FOOTBALL : La belle histoire de Solal Pelmard-Bassi
Nous l’avions rencontré une première fois au tout début de cette saison car il avait été appelé par Patrice Descamps à disputer une mi-temps d’une rencontre dite de préparation. La première impression que nous avions retirée était que nous avions affaire à un garçon qui sortait de l’ordinaire.
Et puis samedi dernier, le hasard a fait que ce garçon, répondant au prénom de Solal et au nom de Pelmard-Bassi, figurait dans le groupe amiénois qui, au stade Moulonguet, était opposé à Marck pour le compte du championnat de CFA 2. Le gardien titulaire était Gauthier Banaziak et on le sait, il existe vraiment peu de chances pour qu’un gardien remplaçant soit appelé à jouer.
Sauf à deux exceptions : que le titulaire se blesse ou qu’il soit expulsé par l’arbitre. Et c’est ce qui est arrivé, juste avant la mi-temps. Banaziak qui était sorti de sa zone et qui tentait de récupérer le ballon, s’est heurté avec un attaquant adverse qui a bien joué le coup, en s’écroulant au sol, ce qui a surement influencé l’arbitre. Ce dernier n’hésitait pas : il brandissait le carton rouge et le malheureux Banaziak regagnait le vestiaire.
De l’autre côté du terrain, sur le banc de touche, Solal Pelmard-Bassi n’a pas eu le temps de cogiter. Il a retiré le maillot de survêtement et il a fait son entrée sur le terrain. Même pas le temps de toucher le ballon puisqu’il s’agissait d’un coup franc en faveur de Marck. La suite, on la connaît. Les Amiénois ont réussi une belle deuxième période et surtout, ils ont déployé des trésors d’énergie pour conserver ce but d’avance.
Dans ses buts, Solal a fait ce qu’il fallait et il a conservé sa cage inviolée. Ainsi donc pour son premier match en CFA 2, Solal prouvait qu’on pouvait lui faire confiance. Dans le vestiaire après qu’il ait satisfait au rite de la victoire et des chants, Solal s’est présenté. Et ma foi, ce garçon vaut le détour, ne serait-ce que par ses racines. « Si je suis né dans la région parisienne, mon papa est guadeloupéen et ma maman italienne. J’ai commencé très tôt à jouer au foot dans le club de Saran, précise-t-il. J’avais cinq ans. Ensuite, je suis parti au Paris FC durant onze saisons. La fin s’est mal passée dans ce club et je suis allé ensuite à Meudon. J’avais un agent qui m’a proposé d’aller au Havre où j’ai intégré le centre de formation. Je ne peux pas dire que cela a été une réussite. »
« J’ai alors écrit à Amiens afin d’y faire un essai. Je suis resté deux fois trois jours. Cela a été concluant et je ne me suis pas posé de questions. » Depuis le début de cette saison, Solal évoluait le plus souvent avec les U19 de Teddy Bertin. « Je travaille chaque jour à l’entrainement, le plus sérieusement possible. Je vis au centre de formation mais j’ai arrêté les études. J’ai eu mon BAC cet été. J’ai passé un deal avec mes parents. Ils connaissent ma passion pour le foot et je veux réussir. Je veux me consacrer essentiellement au foot et ne pas penser à autre chose. Mais si par malheur, cela ne marchait pas, j’ai toujours mon BAC en poche et je pourrais alors reprendre mes études. »
Solal revient évidemment sur cette mi-temps qu’il a jouée contre Marck : « C’est un fait de jeu. Le coach nous dit souvent qu’à n’importe quel moment du match, les remplaçants doivent être prêts à entrer en jeu. Il faut toujours être concentrés, analyser le match. Je ne me suis pas posé de questions. J’ai mis mes gants. C’était un moment déterminant car c’était un coup franc pour Marck qui pouvait très bien égaliser, commente-t-il. Franchement, à 10, nous avons très bien joué et surtout, on ne s’est pas aperçu que nous étions en infériorité. Nous avons affiché des valeurs et un vrai esprit d’équipe. »
Et Solal de conclure : « Depuis le début de saison, même si je joue avec les U 19, je m’entraine avec la CFA 2. Je ne lâche rien. Je vais continuer à travailler car en venant ici, j’ai un projet personnel. »
Dans une semaine, Banaziak purgera son match automatique de suspension. L’ASC (B) jouera le derby à Ailly-sur-Somme. « J’espère que le coach me fera confiance, conclut Solal. Mais si tel n’était pas le cas, je jouerais avec les U19 et m’entrainerais encore plus ».
Lionel Herbet