FOOTBALL : Guessouma Fofana, au nom du frère

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FOOTBALL : Guessouma Fofana, au nom du frère

A l’instar de nombreux joueurs de l’effectif de l’Amiens SC et près de six ans après son frère ainé, Guessouma Fofana va disputer son premier match en Ligue 1 face au Paris Saint-Germain, ce samedi (1ère journée de Ligue 1). Un moment que le natif du Havre attend avec impatience mais aussi beaucoup de tranquillité. Entretien.

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Quel est votre sentiment au moment de disputer votre premier match en Ligue 1 ?

Nous arrivons dans la cour des grands. On va être nombreux à découvrir l’élite et à défier pour la première fois des équipes taillées pour jouer l’Europe. Je ne connais pas bien ce championnat mais je pense que nous sommes suffisamment armés pour pouvoir nous battre et une nouvelle fois déjouer les pronostics. Nous allons tout mettre en œuvre pour y rester et ne pas uniquement y faire un simple passage. L’objectif est de se maintenir et, par la suite, de pérenniser le club dans ce championnat.

Qu’est-ce que cela change pour vous ?

C’est la première fois dans son histoire que le club va évoluer en Ligue 1, c’est une grande satisfaction et un honneur de faire partie du groupe qui va disputer pour la première fois une saison dans ce grand championnat. Il y a une certaine pression mais il faut tout faire pour que celle-ci soit positive. Les rapports de force seront beaucoup plus élevés qu’en Ligue 2, il faudra faire en sorte de remporter le plus de batailles possibles. La régularité fera la différence et peut nous permettre d’avoir le dernier mot.

Vous allez être le « Petit Poucet » aux yeux du grand public…

Nous avons le plus petit budget du championnat et même si nous sommes le Petit Poucet, nous n’allons pas nous poser en victime. Sur 90 minutes, tout est possible et nous pouvons même créer l’exploit.

Quel est le principal danger pour l’Amiens SC ?

De se faire prendre par l’engouement que suscite ce championnat. Il faudra se montrer très fort mentalement, continuer à faire les efforts à onze et ne pas vouloir faire la différence individuellement. Il faudra aussi se méfier de ce qui peut se dire sur nous et de ce que l’on pourra lire sur les réseaux sociaux. La caisse de résonnance est bien plus grande et nous allons être jugés comme des joueurs de Ligue 1. Il faudra donc faire attention à ne pas être déstabiliser par cela. Amiens doit rester un club familial et conserver la recette qui a fait son succès jusqu’ici.

Ce match face au Paris Saint-Germain, vous n’auriez pu ne jamais le disputer…

En deux ans, j’ai fait le grand bond entre le CFA et la Ligue 1. C’est le fruit d’un immense travail, c’est la raison pour laquelle il ne faut pas aborder ce match avec la moindre pression. Jouer Paris au Parc des Princes, c’est avant tout du bonus ! J’ai failli arrêter le football après mon passage à Boulogne-sur-Mer. Le courant n’est pas passé avec l’entraîneur, j’étais venu pour jouer en National et je me retrouvais avec le groupe de CFA2. J’avais l’impression de marcher à reculons, j’ai donc fait le choix de rentrer chez moi (ndlr : au Havre).

Comment avez-vous rebondi ?

Je suis resté pendant près d’un an sans jouer, c’était une grosse période de doute. La routine s’est installée, on se lève et on se couche tard, il n’y a aucune entrée d’argent. Je n’avais aucune perspective, j’avais mon bac mais les études ne me donnaient pas vraiment envie. Mon frère (ndlr : Gueida), qui jouait à l’Olympique Lyonnais à l’époque, m’a proposé de venir faire les entraînements à Lyon-Duchère afin de casser cette mauvaise routine. Je n’avais plus rien à perdre. A la suite de cette semaine à Tignes, le club m’a fait une proposition que j’ai rejetée dans un premier temps. Il a fallu que mon frère me mette un coup de boost pour accepter ce nouveau challenge. Un an après je signais à l’Amiens SC.

On peut donc dire que votre frère est à l’origine de votre renaissance…

Effectivement, je n’ai pas honte de le dire, c’est grâce à lui si j’en suis là aujourd’hui. Il m’a redonné goût au football au moment où je voulais arrêter définitivement ma carrière. A part lui, personne n’aurait pu me faire changer d’avis. Il a su me convaincre et il a toujours été derrière moi depuis ma signature à Lyon-Duchère. C’est grâce à cet épisode et son intervention que j’ai ce mental aujourd’hui. Je lui dois beaucoup de choses.

Gueïda ayant dû mettre un terme à sa carrière, vous n’aurez jamais l’occasion de jouer contre lui…

C’est un regret de ne jamais avoir pu jouer contre ou même avec lui. Il a toujours eu un temps d’avance sur moi, nous n’avons donc jamais pu jouer ensemble. Maintenant, je me dis que c’était peut-être un signe du destin et un mal pour un bien. Au moment où il doit stopper sa carrière, il a – en quelque sorte – lancé la mienne. On peut le voir comme un passage de relai entre nous deux.

Peut-on dire que vous jouez également pour votre frère ?

Je pense tout le temps à lui. Sur un terrain, je ne me bats par moi, je me bats pour mon club, mon équipe mais aussi, et surtout, pour ma famille. Je n’oublie jamais les conseils que mon frère et mon père peuvent me donner. Je n’oublie pas la chance que j’aie de pouvoir jouer alors que d’autres ont dû arrêter pour cause de blessure ou encore d’arrêt cardiaque. Je n’ai pas le droit de gâcher ces moments alors que j’ai la chance de les vivre. Il faut aborder chaque match comme si c’était le dernier.

Gueïda sera-t-il au Parc des Princes, samedi ?

Je ne pense pas. Ce n’est pas vraiment son truc d’aller au stade. Par contre, j’ai la certitude qu’il regardera le match.

N’ayant pas eu une carrière linéaire, savourez-vous davantage la chance de jouer un match de Ligue 1 au Parc des Princes ?

J’ai conscience que tout peut aller très vite dans la vie. Cela a été très vite dans le bon sens en deux ans mais je peux très bien me retrouver au chômage dans deux ou trois ans. Il faut donc prendre un certain recul et se dire que j’ai eu ma méthode pour y arriver – différente du cursus traditionnel avec le centre de formation au cœur de la progression – et qu’il faut la conserver pour continuer à progresser. Le danger serait de changer et de ne pas continuer à travailler.

Propos recueillis par Romain PECHON

 

Publié par La Rédaction

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