Victorieux en prolongation des Dragons de Rouen, les jeunes Gothiques ont fait preuve de caractère et ont aussi pris des risques pour parvenir à ce résultat. Ce groupe aux profils de joueurs variés doit encore progresser, mais il est sur la bonne voie et peut nourrir des ambitions.
Qu’elle fut dure à aller chercher cette victoire contre les Dragons de Rouen. Mais contrairement à leurs aînés, battus deux fois au-delà des 60 minutes cette saison, les U20 Espoirs sont parvenus à faire la différence en prolongation, bien poussés par les quelque 1500 supporters amiénois installés dans les gradins du Coliseum. Après une bonne première période, les deux suivantes ont été plus difficiles pour les jeunes Gothiques, dominés par leur adversaire : « Ça fait deux semaines qu’on n’a pas joué. On a un seul match dans le mois de novembre, donc c’est compliqué d’avoir du rythme. Ça a été un petit peu plus dur pour les joueurs qui ne jouent pas en D1 ou en Magnus » justifie Christophe Colombel, entraîneur de l’équipe. Finalement, Esteban Voiturier et ses coéquipiers sont parvenus à gérer les temps forts visiteurs et utiliser les leurs à bon escient : « On a eu la tête sous l’eau, mais on a un bon groupe qui a su se ressouder. On sait se pousser les uns les autres et on a réussi à remonter, à faire preuve de caractère pour gagner ce match. »

Ce succès, les jeunes Gothiques le doivent aussi à la finesse tactique de leur entraîneur qui avait bien senti le coup lorsqu’il faisait sortir son gardien pour tenter d’égaliser et d’obtenir la prolongation, octroyant ainsi une double supériorité, et lorsqu’il récidivait dans l’espoir d’inscrire le but de la victoire. Une stratégie très risquée, puisqu’une perte de palet pouvait entraîner un but rouennais en cage vide, mais totalement assumée : « On l’a déjà fait plusieurs fois. On a marqué au moins cinq buts cette saison en sortant notre gardien dont trois en prolongation pour jouer à quatre contre trois. Oui, c’est osé, mais à chaque fois, ça a payé. Pourquoi se priver de le faire ?« À ce sujet, Esteban Voiturier, le héros du jour, car buteur en prolongation, n’était pas forcément du même avis que son coach au moment de prendre cette décision : « Je ne vais pas vous cacher, il m’a posé la question, je l’ai regardé, j’ai fait le geste non de la tête, mais le coach a toujours raison« , raconte-t-il, amusé.
Les ambitions d’un groupe mélangé
Deuxième ex æquo du classement, à sept points du leader grenoblois qui a joué deux matchs en plus, les Picards peuvent légitimement regarder vers le haut, surtout lorsque l’on sait que tout n’est pas encore parfait : « On manque de constance. On n’est pas assez réguliers encore à mon goût », donne Christophe Colombel à titre d’exemple. « On travaille là-dessus, on a des joueurs qui sont impliqués, investis, donc c’est agréable de travailler avec eux. Je pense qu’à partir du mois de décembre, on va commencer à retrouver un rythme avec au minimum un match par semaine, voire deux. Je pense que ça va aider la machine à se mettre en route. » Pour le jeune joueur amiénois, il faut aussi le temps que la mayonnaise prenne entre des éléments venant de différents horizons : « Entre les gens qui s’entraînent en Magnus et nous qui sommes à Valenciennes, en D1, on ne s’entraîne pas souvent ensemble. On a des problèmes d’automatismes, mais ça va se régler au cours de la saison. »

Si ce collectif fonctionne bien malgré tout, c’est parce que l’équilibre « expérience »/inexpérience est parfaitement dosé : « On a la particularité d’avoir un groupe où on a des « vieux joueurs » pour un centre de formation, mais aussi beaucoup, les trois quarts, des très jeunes. On a la chance d’avoir des gars dans notre structure et dans notre projet qui jouent en senior. Donc ça apporte beaucoup à tout le monde, ça tire tout le monde vers le haut » explique le technicien samarien. Si l’alchimie prend encore un peu plus, les jeunes Gothiques peuvent-ils aspirer au titre de champion ? « Pourquoi pas aller chercher un beau truc au bout », reste évasif Esteban Voiturier. De son côté, le tacticien amiénois n’a pas fixé d’objectif collectif car il veut surtout développer ses joueurs au maximum de leur potentiel pour les amener vers le professionnel mais « si on travaille dans le bon sens, avec la qualité de ce groupe, évidemment qu’on pense à être champion. On veut gagner tous les matchs, on veut être les meilleurs. »
Simon Vasseur
Crédit photo : Théo Bégler – Gazettesports.fr

