FOOTBALL – Christophe Pelissier : « Remplacer Tinhan par un élément de niveau égal voire supérieur »
Quelques jours après avoir perdu son meilleur buteur, Christophe Pelissier a livré son opinion sur le départ de Jonathan Tinhan à l’ESTAC. Conscient d’avoir perdu un élément moteur, aussi bien sur le terrain qu’au sein du vestiaire, le technicien amiénois ne perd pas de vue que la priorité est désormais de trouver le joueur qui aura la lourde tâche de le remplacer. D’autant plus qu’il pourrait être rapidement confronté à un autre départ, celui de Guessouma Fofana plus que jamais annoncé en Angleterre. De quoi vivre des jours particulièrement stressants d’ici au 31 janvier, date de clôture du mercato hivernal.
Avez-vous peur que le départ de Jonathan Tinhan perturbe le groupe ?
C’est un départ malheureux, c’est un garçon qui était performant sur le terrain et important dans le vestiaire. C’était un joueur très apprécié par l’ensemble du groupe. Nous avons pu échanger avant son départ mais c’est la réalité du football. Le joueur avait des aspirations bien précises et de son côté le club ne peut pas répondre à toutes les demandes qui lui sont formulées. Il y a un équilibre financier à maintenir.
En tant qu’entraîneur, regrettez-vous ce départ ?
Je souhaitais conserver le groupe à ma disposition et le renforcer avec deux joueurs supplémentaires. Nous regrettons toujours le départ d’un joueur important. Maintenant, nous allons tourner la page et recruter plusieurs joueurs, dont un attaquant qui va venir remplacer Jonathan. Il faut aussi faire attention à ne pas recruter uniquement pour remplacer quelqu’un, il faut que le joueur apporte quelque chose. Nous avons ciblé des joueurs, maintenant il faut que les négociations aboutissent. J’espère en savoir plus d’ici lundi, nous n’avons pas dormi en attendant un hypothétique départ.
Cela devient urgent de recruter…
Je me retrouve simplement avec Aboubakar (ndlr : Kamara), plus Yannick (ndlr : Mamilonne) qui n’est pas encore prêt. Il y a donc urgence sans vraiment avoir urgence puisque Kamara est capable d’aligner les performances. Cependant, nous ne pouvons pas faire une demi-saison avec un seul attaquant. Il y aura donc nécessairement l’arrivée d’un attaquant cet hiver.
Craignez-vous d’autres départs ?
Lorsque l’on est entraîneur, nous tremblons jusqu’au 31 janvier. Je ne peux pas dire aujourd’hui que je ne crains pas d’autres départs. C’est un peu le revers de la médaille d’une bonne première partie de championnat. Les joueurs se montrent et suscitent les sollicitations des autres clubs. Il doit tout de même avoir un équilibre au niveau du club entre la gestion financière, qui est importante, et aussi une gestion sportive à laquelle il faut prêter attention. Le départ de Jonathan n’était pas prévu en quelque sorte, je souhaite qu’il n’y en ait aucun autre.
L’entraîneur a un droit de veto ?
Il ne faut pas le dire de la sorte. Il y a une discussion entre toutes les composantes du club et avec le joueur afin de trouver la meilleure solution. En ce qui concerne Jonathan, il était parti dans sa tête depuis le mois de novembre. Il s’était mis d’accord avec Troyes dès le mois de décembre, il n’attendait plus qu’un accord entre les clubs. Il y a des éléments en prendre en compte, quand le joueur est en fin de contrat, ce n’est pas forcément pertinent de le conserver contraint et forcé. Nous n’avons pas pu nous aligner sur la proposition faite par l’ESTAC. Ce qui m’a été dit c’est qu’entre les représentants de Jonathan et le club, il n’y a pas pu y avoir d’accord.
Il souhaitait pourtant rester à l’Amiens SC…
Le joueur souhaitait rester et je désirais le garder. Mais que ce soit le joueur ou l’entraîneur, nous sommes soumis à des choses que nous ne maîtrisons pas à 100%. L’institution est plus forte que tout. Les joueurs et les entraîneurs sont de passage dans un club. Entre ce que l’on peut souhaiter et la réalité des événements, il y a toujours une différence. Il ne faut pas dire que Jonathan a été vendu. Il a bien résumé la situation en disant que les trois parties ont été gagnantes à la fin. S’il ne partait pas cet hiver, il était clair qu’il serait parti libre au mois de mai. C’est malheureusement la réalité du football. Nous perdons Jonathan et c’est réellement une grosse perte mais il faut désormais s’atteler à bien le remplacer. Il avait mis la barre haute aussi bien en tant que joueur qu’en tant qu’homme. Il faudra donc le remplacer par un élément de niveau égal voire supérieur.
Le club ne serait pas confronté à ce genre de problème s’il n’avait pas réalisé une si bonne première partie de championnat…
Il y a effectivement d’autres clubs qui ont moins de difficultés que nous durant ce mercato. Il ne faut pas oublier que nous sommes un petit promu qui arrive dans la cour des grands. J’espère que, d’ici peu, nous serons en mesure d’attaquer les autres de la même manière. En attendant, je vais trembler jusqu’au 31 janvier.
Cette période de transfert en plein milieu de la saison complexifie votre tâche au quotidien…
Je demande aux joueurs d’en faire abstraction au quotidien. Les séances de Jonathan la semaine avant son départ ne laissaient pas présager qu’il allait partir. Il était investi et celui qui n’aura pas cette attitude s’écartera automatiquement du collectif. Si certains joueurs sont sollicités, c’est aussi grâce au travail de tout un collectif.
Propos recueillis par Romain PECHON