Les Aigles n’auront pas créé l’exploit. Mais l’exploit n’était-il pas déjà d’être en finale ? Pour la troisième fois de la saison, Saint-Jean-d’Illac n’a fait qu’une bouchée d’Amiens (3-0) même si les Picards ont su recoller au score et faire preuve d’agressivité à certains moments. Ce sont donc les Girondins qui succèdent à Mende, comme champions de France amateurs. L’Amiens MVB repart argenté, des souvenirs plein la tête et fier d’une saison, décidément, mémorable.
Ali Nouaour, l’entraîneur de l’AMVB, et le capitaine des Aigles, Jean-Patrice Ndaki Mboulet (auteur d’un gros match qu’il a su élever de son expérience), ont répondu à nos questions à la sortie de cette finale, au stade de Coubertin.
Quel sentiment domine ? La déception ou le contentement d’être arrivé jusqu’ici ?
Jean-Patrice Ndaki M’boulet : D’abord, on est content d’être là parce qu’une fois qu’on est là, on a déjà une médaille autour du cou. On a cherché l’or et on ne l’a pas pas eu. Avec cette médaille d’argent, on est content parce qu’on a travaillé et ça récompense ces efforts.
Ali Nouaour : Forcément, on est content. Venir jouer à Coubertin pour une finale en Coupe de France, en lever de rideau des équipes pros. Maintenant, en tant qu’entraîneur, on est toujours déçu parce qu’on avait préparé ce match. Même s’il y a un 3-0, je pense qu’il y a eu un beau combat.
Mais qu’a donc Illac de plus que vous ?
Jean-Patrice Ndaki M’boulet : De la régularité et plus de moyens bien sûr (rires). Ça se voit qu’ils s’entraînent un peu plus. C’est un effectif professionnel. Les heures d’entraînement qu’ils ont en plus de nous se ressentent sur le terrain. On essaie quand même de jouer avec les armes qu’on a, on met de l’envie. Des fois, ça passe, des fois, ça ne passe pas. Aujourd’hui, ça n’est pas passé. Je pense qu’on a bien joué mais ça n’était pas assez contre un adversaire plus fort que nous.
Ali Nouaour : Ça c’est malheureusement joué sur des petits détails dont celui qu’Illac qui n’a pas flanché. Au contraire, ils ne se sont jamais énervés. En réception, on a eu tendance à flotter ainsi qu’à la passe puis en attaque. Dans le monde du volley-ball, ça va très, très vite. Ça s’est vu. On a réussi à les accrocher. Au moment où ils prennent le large, on a su revenir mais il nous manquait une grinta pour passer devant. On n’a pas réussi à les faire douter et je le regrette.
Vous auriez pu faire mieux ou étiez-vous au maximum de vos capacités ?
Jean-Patrice Ndaki M’boulet : À froid, comme ça, je me dis qu’au milieu des sets on aurait pu passer devant et les mettre en difficulté, les faire douter. Mais on n’a pas su trouver les armes adéquates.
Ali Nouaour : J’ai insisté dans mon discours en disant qu’on avait des joueurs, comme Medhi qui avait fait une Champions League, une Coupe de France, comme Pat’ ou Didier qui ont fait la CAN. J’ai appuyé là-dessus en disant que sur ces matches-là, il fallait qu’on soit, nous, plus forts. Mais malheureusement, non, ils (ndlr : les Illacais) ont un calme olympien, ils ont douze bonhommes. Ça n’était pas forcément évident de trouver une petite faille, on le voit en championnat. On espérait la trouver et on l’a fait sur quelques points. On l’a pas trouvée sur un, deux, trois sets. Le résultat me semble logique mais j’aurais aimé qu’on se batte plus sur les fins de set. Ce sont eux qui nous condamnent. Ce sont nos vieux démons, on a du mal à franchir le cap quand on est ex-æquo. Le volley-ball, ça va très vite, on a le droit à un changement, deux temps morts, deux temps morts techniques.
Vous êtes vice-champions amateurs, en playoffs, la Coupe de France professionnelle vous attend l’an prochain : la saison est déjà magnifique, finalement.
Jean-Patrice Ndaki M’boulet : Oui ! Ça, c’est le travail. On a mis les objectifs assez haut cette année, et on les a atteint. Pour la plupart. On est assez satisfait de notre saison, même si elle n’est pas terminée.
Ali Nouaour : Il y aura un premier trophée dans l’ère « Élite », on va dire avec cette deuxième place. Il nous manque cette petite marche à franchir. Ce qui est chouette c’est qu’on a une Coupe de France Pro, l’année prochaine. On va essayer de faire quelque chose l’année prochaine, à Amiens. Maintenant, on va se reconcentrer sur le championnat, on va affronter Mende et puis, on va se faire plaisir. Cette idée-là a été respectée, aujourd’hui.
Il faut retenir ce jour comme une belle expérience, chanter La Marseillaise, jouer dans ce gymnase, devant tout ce public ?
Jean-Patrice Ndaki M’boulet : J’espère que les joueurs ont pris plaisir à être là. Pour moi, c’est ma deuxième finale perdue (ndlr : en 2006, Jean-Patrice Ndaki M’boulet participait, avec le RC Cannes, à la finale que Tours a remporté). Avec les pros, La Marseillaise, j’ai connu. Je leur ai dit : « profitez déjà du fait d’être là, ça n’arrive pas tous les jours. Il y en a qui en rêve et qui n’y arrive jamais. Profitez et on verra à la fin, ce qui arrivera. »
Ali Nouaour : Je suis content que des supporters soient venus aussi nombreux pour nous encourager, ils ont mis une bonne ambiance à Coubertin. Ça n’est pas forcément évident pour des finales d’amateurs. Pour le reste, le bilan est malgré tout positif. Maintenant, il faut digérer un peu ça et surtout aller féliciter les gars parce que, malgré tout, ils ont fait une beau parcours et on doit finir la belle saison.
Propos recueillis par Camille MARSIGLIA
Crédit photo : Bruno Vekeman
ASS SP Illacaise – Amiens Métropole Volley-Ball : 3-0 (25-20, 25-19, 25-21)
Samedi 8 mars, 14h30, Stade Pierre-de-Coubertin
Arbitres : Geoffrey BRASSART, Sebastien JACOB
Amiens MVB : Quadrone, Mbutngam, Krizanovic, Koffane, Ndaki Mboulet, Hachemi, Carrat, Sali Hilé, Mocanu, Gendron, Lemere, Valdenaire
Entraîneur : Ali Nouaour
ASS SP Illacaise : Bonon, Bozoki, Soundron, Raharison, Moulinier, Thésée, Ichard, Lortie, Rafidison, Fargier, Taghin, Salmon
Entraîneur : Anisse Guechou
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