Jamais une trêve internationale n’était aussi bien tombée. De Patrice Evra qui se prend pour Bruce Lee en expédiant un coup de pied à l’encontre d’un supporter marseillais jusqu’au chambrage de Nabil Fekir à l’égard du public du stade Geoffroy Guichard, le football français a vécu une semaine particulièrement agitée. D’autant plus qu’au milieu des dérives du football professionnel, le feuilleton Saint-André-Itancourt a connu un nouvel épisode digne d’une série B. I l hate this game.
Le mutin perd pied
A 36 ans, Patrice Evra ne cessera de nous surprendre. A l’origine de la mutinerie de Knysna, l’ancien capitaine de l’équipe de France clairement a franchi la ligne rouge en s’en prenant à un supporter, trop véhément à son égard il est vrai, jeudi dernier. S’il est vrai qu’il a cédé sous les insultes d’une frange d’imbéciles, le plus gros boulard du championnat de France a aussi provoqué sa chute. Indigent depuis son arrivée dans la cité phocéenne, l’ancien latéral gauche de Manchester United ne cesse de fanfaronner sur les réseaux sociaux. Au rayon de ses nombreuses provocations, il était notamment apparu particulièrement joyeux sur son compte Instagram au lendemain de la fessée reçue par son équipe à Monaco (6-1, le 27 août). Un comportement en complet décalage avec l’état d’esprit régnant autour d’un club alors au bord de la crise.
En réalité, les origines de cet incident couvaient depuis plusieurs semaines. S’il était bien la cible privilégiée des critiques, le natif de Dakar n’a pas été le seul à être vilipendé voire insulté, jeudi soir. Or, il a bien été le seul à dégoupiller, à perdre ses nerfs. Impardonnable pour un joueur de son expérience. Aveuglé quant à son niveau actuel, Patrice Evra s’est également permis de se plaindre de son temps de jeu dans la presse locale. En coulisses, il négociait même son départ au prochain mercato hivernal. Celui-ci devrait être rapidement acté au regard de son dernier « coup d’éclat ».
Une provocation malvenue
En parlant de coup d’éclat, un autre international tricolore a brillé d’une toute autre manière, le week-end dernier. Auteur d’un doublé dans le « derby rhônalpin », Nabil Fekir a ébloui la rencontre de tout son talent. Avec onze buts et trois passes décisives depuis le début de la saison, le Lyonnais est de retour au premier plan. Ciblé durant toute la rencontre, le meneur de jeu rhodanien a même failli voir son match s’arrêter brutalement après l’attentat de Leo Lacroix, peu avant l’heure de jeu. Expulsé, le défenseur des Verts a ainsi laissé son équipe poursuivre son chemin de croix en infériorité numérique. Et, comme un symbole, la débâcle stéphanoise a finalement été ponctuée par un ultime but de… Nabil Fekir. Irréprochable jusqu’ici, le numéro 18 de l’OL a alors eu un juste bien malencontreux.
Alors que la fête était totale pour l’OL et la raclée historique pour l’ASSE, Fekir s’est permis d’aller chambrer le kop nord de Geoffroy Guichard en exhibant son maillot, à l’instar de Lionel Messi ou Cristiano Ronaldo dans le classique espagnol. Le problème est que l’atmosphère autour du « derby rhônalpin » est électrique depuis plusieurs saisons. Entre les attentats de Ferri et Tolisso respectivement à l’égard de Lemoine et Béric, l’écharpe de Joël Bats ou bien encore la descente de supporters stéphanois pour aller saccager le mariage d’un prétendu supporter de Lyon, les dérapages n’ont cessé de se multiplier. Ce nouvel incident était finalement celui de trop, la goutte d’eau qui a fait déborder un vase déjà porté à ébullition au début de la rencontre avec le craquage de nombreux fumigènes dans le camp stéphanois.
Le problème est que la polémique n’est pas près de s’arrêter si on se fie à l’huile jetée sur le feu par Jean-Michel Aulas après la rencontre. Coutumier du fait, le président de l’OL s’est permis de chambrer, lui aussi, son meilleur ennemi. Tempéré dans un premier temps, Bruno Genesio lui a ensuite emboîté le pas en zone mixte en défendant son joueur. S’il est vrai que Nabil Fekir avait le droit de célébrer son but et que le comportement des supporters stéphanois est répréhensible, cet acte de chambrage ne s’avérait guère indispensable. La correction infligée par Lyon sur le terrain se suffisait à elle-même.
Un imbroglio inqualifiable
Le terrain justement, revenons-y. Arrêtée à la 22e minute, pour cause de menaces et de crachats à l’encontre d’un arbitre-assistant, la rencontre Saint-André-lez-Lille-Itancourt, comptant pour le 6e tour de la Coupe de France, avait été arrêtée le dimanche 22 octobre dernier. Alors que le club axonais pensait se qualifier sur tapis vert, la commission de discipline de la Ligue des Hauts-de-France a, en définitive, décidé de reprogrammer la rencontre, ce dimanche 5 novembre. Une décision s’appuyant sur le fait que l’arbitre-assistant aurait eu une attente provocante à l’égard des supporters de Saint-André. « Ce supporter n’est peut-être pas le seul responsable de cette altercation. Des gens m’ont rapporté que l’arbitre-assistant a aussi été provocant de son côté. Des témoignages extérieurs incriminent plutôt la réaction de cet arbitre », a confié Damien Houzet, le président du club nordiste, au quotidien La Voix du Nord.
Bien que l’assistant incriminé semble avoir fait amende honorable en commission de discipline, reste à savoir si la décision aurait été identique si l’incident avait concerné le club picard… Rejouée, la rencontre a tourné en faveur d’Itancourt, auteur de l’unique but de la rencontre à la 83e minute de jeu. Le problème est que la qualification des Itancourtois n’est pas encore assurée. Défait, le club nordiste – qui a terminé la rencontre à neuf contre onze – a déposé une réserve et fait appel auprès du CNOSF. En cause, le fait que la rencontre ait repris à la 22e minute de jeu, minute à laquelle elle avait été arrêté le 22 octobre dernier. Or, les Nordistes considèrent que la rencontre aurait dû reprendre à la première minute de jeu.
Si la ligne de défense s’entend, les dirigeants de Saint-André-lez-Lille n’étaient-ils pas au courant du protocole de reprise à l’issue de la commission de discipline ? Ces derniers auraient-ils porté réclamation en cas de qualification ? En attendant, l’imbroglio continue alors que Lille Fives attend son adversaire pour une rencontre qui doit se dérouler… dimanche prochain. Pathétique.
Romain PECHON
Crédits photo : ZM / Panoramic