Le club des Cheminots Amiens Sud Basket-ball, dont l’équipe fanion évolue en Régionale 3, continue de rassembler de nombreux licenciés. Désormais, l’objectif n’est plus centré sur le recrutement ou la formation, mais sur la fidélisation des joueurs afin de gravir les échelons et viser plus haut en division.
Amasser les troupes et faire grossir les rangs, ce n’est plus vraiment la priorité du club, né de la fusion entre l’Union Sportive des Cheminots d’Amiens Basket et Amiens Sud en 2006, à cause de problèmes logistiques (manque d’entraîneurs et de salles). Aujourd’hui, la plupart des équipes affichent complet, même si la présidente, Cécile Anglo Faillu, souhaite laisser une chance à chacun d’intégrer le club. « Nous offrons la possibilité à chacun de faire au moins un essai. Lors des portes ouvertes en juin, les groupes se remplissent très vite, mais nous prenons tout de même les coordonnées, car certains se désistent ensuite. Et si d’autres clubs ont encore des places, nous orientons les familles : l’essentiel, c’est que les enfants fassent du basket. » Le principal frein à une plus grande ouverture reste le manque de créneaux et parfois d’entraîneurs. Les catégories U7 et U9 comptent déjà une vingtaine d’enfants chacune. Dès six ans, la demande est forte, et elle ne cesse de croître dans les catégories supérieures. Même avec dix entraîneurs, il est difficile de répondre à l’engouement croissant pour le basket-ball. « Toutes les catégories sont très remplies, sauf certaines féminines, comme celles des U18 où s’il y en a qui viennent, clairement on va les prendre. On ne peut pas multiplier les créneaux. »

À l’origine, le club ne disposait que d’une seule salle : celle de Léon Pille, rattachée à la SNCF. Aujourd’hui encore, il reste affilié à l’USCF, qui lui accorde une petite subvention. Le club bénéficie toujours de l’usage gratuit de cette salle, en plus des équipements mis à disposition par Amiens Métropole. Actuellement, aucun match officiel ne peut s’y dérouler, le gymnase Léon Pille n’étant pas conforme aux normes : le terrain conserve encore ses anciennes dimensions. Il sert donc exclusivement aux entraînements. « On garde l’espoir d’une rénovation. C’est important d’avoir sa propre salle pour l’identité du club et le lien entre les membres », confie la présidente. Mais cela reste le minium et ce n’est pas ce qui fait qu’un club est plus attractif qu’un autre. Moins renommé que certains clubs de la métropole, celui des Cheminots Amiens Sud Basket-ball commence pourtant à se faire un nom. « Ce n’est pas toujours facile d’exister dans une métropole comme celle-ci », reconnaît Cécile Anglo Faillu, présidente depuis septembre, qui a repris le flambeau de son père. Elle entraîne également les U18 garçons, tout en assumant sa première saison à la tête du club : « C’est du travail, et il y a beaucoup à faire. »
Le club s’appuie sur des entraîneurs investis, animés par la volonté de le faire progresser et de transmettre leur passion. Benoît Ménil, entraîneur et joueur au sein du club depuis 2017, en fait partie. Lors de son arrivée à Amiens, il a choisi de rejoindre les Cheminots séduit par l’idée de former les jeunes. « Si l’on forme correctement les jeunes, cela nous permet ensuite de les garder au club, explique-t-il. Dans mon ancien club, à Arras, on formait nos jeunes pour qu’ils restent et fassent monter l’équipe en division supérieure. J’ai le même objectif ici : faire grandir la structure et rivaliser avec les autres clubs. » Selon lui, la méthode commence à porter ses fruits, même si la concurrence reste rude : « Les autres clubs continuent de faire le forcing pour se renforcer, ce qui est tout à fait normal. Mais depuis qu’on a changé notre vision de la formation, les joueurs réfléchissent davantage avant de partir. Soit ils partent, soit ils restent au club, parce qu’ils se plaisent bien et leurs copains restent. » Il souhaite vraiment mettre l’accent sur la formation, même si les meilleurs joueurs ne restent pas toujours, y compris parmi les jeunes. « L’objectif est de développer la qualité pour accéder à un niveau régional en senior et travailler avec des joueurs formés au club, plutôt que de recruter de droite et de gauche. Quand on n’est pas attaché au club, on s’en va facilement. » Évidemment, les très bons joueurs partent généralement vers des clubs élites. « Au bout d’un moment, si un joueur a des capacités pour jouer à plus haut niveau, on ne va se le garder pour nous, ce n’est pas juste. »

Les équipes loisirs suscitent un vif intérêt et fonctionnent sans doute mieux que les autres, selon les représentants du club. « On en a même une purement féminine, composée soit d’anciennes joueuses, soit de mamans qui se sont intéressées au basket, et ça marche très bien. L’idée, c’est d’encourager les femmes à pratiquer un sport, pas uniquement dans la compétition. » En U18, le club possède également une équipe qui dispute des matchs en championnat. « C’est important d’avoir un vivier, mais on a un manque dans les catégories inférieures. Il faut former, et on met le paquet sur les jeunes », précise Benoît, même s’il sait que peu restent sur le long terme. « Quand on voit le nombre d’enfants qui quittent le club d’une année sur l’autre, on n’est jamais sûr de pouvoir aligner une équipe complète. Il faut quand même compter entre 12 et 15 joueurs pour pouvoir participer correctement aux compétitions. »
Avec dix équipes inscrites en championnat, trois équipes loisir (dont une entièrement féminine) et douze entraîneurs, le club affiche une dynamique très encourageante. L’équipe A vient de monter en R3 cette saison, tandis que la B et les U18 filles poursuivent leur progression. Les jeunes commencent à évoluer en inter‑départemental, avec l’ambition de les préparer à la compétition régionale pour qu’ils arrivent en senior avec une bonne connaissance du niveau requis. L’objectif de ce club qui cherche encore à se faire sa place dans l’univers du basket-ball amiénois est clair : viser le plus haut possible et y rester, en consolidant la formation et la cohésion de l’ensemble des équipes.
Sabine Loeb
Crédit photo : Kévin Devigne – Gazettesports.fr (archives)

