C’était avec un grand sourire, que l’on avait peu vu jusque-là, que Kevin Bergin, entraîneur des Gothiques, s’est présenté en conférence de presse, ce dimanche soir. Et pour cause, son équipe venait de l’emporter pour la première fois de la saison à domicile, face à Anglet (2-0).
Elle a mis du temps à arriver mais elle est bien là. Les supporters qui avaient pris un billet pour la réception d’Anglet ont enfin été récompensés de leur soutien sans faille avec cette victoire acquise par les Gothiques face à Anglet Hormadi. « Elle fait beaucoup de bien », confiait un Kevin Bergin soulagé mais pas étonné au vu de la prestation de ses joueurs : « On joue de la bonne façon, on se crée des chances de marquer. Ça peut juste nous donner confiance pour le futur. Je pense que tout le monde va être un peu plus relax. » Et c’était visiblement le cas puisque Matéo Bussat estimait aborder les prochaines échéances au Coliseum avec « beaucoup de liberté et beaucoup de plaisir. » Le second buteur de la soirée était rassuré de ne plus avoir à porter sur ses épaules, comme ses coéquipiers, le poids des défaites qui s’accumulaient jusque-là sur sa glace : « On a travaillé fort toute la semaine pour ça, et là, de gagner en équipe ici, ça fait extrêmement plaisir et il faut continuer. On n’a eu que des grosses équipes à domicile, mais ce n’était pas une excuse pour ne pas gagner.«

L’entraîneur des Gothiques ne cachait pas sa satisfaction et félicitait ses joueurs dont il a loué le travail à l’entraînement et leur implication commune dans son projet de jeu : « Ils croient dans ce qu’on essaie d’apporter, ils se soutiennent. Ça aurait été facile, après plein de défaites à domicile, de partir dans ce sens-là, dans l’autre sens, mais on s’est tenus. » Passé l’euphorie, il a été évoqué, malgré la victoire, la difficulté toujours palpable à marquer beaucoup de buts, notamment lors des trois minutes du match qui se sont jouées en cage vide pour les Angloys. « On joue pour gagner. Une victoire, c’est une victoire. Que ce soit 25-0 ou 1-0, ce sont juste trois points au final. Ce qu’on voulait, c’était de gagner pour nos partisans », balaye Kevin Bergin, dont l’opinion est similaire à celle de son joueur, qui n’a aucun regret sur la fin de match : « On a eu la victoire, c’est ce qui compte. »
Les secrets de ce premier succès à domicile
Les Gothiques ont entamé le match de la meilleure des manières en prenant le match à leur compte, concrétisant leur domination par un but : « C’est la première fois cette saison qu’on gagne un premier tiers. L’autre équipe est obligée d’ouvrir un peu plus le jeu pour essayer de revenir. Ça apparaît en deuxième période. Je ne sais pas combien de chances on a générées », analyse le technicien amiénois. En deuxième période, il est vrai, les Picards ont encore accentué leur pression devant les cages adverses et ont tiré à 18 reprises. Mais à la différence de la défaite face à Rouen, ces multiples tentatives ont fini par payer avec le deuxième but : « Ce n’était pas un but tic-tac-toe (le jeu du morpion en anglais, sous-entendu pas un but construit minutieusement, ndlr). C’est un palet à la cage, on a gratté devant. Ce deuxième but d’avance a fait beaucoup de bien. » Le break en poche, les Samariens ont ensuite parfaitement maîtrisé leur sujet et leur adversaire en se mettant à l’abri d’une égalisation.

L’autre élément déclencheur et symbolique de ce succès, la quatrième ligne. Car si elle est généralement moins exposée, moins utilisée par certains entraîneurs dans d’autres clubs, ce n’est pas le cas de Kevin Bergin qui lui fait confiance et celle-ci le lui rend bien avec de belles prestations, notamment lors de ce match face à Anglet puisque c’est elle qui fait trembler les filets dans le deuxième tiers : « Ils étaient un petit peu déçus contre Rouen car ils se sont pris un but. Ils veulent défendre, ils veulent apporter de l’énergie, ils veulent apporter des palets à la cage… Quand tu as une quatrième ligne qui est capable de t’apporter autant, ça pousse les trois autres blocs à reprendre le momentum, estime le coach québécois. Le futur est brillant pour ces jeunes-là. » Matéo Bussat fait partie de cette quatrième ligne et c’est pour lui un honneur que d’évoluer dans ce groupe, d’où sa détermination : « Quand on monte en équipe première, on se donne à fond, on connaît notre job et on essaie de le faire du mieux qu’on peut. »
Des certitudes dans le jeu
Kevin Bergin le martelait : son équipe jouait bien et la victoire n’allait pas tarder à venir d’elle-même. Force est de constater qu’il avait raison mais ce succès n’est pas une fin en soi. Bien au contraire, elle confirme le tacticien canadien dans son « processus » dont l’objectif est de faire monter en puissance son équipe jusqu’aux play-offs : « Depuis le début de la saison, si on regarde du premier match à maintenant, je crois que tout le monde voit la progression. Le nombre de chances de marquer qu’on se crée augmente, le nombre de chances de marquer qu’on donne diminue, le jeu collectif est meilleur. […] Notre powerplay a généré des chances même s’il n’a pas marqué et notre désavantage numérique est encore fumant (comprenez performant, ndlr). » À chaque match, Justin Bergeron et ses coéquipiers se trouvent mieux, proposent davantage de combinaisons tout en conservant leur solidité défensive. Il ne reste plus qu’à trouver de l’efficacité en cinq contre cinq et à mieux négocier certains face-à-face avec le gardien adverse.

Même sans cela pour le moment, l’entraîneur des Gothiques est certain « qu’avec les performances qu’on a faites récemment, les gars y croient contre n’importe quelle équipe maintenant. » Ses propos sont confirmés par son jeune joueur de 21 ans qui a pu jauger les cadors du championnat affrontés depuis le début de la saison et en tirer les conclusions suivantes : « Il manquait encore des petits détails pour aller chercher la victoire contre des grosses équipes, mais on est en place et on va se développer de plus en plus. J’ai confiance en l’équipe. » Et si les adversaires à venir semblent plus abordables que ceux déjà affrontés récemment, Matéo Bussat rappelait qu’en Ligue Magnus, chaque rencontre est difficile. Mais il le promet, « on va y aller à fond et tout faire pour apporter des victoires, à domicile ou à l’extérieur. On veut prendre des points partout. » Et entre une première victoire à domicile et une première série de victoires, il n’y a qu’un pas.
Simon Vasseur
Crédit photo : Théo Bégler – Gazettesports.fr (archive)

