En conférence de presse d’après-match, Kevin Bergin est apparu aussi frustré que fier de son équipe. Selon lui, malgré la défaite, les Gothiques d’Amiens ont beaucoup prouvé face aux Dragons de Rouen et peuvent nourrir de l’ambition pour la suite.
La simple image de Kevin Bergin poussant un grand soupire avant de se confier à la presse en dit long sur son état d’esprit. Rageante, frustrante, telle est la qualification de l’entraîneur des Gothiques de cette défaite face aux Dragons de Rouen dans le derby des Plaines : « Le niveau de frustration présentement est « sky-high », pour employer l’expression anglaise (comprendre à son paroxysme, ndlr). » Mais cette contrariété témoigne d’un sentiment d’être passé proche de battre un cador du championnat : « Le mot le plus important ce soir, c’est « believe ». Je crois à ce groupe-là, je crois au processus qu’on est en train de faire. On a montré ce soir qu’on était capable, dans n’importe quelle circonstance, même avec trois buts de retard à 11 minutes, de revenir dans un match contre les Dragons de Rouen. Le niveau de frustration ne doit pas mettre le doute dans le groupe. »

Car même dans la défaite, son équipe a montré du caractère en témoigne la remontée de 3-0 à 3-2 alors que tout espoir semblait perdu et qu’elle n’avait pas réussi à marquer une seule fois lors des 40 premières minutes. Et s’il concède que deux buts marqués, c’est encore trop peu, Kevin Bergin relève que les points noirs du début septembre sont désormais des forces dans son collectif : « En début de saison, on avait de la difficulté sur les avantages et désavantages numériques, on a travaillé là-dessus. En sept matchs, on est devenu les meilleurs en avantage numérique, les meilleurs à égalité en désavantage numérique avec les Dragons. Je continue de dire qu’on va dans la bonne direction. On méritait mieux ce soir. » Rudy Matima, joueur des Gothiques, partage cette sensation de ne pas passer loin, une nouvelle fois, de faire plaisir à son public : « On a des regrets puisqu’on n’a toujours pas gagné à la maison. C’est difficile, ça commence à rentrer dans nos têtes. Mais on a essayé tout ce qu’on pouvait. »
Deux premiers tiers diamétralement opposés
Balayés lors du premier tiers par les Normands en match de préparation, les hommes de Kevin Bergin ne voulaient pas réitérer la piètre performance. C’est pourquoi ils se sont d’abord attachés à bien défendre dans un premier temps. « On a voulu fermer le jeu, ça a engendré un petit peu de temps en zone défensive », confirme le tacticien québécois. Et s’il considère qu’il y a eu du progrès dans ce domaine, il n’a néanmoins pas aimé l’unique but encaissé durant ces 20 premières minutes : « On a cinq joueurs d’Amiens dans l’enclave mais ils (les joueurs de Rouen, ndlr) sont capables de frapper le palet avec un joueur de leur équipe. Ce sont des choses qu’on va continuer de travailler. » Il l’avait déjà dit lors de la venue des précédents visiteurs qui étaient aussi des gros calibres mais il se devait de le répéter au vue du contexte, « quand tu fais une ou deux petites erreurs, contre ce genre d’équipe-là… Ils n’ont pas besoin de 28 chances pour la mettre dedans.«

Dès le début du deuxième tiers, les Amiénois ont complètement changé de visage. Ils ont assiégé les cages rouennaises durant 18 minutes, jusqu’à la pénalité concédée en toute fin de période. Ils se sont créés une bonne dizaine d’occasions sans jamais parvenir à forcer le verrou adverse : « Ça pèse lourd » dixit l’ancien hockeyeur et ce n’est pas Rudy Matima qui dira le contraire : « Le gardien a fait son job. Maintenant, il faut qu’on soit plus tueurs devant la cage et la mettre au fond. » Les Picards rentraient au vestiaire avec toujours ce but de retard alors qu’ils auraient dû en compter deux, voire trois d’avance tant la domination fut écrasante : « Tu sors du deuxième tiers à 3-1, même juste à 2-1, ça change complètement la dynamique de la troisième période« estime le coach samarien, lequel regrette que ce manque de réalisme ait conduit ses joueurs à octroyer des espaces en début de troisième acte et donc des buts au rival : « Si tu es à 3-1 et que tu prends un but en début de troisième période, il n’y a personne qui panique, il n’y a personne qui essaie d’ouvrir le jeu. Tu ne peux pas ouvrir le jeu contre une équipe comme ça.«
Traduire les espoirs en victoire
Kevin Bergin en est convaincu, même si les résultats à domicile ne suivent pas encore, tout le monde voit la progression de son équipe : « C’est pour ça que je dis qu’il faut garder la tête haute. » Les joueurs eux-mêmes ont conscience qu’il ne manque pas grand chose pour faire basculer la dynamique, à l’instar du numéro 12 : « On fait toujours des bons matchs, même s’il y a la défaite au bout. Ce sont les petits détails qui font qu’on perde et il faut les régler. » Et il faut faire vite puisque les Gothiques recevront à nouveau dès ce dimanche avec la réception d’Anglet qui a fait forte impression en humiliant Chamonix 7-0. Pas de quoi faire peur à Rudy Matima : « Tout le monde est prenable, il faut juste jouer de la bonne façon. Peut importe qui on a en face, il faut respecter le plan de jeu et y aller. » La solution pour débloquer le compteur au Coliseum ? Reproduire le deuxième tiers et les 11 dernières minutes du troisième selon Kevin Bergin : « On peut avoir de l’énergie, on peut jouer ce style de jeu pendant 60 minutes. Maintenant, il reste à le confirmer dimanche. Il faut rentrer dans le prochain match positif et confiant. »

Tout le monde n’attend plus que ce succès à la maison : Kevin Bergin, ses joueurs mais aussi les supporters que le technicien a salué à deux reprises, louant leur engagement sans faille même lorsque le match semblait plié. Un public à l’image de son équipe : « Ça aurait été facile de baisser les bras à 3-0 contre les Dragons. On a démontré qu’on avait du cœur, qu’on ne lâchait jamais, qu’on n’est jamais en dehors d’une bagarre. Maintenant, on a vraiment hâte de gagner. Tout le monde a hâte. » Et comme une boucle doit être bouclée, l’entraîneur amiénois a terminé son intervention comme il l’avait commencé, par une expression anglaise décrivant le moment où le premier succès arrivera : « Monkey on our bag. C’est le temps qu’il sorte de là. Ça presse. » Comprenez par-là que le singe, représentant la victoire, est toujours bloqué dans le sac et qu’il lui tarde de sortir pour, enfin, faire chavirer un Coliseum qui n’attend plus que ça.
Ligue Magnus, 9e journée :
Dimanche 12 octobre, 18h, au Coliseum : Amiens (7e, 9pts) – Anglet (8e, 9pts)
Simon Vasseur
Crédit photo : Léandre Leber – Gazettesports.fr

