[COURSE] Ludovic Dubreucq, le pari de courir…

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PORTRAIT DE LUDOVIC DUBREUCQ

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C’est avec un grand sourire de jeune gamin que je retrouve Ludovic DUBREUCQ pour une interview de plus d’une heure. Âgé de 38 ans, notre extra-terrestre de la course à pied est un ancien jockey professionnel. Il me parle de son ancien métier avec passion et tant de réalisme, la dureté de la profession vis-à-vis des chevaux fait qu’il a fini par arrêter son métier. Le respect et l’amour du cheval ont été plus forts que la passion de monter en tant que professionnel. Actuellement, Ludovic est intérimaire et dit avoir des difficultés à trouver un emploi fixe car être athlète international fini par le desservir. « Les employeurs pensent que je vais devoir m’absenter souvent pour mes entraînements, compétitions ou championnats. Je souhaite juste obtenir un emploi fixe de jour afin de pouvoir m’entraîner. Pour les championnats, j’aurais mes 5 semaines de vacances comme tout salarié donc pas de soucis pour mes absences. »

Après avoir fumé pendant 14 ans, Ludovic s’est mit à la course à pied suite à un pari avec Dimitri son frère lors d’une soirée (faire le cross de Saint-Ouen avec lui et Antoine). Pari bénéfique car les Amiénois ont commencé à découvrir les frères DUBREUCQ. Quand je demande à Ludovic pourquoi avoir signé au Running Club de Corbie, il m’explique que Dimitri avait été repéré par des adhérents du club mais aussi par Isabelle MARÉCHAL que l’on connaît pour le flair qu’elle a pour dénicher les futurs champions de la course à pied (Antoine et Dimitri DUBREUCQ, Samuel FLAMANT…). Ludovic me confie qu’Isabelle lui a laissé le temps de s’adapter à la course, elle l’a toujours laissé progresser doucement et lui a souvent dit que les résultats viendraient avec la patience et le travail. Il m’explique que c’est une coach qui sait l’écouter car il est de nature très autonome, il gère ses entraînements seul ; ils se voient et se téléphonent régulièrement pour faire le point, mais surtout elle lui concocte des plans d’entraînements adaptés à ses demandes. Celui-ci m’avoue avoir eut de la chance de signer à Corbie car sinon il n’aurait jamais connu ce qu’il a vécu depuis un an avec les Championnats de France et du Monde.

Le temps passe et je ne peux m’empêcher de demander à Ludovic pourquoi avoir choisi le 100 Km. Sa réponse fut sans appel : « Sur les distances courtes, je ne peux rivaliser avec Antoine alors que, sur le long, je retrouve toutes mes capacités respiratoires car on ne puise jamais à fond, c’est de l’endurance ». Après avoir participé au Marathon d’Amiens en 2012, suite au retour des 100 Km, Ludovic s’est pris au jeu et a voulu se tester sur le 100 Km l’année suivante sur un coup de tête où il y réalisera un temps de 7h13’05. Ce qui a lui valu une sélection en Équipe de France pour les Mondiaux à Doha au Qatar. Ludovic me dit « Au départ, Isabelle m’a entraîné pour faire un temps de 7h30 mais, dans ma tête, j’avais décidé autrement » et c’est tout en rigolant comme un enfant qui avoue une bêtise, « avec les copains, j’avais engagé des paris pour un temps de 7h15 sans qu’Isabelle ne soit au courant ». Dix mois sont passés depuis et Ludovic a couru trois 100 bornes et dit avoir appris à respecter la distance au Qatar car « Il faut tout gérer, son allure, le terrain qui était épouvantable avec ses 2 Km de pavés et le restant en béton très lisse, puis son alimentation mais aussi la chaleur et l’humidité qui m’ont rendu malade sur les trente derniers kilomètres ».

Je me permets une comparaison entre Ludovic et Eddy ROZÉ, marcheur de grand fond ayant participé plusieurs fois au Paris-Colmar, tous deux icônes de l’athlétisme picard ; il me dit être admiratif de cet homme. « C’est un guerrier et je discute parfois avec lui sur les réseaux sociaux. Je suis toujours content de recevoir un message de sa part, que ce soit pour des encouragements ou des

félicitations… tout comme ceux venants de Claude ANSSARD, ancien cent-bornard qui a délaissé ses baskets pour le monde cycliste ». Ce dernier fut d’ailleurs le parrain des cent-bornards et marathoniens du Running Club de Corbie en 2012.

L’interview s’étend et je le questionne sur ce qu’il pense de l’envie d’Antoine, son frère, de se lancer également sur le 100 Km probablement en 2016 lors des prochains Championnats France à Amiens. Ludovic semble ravi de l’envie de ce dernier à se tester sur de l’ultra-long car il reste très admiratif du parcours d’Antoine, de ses victoires. Pour lui, cela sera un réel plaisir de pourvoir l’accompagner sur la distance en le conseillant sur son allure, car Antoine est un gagnant et pourrait donc partir sur les allures d’un Marathon et se retrouver peut-être en difficulté vers le Km 70 ; le conseiller également sur son alimentation : « Antoine va devoir apprendre à s’alimenter sur une telle distance » me dit-il. Même si Ludovic souhaite accompagner son frère sur la distance, il est conscient que sur la fin du parcours l’un des deux aura plus de force et fera la différence. Toutefois, il n’écarte pas l’idée d’un duo DUBREUCQ sur le podium, ce qui serait incroyable pour nos deux picards.

Ma dernière question à Ludovic fut : Quel a été ton meilleur souvenir de cette année ? « Cheverny. Non pas parce que je termine mon Marathon avec un temps extraordinaire, mais parce que j’étais là-bas pour un week-end détente avec une personne chère à mon cœur ».

Je conclurais donc par le fait que j’ai rencontré un homme humble, très simple et joyeux luron. Je lui souhaite tout simplement que tous ses projets se réalisent, qu’il continue à nous faire rêver avec des chronos démentiels comme il le fait depuis quelques mois et que j’espère voir un doublé DUBREUCQ en 2016 pour les Championnats de France de 100 Km qui vont se dérouler chez nous à Amiens.

Remerciements également à Christophe SIFFLET de nous avoir accueilli avec son équipe dans son établissement (Le Lys d’Or), ce qui a permis à notre champion de se rappeler des souvenirs sur l’établissement avant ses modifications.

Magali Condette

Ludovic et Céline du Lys d'Or Ludovic DUBREUCQ

 

Publié par Leandre Leber

Fondateur du média, journaliste curieux tant en photo qu'en rédaction. Les mots et les rencontres ont du sens.