C’était la première fois que les Talents du Sport, manifestation organisée par le Conseil Général de la Somme, dans le but de récompenser des sportifs et bénévoles du département, avaient pour invitée, une championne venue du sport Handicap.
En l‘occurrence, le choix s’était porté mardi dernier, à Mégacité à Amiens, sur la reine du sprint et plus particulièrement des 200 et 400m, Assia EL HANNOUNI dont la carrière est tout à fait exceptionnelle avec huit médailles d’or aux Jeux Olympiques (Athènes, Pékin et Londres), deux aux championnats du monde et cinq aux Championnats d’Europe.
Assia El Hannouni a mis un terme à sa carrière sportive après les Jeux de Londres et elle est sur la route d’une deuxième. Elle aimerait ainsi embrasser la carrière de journaliste et pas forcément en sport.
Avec beaucoup de sincérité, Assia est revenue sur sa carrière, ses exploits et surtout la vie qui est la sienne depuis qu’elle a arrêté.
D’abord, elle a constaté l‘ingratitude de tous ceux qui étaient à ses côtés lorsqu’elle était une championne et la relative solitude qu’elle vit en ce moment.
« C’est simple dit-elle, le téléphone ne sonne plus depuis que j’ai annoncé ma retraite. J’en veux un peu à mes amis du monde de l‘athlétisme. Quand tout s’arrête, c’est le silence. On aime tout ce qui brille ».
Assia a aussi ajouté « que la récréation était terminée et qu’elle s’était bien amusée durant dix ans» et qu’il fallait penser à son avenir professionnel.
La récréation, c’est cette merveilleuse carrière d’athlète de haut niveau, le sport qui a été son moteur après qu’elle ait ressenti les premières difficultés de vision. Non seulement elle est fière de ses huit médailles d’or olympiques mais elle fut aussi porte-drapeau de la délégation française aux Jeux de Pékin en 2008.
Nous avons eu le bonheur de bavarder avec Assia avant qu’elle n’aille sur l’estrade de Mégacité et participe à la cérémonie des Talents.
Assia, c’est la première fois que vous venez à Amiens ?
C’est en effet la première fois et cela me fait plaisir. Cela me permet de donner un message aux plus jeunes, de leur montrer les étapes à suivre avant qu’ils n’obtiennent leurs premières médailles, au plan départemental. C’est l’abnégation, le dépassement de soi, le respect. Ce sont ses premières valeurs qu’il faut inculquer aux jeunes. Je suis aussi contente de faire la connaissance de la présidente du comité départemental handisport.
Avez-vous le sentiment qu’en France, on fait le nécessaire pour le sport Handicap ?
Je ne vais pas appuyer là où çà fait mal. C’est un peu partout pareil.
Dans le contexte actuel, il faut prendre son mal en patience mais franchement, ces dernières années, le sport handicap a évolué ne serait-ce que sur plan médiatique.
Pourtant, au moment des Jeux, les épreuves Handicap ont lieu après les épreuves pour les athlètes valides. Etes-vous pour un regroupement ?
Je vais vous dire que je n’espère pas que nous nos épreuves handicap aient lieu en même temps.
D’abord, il y a un trop grand nombre d’épreuves handicap. Prenons un exemple : dans le 100m, il n’y a qu’une course Homme et une course Femme.
Tel n’est pas le cas dans un 100m handicap car il existe plusieurs catégories. Je suis donc pour le statu-quo.
Quelles victoires restent dans votre mémoire ?
Toutes mes victoires restent dans ma tête. Les victoires régionales m’ont fait évoluer. Elles m’ont donné l’envie d’aller plus loin, de m’entrainer encore plus, d’aller étape par étape. Je n’oublie aucune victoire.
Mais c’est vrai qu’une victoire aux J.O., c’est un aboutissement. C’est un peu comme un chanteur qui va se produire au Stade de France, un rêve qui va devenir réalité.
Au fait, vous avez couru au Stade de France ?
J’ai eu cette chance en 2003 lors des championnats du monde. A l’époque, je l’avais vécue un peu différemment car c’était ma première compétition mondiale. J’ai plus flippé que je ne me suis concentrée sur mes courses. C’était quelque chose de magique et on se laisse emporter par tout un peuple.
A part l’athlétisme avez-vous pratiqué d’autres sports ?
J’aurais aimé faire du basket et de l’escalade. C’était compliqué. J’ai joué un peu au badminton.
Depuis votre arrêt de la compétition, faites-vous encore un peu de course ?
Non, je ne fais rien à part courir un peu. Mais je vais m’entrainer car je vais participer au Marathon des Sables en avril au Maroc. Je vais courir pour une association.
Un mot sur Usain Bolt. L’avez-vous rencontré ?
Oui et quand on s’est rencontré, je l’ai un peu charrié. Je lui ai fait remarquer que j’avais plus de médailles d’or que lui aux J.O. Et cela l’a amusé.
Lionel HERBET