Invité du Débrief, l’émission de décryptage de l’actualité sportive de GazetteSports chaque lundi à 12h30 sur notre page Facebook, Ali Nouaour est revenu sur la finale de Coupe de France amateurs de volley-ball perdue par son équipe contre Saint-Jean-d’Illac (3-0), samedi dernier. Si l’entraîneur de l’Amiens MVB concède une déception légitime, il préfère retenir le positif induit par cette épopée.
Ali Nouaour, quel est votre sentiment deux jours après cette défaite ?
Il y a un petit peu de tout, forcément. On fait notre première finale, on joue contre Illac, on ne part pas forcément favori. On fait déjà une belle saison, on est qualifié en Coupe de France professionnelle. Comme je l’avais dit, j’aurais aimé cette petite cerise sur le gâteau, c’aurait été parfait. Malgré la défaite 3-0, qui paraît assez difficile à avaler, je pense qu’on a fait un bon match. Même si le parcours est beau et la journée belle, on se bat et on s’entraîne pour ramener des trophées. J’aurais aimé ramener ce trophée à Amiens pour les supporters qui sont venus nombreux et pour le club, aussi. Malheureusement, on a été en difficulté sur des fins de sets où on n’a pas su tenir le money time. On a vu Illac qui n’a jamais tremblé et qui a fait le match qu’il fallait. Il va falloir encore travailler pour que ce genre de défaut soit gommé l’année prochaine.
Pourtant, vous aviez bien entamé la partie…
Ce sont des choses qui sont encore aujourd’hui difficiles à comprendre parce que c’est vrai qu’on les tenait bien. Il y a un moment où il aurait fallu qu’on serre un peu plus le jeu, et on ne l’a pas fait. On n’a pas serré en réception, on n’a pas été bon en service flottant en fin de set. Au moment où on arrive en réception, la passe n’est pas forcément bonne donc les attaquants se débrouillent avec ce qu’ils ont. En face, on a une équipe qui a clairement annoncé son envie la montée en Ligue B, qui pointe deuxième au classement avec une phase aller comptant une seule défaite.
Ça n’est pas non plus une surprise de vous voir perdre en finale, Illac vous ayant déjà sanctionné deux fois en championnat (3-0)…
De toute façon, on avait clairement annoncé notre statut de Petit Poucet. On les a joués deux fois dans des conditions un petit peu compliquées. La première fois, je n’avais pas mes trois internationaux qui étaient bloqués pour la CAN et la deuxième fois avec un déplacement un peu compliqué. La consigne était donc de se faire plaisir, de faire plaisir aux supporters qui sont venus nous voir. Ce n’était pas à nous d’avoir la pression mais plus à eux. Après, c’est compliqué parce que le volley, ça va très, très vite.
Ce sont les détails qui séparent les équipes qui visent la montée et une équipe qui, comme vous, dispute les play-offs pour la première fois ?
Quand on fait un peu le résumé du club, on fait notre deuxième saison en Élite. L’année dernière, on avait loupé de très, très peu les play-offs. Cette année, on fait les play-offs. On était allé jusqu’en quart de finale de Coupe de France, cette année, on a fait la finale. Donc, on continue à progresser. On est dans un milieu amateur, on essaie de se professionnaliser en ramenant des joueurs de qualité. Je pense que c’est ce qu’on a fait. Maintenant, une équipe ça se construit. Il y a des équipes qui travaillent ensemble depuis trois, quatre ans. Nous, on est sur notre deuxième année. On va continuer à travailler, il y a des choses à régler. C’est normal, sinon ce serait trop facile d’être entraîneur de volley-ball, voire entraîneur, tout court. Il faut que chacun amène sa pierre à l’édifice. Je suis pour construire donc j’écouterai mes joueurs, savoir comment améliorer l’équipe. On peut avoir le sentiment qu’on a derrière quatre-vingt dix entraîneurs alors que c’est moi qui prépare le plan de match avec Jean-Patrice (Ndaki Mboulet) qui est entraîneur-adjoint. On prend des décisions, parfois elles sont bonnes, parfois elles sont mauvaises. Ce samedi-là, elles ont été moins bonnes, c’est comme ça. C’est le milieu du sport.
En tout cas, vous n’avez pas l’impression d’être passé à côté de l’événement ?
Je n’ai pas ce sentiment. J’ai eu des retours de l’entraîneur adverse et de personnes assez connues dans le volleyball après le match qui étaient bons. On a fait une belle prestation. On a eu un petit peu peur dans le troisième set où l’équipe s’est un peu désunie et Illac a pris le large en début de set mais on a resserré le jeu. Malheureusement, on a un petit peu fait le jeu du chat et de la souris et ça n’a pas suffi et derrière on a une équipe qui a su faire la différence.
D’autant qu’Illac semblait inépuisable alors que l’on trouvait chez vous des hauts et des bas…
Illac est une équipe très régulière. Ils sont deuxièmes au classement, ce n’est pas pour rien. Il fallait attendre cette petite faille, elle n’est pas arrivée. Ils n’ont jamais paniqué, toujours été sereins, sortent des défenses de nulle part. En Ligue B, cette équipe a sa place avec des joueurs de qualité. Maintenant, on va se concentrer sur la suite du championnat.
Justement, ne craignez-vous une petite décompression mentale pour vos joueurs ? Il y avait l’objectif de la Coupe qui les a motivés. Vous êtes en playoffs mais sans la possibilité de monter…
On se fixe toujours des objectifs. J’avais dit aux joueurs qu’on viserait le podium, on va devoir changer l’objectif. Donc, je n’espère pas (ndlr : la décompression). Même si en tant qu’entraîneur et même en tant que joueur, on a tendance à décompresser après un gros événement comme celui-ci. J’ai juste envie de dire que mes joueurs ont la chance de jouer de grosses équipes ainsi que de se faire voir au Coliseum, dans un très beau complexe, sans pression. J’espère qu’on ne jouera pas cette dernière partie de championnat en dilettante parce qu’il est hors de question de se dire qu’on est en vacances. On a un rôle à jouer vis-à-vis des adversaires, un rôle d’arbitre. C’est très important d’être présent sur cette phase.
Propos recueillis par Camille MARSIGLIA et Romain PECHON
Crédits photo : Bruno Vekeman