Ce dimanche, se déroulent un peu partout en Europe, les championnats nationaux sur route. En France, on connaitra le successeur du Picard Arnaud Demare.
Mais sait-on que 29 ans avant le Beauvaisien, un autre Picard avait revêtu le maillot tricolore. Il s’appelait Jean-Claude Leclercq et même s’il avait débuté sa carrière en Suisse, il était un enfant de Picquigny.
« Je crois vivre un rêve. Un championnat n’est pas une course comme une autre. Il faut avoir la chance et aujourd’hui, j’en ai eue. Ce titre me surprend autant qu’il me ravit . Je vais devoir faire face à de nouvelles responsabilités et cela m’inquiète quelque peu. » Disait Jean-Claude Leclercq.
Quelques minutes après avoir endossé le maillot de champion de France sur route sur les épaules, Jean-Claude Leclercq faisait ses premiers commentaires sur sa victoire. Car franchement, personne n’aurait misé un centime sur ce garçon dont les parents habitaient Picquigny et qui avait eu une jeunesse particulière.
C’est ainsi qu’un journal n’hésitait pas à titrer « Un inconnu profite du marquage des grands. »
Un autre allait un peu plus loin : « Courir en suisse, filer à l’anglaise pour devenir champion de France. » Ce titre résumait parfaitement l’enfance de ce champion de France sur route, complètement inconnu du grand public et même de nombreux journalistes.
C’est que Jean-Claude Leclercq avait vu le jour à Belloy sur Somme en 1962 et résidé à Picquigny, son papa travaillant dans une usine du village. Un jour, son père devait partir travailler en Suisse emmenant épouse et enfant. On ne parlait pas encore de délocalisation mais cela y ressemblait. Et c’est dans ce pays que le jeune Jean-Claude débuta le cyclisme.
La Suisse permet aux amateurs et professionnels de courir en même temps. C’est là-bas qu’il se faisait remarquer notamment dans les courses d’un jour et en montagne.
Au début 1984, Jean-Claude revenait en Picardie afin de passer professionnel. Il fut accueilli au sein de l’équipe Skil par Jean de Gribaldy, le Baron. Ce dernier fut même bluffé par la performance de son poulain qui créait cette énorme surprise à Chailley, petite bourgade de 600 habitants dans l’Yonne.
Dans ce championnat de France, Jean-Claude Leclercq mena intelligemment sa barque puisqu’il sut profiter de la rivalité entre la Vie Claire de Bernard Hinault et Renault.
Jean-Claude Leclercq attaqua au bon moment en se débarrassant de son dernier adversaire Ronan Pensec. Le Picard terminait nettement détaché avec 1mn31s d’avance sur Charly Berard et Martial Gayant.
Dans l’équipe La Vie Claire, c’était la soupe à la grimace ; Bernard Hinault n’était pas dans un bon jour tandis que Marc Gomez l’un des leaders n’était pas content et rappelait que tout çà allait se régler à l’hôtel.
Pour un jour, Chailley avait été la capitale du cyclisme français. Guy Roux le célèbre entraineur de l’AJ Auxerre et grand passionné de cyclisme, était présent sur le circuit tout comme le Ministre des Sports de l’époque, le grand champion de patinage artistique Alain Calmat.
A Picquigny, ce succès ne fut fêté qu’à un seul endroit : la maison des parents de Jean-Claude Leclercq. Quelques jours plus tard, Jean-Claude est venu nous présenter son beau maillot de champion de France.
C’était voici trente ans. Jean-Claude Leclercq allait deux ans plus tard remporter la Flèche Wallonne. Quand il stoppa sa carrière, il devint reporter à la télé suisse puis Directeur Technique National en Suisse.
Lionel Herbet