigueur dans le cahier des charges.
« Le parcours sera le même que celui de cette année, conclut Jean François Delassalle. C’est un parcours performant si la météo est bonne. Et puis les conditions sont les mêmes pour tout le monde. A ces championnats de France, pourront participer des coureurs étrangers Cette année,nous avions trois membres de l’équipe de France. mais j’aimerai qu’un gars comme Bellanca qui a été trois fois champion de France, qui a gagné ici à Amiens et vaut 6h30-6h45 puisse revenir ».
Lionel HERBET
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