La manifestation sportive, festive et inclusive « Track Against The Machistes 2 » a rencontré un franc succès, séduisant aussi bien les habitués que les curieux du roller derby, discipline féministe en parfaite résonance avec la Journée du 25 novembre contre les violences faites aux femmes.
Le gymnase de La Veillière était plein à craquer de supporters heureux ce dimanche pluvieux de fin novembre, à l’occasion de la deuxième édition de Track Against The Machistes. La rencontre a débuté avec les Smaching Machettes de Lille face aux Holy Queens, une équipe UB composée de joueuses issues de plusieurs clubs. Le deuxième match a opposé les Infernales d’Amiens aux Burning Mussels du Havre. Les Amiénoises se sont bien battues, et malgré une bonne entame où les locales menaient de six points après une quinzaine de minutes, elles ont été reprises avant la mi-temps et se sont finalement inclinées 118 à 155. Mais le score était secondaire : au-delà du résultat, ce sont les valeurs de cet événement inclusif et festif, dédié à la lutte contre les violences faites aux femmes, qui comptaient. La veille, les joueuses avaient d’ailleurs participé à la marche contre les violences sexistes, sexuelles et de genre qui s’était tenue à Amiens. Le roller derby, c’est un sport qui s’inscrit pleinement là-dedans. « C’est important pour notre sport, parce que c’est un sport qui est féminin à l’origine et qui s’inscrit dans des valeurs féministes et très inclusives. On avait ce créneau ce week-end, et on a voulu saisir l’occasion pour affirmer encore davantage nos valeurs et s’allier avec des associations locales comme Nous Toutes », confiait Mega Tuning, pivot de l’équipe amiénoise, dont le rôle consiste à bloquer la jameuse adverse et à assister la jameuse de son équipe, afin de récupérer éventuellement le calot avec l’étoile et de réaliser un tour à sa place.
Le gymnase avait été entièrement transformé : collages avec des phrases fortes pour défendre la cause, affiches variées, petits mots à décrocher pour se réchauffer le cœur, buvette avec des mets appétissants, stands associatifs et celui de Nous Toutes, invité pour la cohérence avec le message de l’événement. Quatre membres du collectif sont également des joueuses des Infernales. « C’est aussi ce qui nous a amenés à tenir le stand ici. Au-delà de ça, c’est quand même un sport où il n’y a que des nanas hyper badass. C’est un sport féministe, politiquement engagé, qui partage des valeurs très proches des nôtres, celles que nous défendons en tant que collectif féministe intersectionnel », explique Léa, « fresh » et représentante du collectif Nous Toutes. La co-présidente de l’association, Schnek (alias Mathilde), explique la signification du collage : « Test de féminité ? Trop fortes pour jouer ». « Le roller derby, en France et à l’international, se positionne contre l’exclusion des personnes trans. Si elles avaient des tests basés sur le taux de testostérone, nous, on s’y oppose clairement. » Concernant un autre slogan, « Pour les Bleus, on a déjà le derby, elle précise : Au derby, on se fait déjà mal. C’est un petit message contre les violences faites aux femmes, et notamment les coups à la maison. On n’a pas besoin d’en ajouter. »
Dans cette salle comble, où le violet dominait et les paillettes illuminaient les lieux, les Flammes Fatales, pom-pom girls et boys, se produisaient pour la première fois pendant l’entracte, la pause entre les deux rencontres. Jules, pom-pom boy de l’équipe, raconte : « On s’est créé il y a un peu plus d’un an. On ne se connaissait pas forcément, mais on connaissait chacun des membres de l’équipe de roller derby. Depuis quelques années, certaines joueuses nous avaient poussés à créer une équipe de pom-pom. On a essayé plusieurs fois, mais ça ne prenait jamais vraiment. Cette fois, ça a vraiment démarré en début d’année. On répète tous les lundis soir sur le même créneau que leur entraînement. Il y avait un petit stress de dernière minute, mais c’était un grand plaisir de pouvoir enfin montrer notre chorégraphie. On a présenté quelques étapes à l’équipe de roller derby. À chaque fois, elles étaient contentes, ce qui nous a donné confiance, parce qu’on fait ça vraiment pour les soutenir. » À propos de l’ambiance démentielle de l’événement, Mega Tuning ajoute : « C’est hyper cool, on est très contentes. Je crois que je n’ai jamais vu autant de monde. C’est ma quatrième année et je n’ai jamais vu autant de spectateurs, parce qu’on a vraiment mis le paquet sur la com ! » Pour les célébrer comme il se doit et rester dans la tradition du roller derby, les joueuses ont eu droit à un tour d’honneur, chaque spectateur leur tapant dans les mains en signe de reconnaissance.
Sabine Loeb
Crédit photo : Eva Daubenton – Gazettesports.fr