Les Kraken d’Amiens accueillaient pour la première fois de leur histoire une étape de la coupe Softball senior mixte, dans son gymnase Georges Vallerey. Les Dunkerque Korvers, venus de loin pour l’occasion, en ont bien profité : après les deux matchs officiels, un match amical a clôturé la journée en beauté.
« Ils repartent avec le sourire« , lance Franck Leblanc, le président et coach de cette nouvelle équipe de softball. Il a raison de souligner cette dynamique, tant l’écart de niveau entre les Kraken d’Amiens et les Dunkerque Korvers est immense. Il précise même que trois des adversaires jouent en équipe nationale de baseball. Heureusement que l’esprit diffère de certains sports. « L’avantage du baseball, c’est que les adversaires voient qu’il y a un vrai écart de niveau. Donc ils sont plus dans le conseil« , confie-t-il. À ce stade, le score n’a pas d’importance : l’idée est d’abord de bien comprendre les règles, « un jeu difficile à appréhender« selon l’entraîneur, et surtout de s’amuser. « Chaque week-end, ils prennent des grosses défaites. Mais je pense qu’ils apprennent, positive l’organisateur de la rencontre. Ça viendra avec le temps. Comme l’équipe 1 de baseball, quand je l’ai reprise il y a cinq ans, au début, on prenait beaucoup de défaites. »
Réaliste, il rappelle que cette équipe est composée uniquement de nouvelles recrues, ce qui explique le fossé entre Nordistes et Picards. « Je pense qu’on le vit assez bien« , réfléchit Mehdi Djeribi, joueur de cette équipe de softball, « parce que l’état d’esprit est incroyable. Les adversaires sont bienveillants, ne nous ridiculisent pas. Les coachs nous donnent des conseils. J’ai fait d’autres sports. Je n’ai jamais vu ce côté-là. Dans certains sports, on va essayer de casser le jeu de l’adversaire. Ici, pas du tout. L’adversaire, on le respecte, on le laisse faire son jeu.«

Des règles différentes du baseball
À la base, un match de baseball ou de softball se joue en 7 à 9 manches, selon le championnat. Ce dimanche, les rencontres duraient une heure, avec un minimum de trois manches. Cette règle permet aux locaux de jouer plus longtemps. En défense, lorsqu’une équipe élimine trois attaquants (de différentes façons : strikeout, out sur base, attrapé aérien…), la manche change et ils passent en attaque, ce qui leur donne l’occasion de marquer des points. « Quand une équipe est vraiment dominante, c’est bien de mettre ce système en place », souligne Franck Leblanc. L’objectif de la défense est d’éliminer trois attaquants. « Si elle n’y parvient pas, la manche peut durer longtemps.« Avoir la main sur le match, c’est-à-dire être en attaque, permet de marquer des points. Mais une fois éjecté de l’attaque, il est parfois difficile de la récupérer. « Ça dépend de qui reçoit et de qui est l’équipe à domicile ou visiteuse. Par exemple, on était home team pour le premier match, et visiteur pour le deuxième.« Aujourd’hui, ils étaient 14 joueurs sur le terrain, mais le minimum requis est de 9. « Le baseball est plus relaxant, mais le softball m’excite plus« , confie Kira Alizard. « J’aime les deux, ils ont chacun leurs particularités. Comme on joue à l’intérieur, il n’y a ni trop de froid ni trop de soleil. Le bon côté, c’est qu’il est plus facile d’attraper la balle. Mais il faut courir plus vite, ce qui me rend parfois nerveuse et plus vite fatiguée.«

Un club amiénois en plein essor
Cette année, le club amiénois compte 73 licenciés, jeunes et moins jeunes, répartis entre baseball et softball. Franck Leblanc est à l’initiative de la naissance de l’équipe de softball. « L’objectif, c’est de créer une équipe 100 % mixte« , explique-t-il. Sur le terrain, il y avait autant de femmes que d’hommes, contrairement aux visiteurs, venus exclusivement avec des hommes pour cette rencontre. Le président a même des ambitions plus grandes : « On espère avoir un jour une équipe entièrement féminine. » Après huit ans d’existence, le club prend de l’ampleur. La création de cette seconde équipe renforce la structure et prépare la relève pour l’équipe première des Krakens. « Ils auront déjà acquis certaines bases. En avril, ils verront des différences, mais ils sauront où renvoyer la balle, connaîtront certains mouvements et les règles communes », détaille Franck Leblanc. L’entraîneur a laissé l’équipe première pour se consacrer entièrement à cette nouvelle équipe, composée majoritairement de débutants, qui disputait là sa deuxième rencontre.
Pour Mehdi Djeribi, nouvelle recrue, cette saison hivernale est l’occasion idéale de découvrir le jeu. « C’est parfait pour expérimenter, progresser et préparer la saison de baseball« , complète-t-il. Initié par un ami déjà licencié, il s’éclate surtout en plongeant pour attraper les balles. « Comme un petit chien« , plaisante-t-il. Kira Alizard, arrivée en octobre, aime quant à elle toucher à tout. « J’essaie de tout faire : première base, deuxième base, troisième base, pitcher, et même catcher. Et l’off-field, ça m’intéresse aussi. J’écoute le coach et je suis prête à tout« , confie cette joueuse, maman depuis peu. Influencée par son mari, joueur depuis un an qu’elle accompagnait aux matchs et aux entraînements, elle a finalement décidé de se lancer. « Un jour, il m’a dit : ‘viens, on se passe la balle’. On a joué, je me suis amusée, et le coach m’a jamais demandé pourquoi je n’avais pas joué avant. À ce moment-là, ils pensaient à créer une équipe de softball« , raconte-t-elle, à l’issue du troisième match disputé de la journée, où les deux équipes se sont mélangées pour une dernière rencontre amicale. Entre apprentissage, partage et solidarité, le club amiénois montre qu’au baseball et au softball, la bienveillance est au premier plan.
Sabine Loeb
Crédit photo : Eva Daubenton – Gazettesports.fr

