Stéphane Houdet le numéro 2 mondial est revenu en Baie de Somme pour disputé les Masters de Picardie. Battu en demie-finale, il fut licencié avant les Jeux Paralympiques de Pékin en 2008 au TC Rue-Le Crotoy. Il revient sur sa participation …
Vous êtes revenu en Baie de Somme après avoir été licencié dans ce club, pour vous c’était normal d’être ici ?
« Oui tout à fait. Je m’étais engagé après les jeux de Pékin à soutenir, être plus ou moins parrain du tournoi et faire en sorte que le top 10 s’y présente. Le fait que je soit partie comme je le disais à l’époque, ça concernait une semaine par an, parce que dans cette semaine je jouais pour un autre club. Mais on se retrouvait tous ensemble et on continue à prendre plaisir à se retrouver avec les meilleurs joueurs du monde presque à la maison. »
Quelle est l’importance de ce tournoi pour un joueur en fauteuil ?
« Il y a un circuit annuel pour les joueurs, pour les meilleurs du monde qui fait qu’on va chercher des points d’abords dans les Grands Chelems, ensuite dans les Super Séries et ensuite dans les ITF I. L’open de la Baie de Somme est un ITF I, ils ont une troisième catégorie si on prend les meilleurs tournois. On vient tous chercher des points, il y a 325 ou 335 points à prendre selon les ITF 1. C’est une année de préparation pour les Jeux Paralympique de Rio, on est tous à la chasse aux points. »
Est-ce votre objectif une médaille d’or sur cette prochaine olympiade ?
« Après c’est toujours pareil, les objectifs ils sont mieux en terme non pas de résultats mais d’engagement. De dire si je continue à bien jouer, je pourrais me retrouver dans la position de jouer des finales en simple et en double à Rio. C’est ce qui permet toute l’année de se lever pour réaliser ses objectifs. C’est mieux que de se dire : je vise une médaille d’or où on est lié à un résultats qu’à des actions, quant on joue bien on gagne. »
Vous n’avez pas toujours été handicapé, avant la perte de votre jambe vous jouiez au Tennis ?
« J’ai joué pendant très longtemps au tennis debout dès mes sept an. J’étais champion du Pays de Loire. J’étais environ numéro 13 français chez les jeunes. J’ai fait les championnats de France de première division. Ensuite je suis devenus vétérinaire après l’école de Vétérinaire de Nantes. C’est à la suite d’un voyage avec un vétérinaire que j’ai eu cette accident de moto. Je jouais beaucoup au tennis, c’était mon sport étant gamin. »
Est-ce qu’on doit réapprendre certaines choses ?
« On doit réapprendre. J’ai pas tout de suite su que le tennis en fauteuil existait et puis comme j’avais ma jambe raide pendant 8 ans, j’ai d’abord joué au golf. Puis j’ai eu la chance de rencontrer le tennis en fauteuil en même temps que mon amputation au centre de rééducation je me suis dit que j’allais m’asseoir pour faire des exercice plutôt que de ne rien faire, et pourquoi pas aller dans un club et taper dans une balle. Ça c’était les débuts. Et finalement on se sert de tout ce que l’on a déjà appris. Je dirai que j’ai plus appris à me déplacer en fauteuil que d’apprendre à jouer au Tennis. Il y avait les coups qui étaient déjà en place, le chemin a été plus court. »
Quelles sensation ressent-on en fauteuil ?
« Aujourd’hui on s’éclate avec nos fauteuil. C’est un autre mode de déplacement mais on arrive à prendre du plaisir et puis on couvre de mieux en mieux le terrain. C’est magique, je m’éclate sur le court. »
Et en plus vous arrivez à côtoyer les meilleurs joueurs valides …
« On est dans les vestiaires avec eux, on a joué l’US Open au mois de septembre. C’est aussi une chance pour nous de jouer nos matchs, de s’affronter, de rentrer dans les vestiaires, de les croisé, et ensuite d’aller les voir jouer. Pour ceux qui sont fans de Tennis c’est fantastique. J’ai la chance en plus de commenter pour Eurosport, je les suit en permanence. »
Peut-on dire quand en fait dans ces moments là il n’y a pas de handicap, vous êtes pareil ?
« Non, moi le matin, je me dis que je met ma prothèse comme si je mettais une chaussure. Dès que je la met, je suis adapté. Alors le corps est un peu modifié, un peu différent, mais voilà, on s’adapte. Alors il me manque un bout mais pour faire mon sport, je m’assis dans un fauteuil et voilà on s’éclate. »
Votre fauteuil justement, c’est un peu une « machine de guerre » [rires] si on peut se permettre. Il est vraiment particulier.
« Je joue à genoux. L’idée c’était d’avoir le bassin qui soit dans le mouvement parce que comme un joueur debout, si on peut exercer une torsion entre le haut et le bas du corps on est plus puissant à la fois pour le déplacement et pour l’exécution des coups. Je suis très content d’avoir fait ça. On continue quand même d’aller chercher des choses à gauche à droite, et continuer de développer et de faire avancer ce fauteuil. »
Est-ce que des valides s’essaient au fauteuil pour voir quelles sensation ressent-on ?
« C’est marrant, parce qu’il y a une vidéo de Djokovic qui s’essayait au fauteuil à New York. Il a joué dans un fauteuil de ville [sourire]. Mais c’est intéressent de voir qu’avec un autre mode déplacement on peut s’amuser avec la même balle. »
Propos recueillis par Francis LETOCART