BOXE : Ouissam Hattab, une revanche sur la vie

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BOXE : Ouissam Hattab, une revanche sur la vie

A l’occasion du championnat du monde W.B.F des super-légers opposant Christopher Sebire à Martin Antonio Coggi, ce samedi 22 octobre au cirque d’Amiens, les spectateurs pourront découvrir en préambule un autre pensionnaire de l’Amiénois Boxing Club, Ouissam Hattab, pour le compte de son premier combat chez les professionnels. Un boxeur au parcours bien singulier et à la personnalité particulièrement attachante.

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Un destin endeuillé

Ouissam Hattab, dont le père était lui-même boxeur, a commencé le noble art très tôt au club de boxe anglaise d’Amiens. Très présent lors des combats de son fils, ce dernier définissait son propre père comme un « deuxième coach » après Jérôme Fouache. Mais, à l’âge de 17 ans, lors d’un gala à Guise, Hoummad Hattab est touché d’une crise cardiaque pendant le combat de son fils. Malgré la perte très douloureuse de ce dernier, Ouissam décide de poursuivre la boxe pendant quelques années.

Il y a environ cinq ans, à l’instar de son frère, Adil, quelques années plus tôt, Ouissam décide de claquer la porte de l’Amiénois Boxing Club et de se consacrer, dès lors, à la création de sa propre marque de vêtements, Hattab 1949. Un choix loin d’être anodin puisqu’à son nom de famille est apposé l’année de naissance de son père. Un moyen de rendre hommage à celui-ci décédé à l’âge de 56 ans. Un projet personnel concrétisait l’an dernier par l’ouverture de sa boutique de vêtements, TeeTime, 7 rue Flatters à Amiens.

Un parcours atypique

Particulièrement actif durant son break avec la boxe, Ouissam Hattab a également écrit un livre, Sur le ring de la vie, ouvrage dans lequel il retrace la vie d’un jeune boxeur, couchant ainsi sur papier sa propre histoire.  Une certaine revanche sur le destin pour cet homme qui n’a pas été épargné par la vie et qui a appris à lire seul à l’âge de 15 ans par le biais de sa console de jeu. « Je jouais à des jeux en anglais sous-titrés, j’étais donc obligé de lire », confie-t-il.

De ce projet, il espère ainsi pouvoir intervenir dans des lycées pour parler de son parcours atypique, marqué par des études en maçonnerie et carrosserie qui ne lui plaisaient pas, sans pour autant avoir eu raison de ses rêves de « business » qu’il est finalement parvenu à atteindre. Démontrant ainsi que si le chemin est parfois tortueux et semé d’embuches, nul ne doit abandonner ses rêves. « Je me demande si mon père est fier de moi. Je pense que parfois il n’a pas été fier de moi car j’ai fait des conneries, mais aujourd’hui je pense qu’il est fier de moi. »

Un nouveau départ

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Cette année, Ouissam Hattab a décidé de reprendre contact avec Jérôme Fouache et de remettre les gants, c’est ainsi qu’il a signé pour une première licence professionnelle. Cinq ans après son dernier combat amateur, il se prépare alors à remonter sur le ring. C’est pour lui un rêve que de disputer un combat professionnel surtout au cirque d’Amiens, ce combat c’est aussi pour son père qui le dispute. Ce dernier aurait tellement aimé le voir évoluer dans ce lieu mythique, qu’Ouissam a saisi sa chance immédiatement. Il a alors mis toutes les chances de son côté pour gagner ce combat.

Une préparation sans failles pendant quatre mois durant. Des entraînements avec Jérôme Fouache mais aussi avec un préparateur mental et physique, Ahmed. « J’ai surtout travaillé le mental, c’est ce qui me manquait, précise Hattab.  Je travaillais comme si c’était les dix dernières secondes du combat pendant les entraînements. » Il a su faire des sacrifices pendant la préparation, un entraînement avant d’aller tenir sa boutique le matin et un autre le soir après sa journée de travail, des week-ends à la campagne chez ses beaux-parents, loin de toutes les tentations de sorties.

Des entraînements même durant ses vacances, la boxe est au cœur de sa vie depuis son choix de boxer chez les professionnels. Aucun écart d’un point de vue alimentaire : « Je n’ai pas voulu mettre de mauvaises toxines dans mon corps », rapporte-t-il.  C’est ainsi que le boxeur de l’Amiénois Boxing Club est au poids depuis début octobre, ce qui lui retire un certain stress pour la fin de sa préparation. « Je n’ai jamais été aussi impatient de ma vie. »

Un homme apaisé

Cette dernière semaine, l’Amiénois a éprouvé une certaine impatience à l’idée de monter sur le ring pour enfin montrer ce qu’il vaut. « Certains ne m’ont pas fait confiance à mon retour, je les comprends, je ne leur en veux même pas, à leur place j’aurais certainement fait pareil, concède Ouissam Hattab. J’avais pris dix kilos, cela faisait cinq ans que je ne boxais pas. » Il avoue avoir acquis une certaine maturité ces dernières années et ce futur papa est beaucoup plus calme et posé désormais.

Après le combat de samedi, le néo-professionnel aspire à de nouveaux objectifs, un combat si possible fin novembre après un bon mois de récupération. Il rêve également de rendre hommage à son père en réalisant un combat à Guise et un autre au Maroc, lieu où son père est enterré. Il ne rêve pas de ceintures mais juste de rendre fier son père.  « Après le combat, je serai un autre homme, moins crispé, plus ouvert car j’aurais l’impression d’avoir accompli quelque chose pour mon père. Ma vie aura changé car j’aurais fait une partie de mon deuil. Je serai heureux car j’aurais rendu hommage à mon père. On a tous des rêves, il faut les réaliser, il ne faut pas réfléchir. »

Ce samedi soir, en remontant sur le ring, Ouissam Hattab va ainsi clore un chapitre et écrire une nouvelle page de son histoire personnelle. « Mon avenir ce n’est pas la boxe, c’est un bonus, un loisir. » Un loisir, certes, mais un loisir indissociable de l’homme qu’il est et qui, selon ses propres termes, lui permettra de prouver au plus grand nombre que « le travail paie toujours ». En attendant de savoir quel sera son avenir dans le monde de la boxe, Ouissam Hattab entend bien profiter de la chance qui lui est donnée. « Un combat au cirque, à la maison, avec un championnat du monde c’est génial ! » Ne reste plus qu’à l’emporter pour rendre cette histoire plus belle qu’elle ne l’est déjà.

Stéphanie BRUMTER

Publié par La Rédaction

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