Pour bousculer son effectif, Kevin Bergin n’a pas hésité à écarter Rudy Matima ou Jakub Izacky, dont le contrat vient d’être rompu, de la feuille de match. Des choix forts qui ont le don de réveiller son groupe, qui a depuis entamé une bonne série et qui entend la poursuivre à Cergy-Pontoise ce vendredi.
Il fallait un électrochoc. L’élimination en huitièmes de finale de Coupe de France contre Caen a sans doute été la défaite de trop aux yeux d’un Kevin Bergin qui était sous haute observation après un mois sans victoire de son équipe. Quelque peu désemparé après la nouvelle déroute en Normandie où il peinait à trouver les mots pour exprimer sa déception, le Québécois avait laissé entendre que la solution passerait, peut-être, par le fait de concurrencer ce groupe qui était jusque-là sans réaction.
Rudy Matima avait été le premier joueur à en faire les frais et avait été envoyé de l’autre côté du plexiglas lors de la victoire contre Briançon (3-2). Il avait ensuite retrouvé la glace sur la quatrième ligne, au détriment de Jakub Izacky, écarté à son tour pour le déplacement à Nice. Une nouvelle fois absent de la feuille de match mardi lors du court succès obtenu en prolongation contre Cergy-Pontoise, le Tchèque a officiellement quitté les Gothiques d’Amiens d’un commun accord. « En voyant comment le groupe se comporte quand on n’est pas dans l’alignement, puis que l’équipe gagne, c’est sûr que ça te fait réfléchir sur plusieurs choses. Jakub est venu nous rencontrer et nous a dit que ça n’allait pas super bien, qu’il voulait rentrer chez lui pour se ressourcer et réfléchir au futur de sa carrière, explique le technicien. On a décidé d’accepter et on lui souhaite tout le succès. Ça n’a peut-être pas fonctionné, mais ce n’est pas par manque d’efforts. Il a toujours été professionnel et un bon coéquipier. »
Il n’y a personne au-dessus de l’équipe.
Kevin Bergin, entraîneur des Gothiques d’Amiens
Mais pour le premier, ce qui ressemblait à une sanction sportive n’en était finalement pas une. L’idée faisait pourtant son chemin, tant Rudy Matima ne réalise pas le meilleur début de saison de sa carrière avec seulement 8 points en 21 matchs (2 buts et 6 assists). En conférence de presse, Kevin Bergin avait balayé la question concernant l’absence de son numéro 12 contre Briançon. Mais ce choix résultait de ce qu’il s’était passé trois jours plus tôt, à Caen. « Il y a des moments dans une vie où tu traverses des épreuves et je n’ai pas su gérer correctement ce qu’il s’est passé. J’ai pété les plombs pendant le match alors que je ne suis pas un gars qui prend beaucoup de minutes de pénalité. On va dire que j’ai pu faire un reset et repartir dans la bonne direction« , confie l’ancien joueur de Mulhouse et de Bordeaux. La page normande est désormais tournée, pour le joueur comme pour son entraîneur qui compte sur lui. À tel point qu’il était déjà de retour à Nice, certes sur la quatrième ligne, mais son implication sur le banc a été totale. Mardi, contre Cergy-Pontoise, Matima a terminé le match sur la deuxième ligne offensive avec le replacement d’Antonin Plagnat en défense.
La jeunesse comme une sérieuse concurrence
Ces choix, qu’ils soient liés directement aux performances sportives ou non, ont eu le mérite de bousculer les joueurs qui ont enchaîné trois victoires face à Briançon, Nice et Cergy-Pontoise, en prolongation. C’est en tout cas un des leviers qui a permis aux Gothiques de relever la tête et de briser leur série noire. « Quand tu es un professionnel et que tu regardes un match des tribunes et que ton équipe gagne, ça remet les choses en perspective. Ça lance un message à toute l’équipe. Il n’y a personne au-dessus de l’équipe. C’est toujours l’équipe qui doit être en premier », insiste Kevin Bergin. Les prestations anonymes ou en deçà des attentes sont aussi menacées par une jeunesse qui pousse et qui se tient prête pour gagner sa place. Virgile Gauffriau et Matéo Bussat enchaînent les matchs depuis le début de la saison, tandis qu’Anatole De Mali ou Tomas Boisson ont fait leur retour dans le groupe contre Briançon, lorsque l’équipe a retrouvé le succès.

Ils n’en sont pas sortis et ont même été rejoints par Alix Bellanger mardi face aux Jokers. Le jeune défenseur (20 ans), pour sa première apparition en professionnel avec Amiens, était venu renforcer la défense en l’absence de Kristjan Cepon, exclu à Nice, qui manquera aussi le match à l’Aren’Ice et sera présent dimanche, contre Grenoble. « Pour rester au top, il faut que tu performes, que tu joues dans l’identité d’équipe. Il y a aussi certaines choses à respecter dans un groupe parce qu’il y en a d’autres derrière qui poussent et qui attendent de prendre ta place. On est chanceux d’avoir un centre de formation avec des jeunes qui travaillent extrêmement fort. » La fougue de la jeunesse aura encore l’occasion de se montrer à Cergy-Pontoise ce vendredi puisque l’effectif amiénois est encore amoindri. En plus du défenseur slovène, Janis Svanenbergs est toujours blessé et ne devrait être apte qu’après la trêve tandis que Zachary Lavigne, dont le retour a été officialisé ce jeudi, n’est pas qualifié.
Ligue Magnus, 23e journée
Vendredi 5 décembre, 20h30 – Aren’Ice
Cergy-Pontoise (12e, 15 pts) – Amiens (7e, 28 pts)
César Willot
Crédit photo : Théo Bégler – Gazettesports.fr

