À la découverte des coulisses de la préparation des athlètes, entre exigence, convivialité et passion du sport grâce à Daniel Saint-Paul et Johnny Simon, entraîneurs de demi-fond à l’Amiens Université Club.
Daniel est un passionné précoce du coaching. Il a commencé l’athlétisme à 13 ans au SC Abbeville en 1972. Sa spécialité était la course sur 400 m et 400 m haies, mais, pour cause de blessure (tendinite), il a eu une carrière sportive courte. C’est pour cette raison qu’il s’est orienté très rapidement vers le coaching. À 16 ans, il entraînait déjà l’école d’athlétisme d’Abbeville tous les mercredis : « Le coaching, à l’origine, c’est une passion, j’ai ça dans le sang », déclare-t-il. Puis à 23 ans, il a passé son diplôme fédéral d’entraîneur de demi-fond pour transmettre, éduquer athlétiquement, enseigner à bien courir.
J’étais à fond dedans.
Daniel Saint-Paul
L’athlétisme, en particulier le demi-fond, est un sport où il faut faire des exercices diversifiés pour progresser. Il faut beaucoup s’entrainer et être persévérant avant d’avoir des résultats. Daniel Saint-Paul confie avec enthousiasme : « Pour moi, l’athlétisme, c’est un vaccin, une drogue, on l’a dans la peau, on a envie d’aller toujours plus loin, plus vite, et plus haut ! »
Un acteur de l’ombre
Daniel baigne dans le volontariat depuis son plus jeune âge. Il entraîne bénévolement et a toujours entraîné depuis ses 16 ans (mis à part une période liée à sa vie de famille, ndlr). Il est juge fédéral depuis 1988 et forme aussi au niveau départemental les jeunes juges pour transmettre, car pour assurer une compétition sans retard, il faut environ une quarantaine de juges. Régulièrement, des athlètes de l’AUC obtiennent leur diplôme fédéral de juge grâce aux formateurs.
Le Samarien a été entraîneur à l’école d’athlétisme à partir de 2012. C’est un groupe de jeunes âgés de 11 à 14 ans où les athlètes pratiquent à peu près toutes les disciplines. L’importance est la compétition des clubs annuelle par équipe : les Equipathlés. Sur les 8 années de présence de Daniel Saint-Paul en tant qu’entraîneur, sept fois son groupe a rallié les championnats de France des clubs.
« J’étais seul à entraîner l’école d’athlétisme. Je n’arrivais plus à faire le suivi des athlètes correctement. Alors, j’ai arrêté, puis le virus d’entraîner m’a repris, car il y a eu des conditions qui ont fait que des parents m’ont amené des athlètes pour qu’ils puissent courir, parce que, quand on est jeune, ce qu’on veut, c’est courir » raconte le coach. Ce groupe de demi-fond a commencé alors qu’ils n’étaient que 5 ou 6 athlètes en 2022. Puis il s’est renforcé, atteignant une dizaine de membres l’année suivante, et, en 2024, ils étaient déjà une vingtaine à s’entrainer régulièrement, quatre à cinq fois par semaine, en plus des compétitions où les coachs les emmènent presque tous les week-ends durant la saison estivale.
Un duo complémentaire qui permet un suivi personnel de chaque athlète
Pour pouvoir suivre correctement ses athlètes, l’Amiénois entraîne avec un autre coach : Johnny Simon, le directeur de la section athlétisme de Froissy. « Il m’a très vite rejoint au bout de 3 mois quand il a su que je montais un groupe », précise Daniel Saint-Paul. Les avantages de travailler en binôme sont nombreux. Johnny et Daniel, lorsqu’il y a plusieurs séances, peuvent s’occuper de l’ensemble des membres, ensuite, ils peuvent faire des entrainements personnalisés et suivre correctement les athlètes et se partager les séances à deux pour ne pas être obligés d’aller à la piste 5 à 6 fois par semaine. « Le but est de connaitre les athlètes, on doit travailler le foncier, la vitesse pure, la PPG, la fréquence, l’amplitude, la vitesse longue… Pour chaque athlète, il y a une spécificité », rappelle Johnny Simon.
Ce dernier est professeur d’EPS depuis 1999, et est à l’origine de la section athlétisme de Froissy. Il a eu sa première licence en tant qu’athlète en 1984. Il a coupé durant 4 ans l’athlétisme après 7 ans de pratique à cause du départ de son ancien entraineur, puis il a repris à 18 ans, à Amiens en STAPS, grâce à des entraineurs qui lui ont redonné l’envie de pratiquer de l’athlétisme. « Moi aussi, maintenant, j’ai envie de transmettre ma passion », ajoute-t-il.
Je cours pour me sentir vivant.
Johnny Simon
Johnny Simon a connu Daniel en 2013, car il venait de temps en temps s’entrainer à la piste et il avait déjà entrainé des groupes de demi-fond à l’AUC à deux reprises, une année à chaque fois, Daniel le connaissait aussi de sa section d’athlétisme que Johnny a formée à Froissy en 2013, où les élèves travaillent un peu de toutes les épreuves. L’entraîneur raconte : « Je lui (à Denis Saint-Paul) avais dit que si un jour il avait besoin de moi, j’étais là. Il m’a appelé en août 2022 en me disant qu’il avait envie de monter un groupe de demi-fond. J’ai accepté de l’aider à coacher, car cette idée de groupe de demi-fond m’a plu. Je suis arrivé dans le groupe fin 2022, et ils étaient trois athlètes. »
Des semaines d’entraînements pensées par thématique
Au niveau des entrainements, le lundi, les athlètes bénéficient du seul entrainement groupé où les ludiques et les nouveaux peuvent venir courir, coachés par les deux entraineurs avec les différentes tranches d’âges (de benjamins à cadets). C’est un entrainement plutôt léger de type PPG (préparation physique généralisée) où les athlètes peuvent travailler leur technique de course. Le lendemain, ils ont un entrainement qui ne regroupe que les plus grands, c’est un entrainement dur et long où les coureurs font des séances spécifiques type VMA pour le développement de la puissance aérobique. Le jeudi, les sportifs font de la vitesse et du travail de pieds avec des exercices de plots. Le vendredi, généralement, ils font une séance longue pour travailler la résistance et le foncier, ce sont des séances traduites en minutes, quelques fois au bois ou autour de la piste, car le duo entraineur aime varier les terrains. Puis, finalement, le samedi, les athlètes font une sortie longue d’environ 11 km, à 12 km/h sur de la route.
« On veut les amener en cadets à un niveau performant pour viser tout d’abord les championnats de France en individuel, peut-être pour certains d’être finalistes et bien sûr, on veut aller le plus loin possible avec les athlètes », confient les coachs. Ceci dit, les entraîneurs rappellent qu’ils veulent respecter le principe de base : un athlète doit aimer courir, cela doit être une passion, ils veulent avoir un groupe qui vit, qu’ils s’éclatent ensemble, avoir une ambiance positive avec des vacances régulées par les stages au Touquet ou à la piste.
Des ambitions futures bien pensées
Le but futur pour le groupe est, si possible, d’intégrer une section demi-fond au lycée Thuillier car cette année, en 2025, Johnny y est muté et il aimerait créer une section athlétisme pour avoir plus d’athlètes. Cela permettra d’avoir un emploi du temps aménagé, et les athlètes les plus éloignés géographiquement pourront s’entrainer dans le groupe grâce à l’internat. « L’intérêt d’Amiens, c’est qu’on a tout sur place, médecins, piste, coach, kiné… », précise Daniel Saint-Paul.
Le groupe de demi-fond, qui avait débuté avec très peu d’athlètes, commence à se renforcer et s’étoffer. Les entraîneurs, et en particulier Johnny, aimeraient travailler avec les collèges et les lycées pour pouvoir renouveler les athlètes. Tous deux espèrent que la progression de tous les athlètes au sein de leur groupe va continuer. Leur but est d’emmener les athlètes le plus loin possible avec eux, tout cela dans une ambiance sereine et solidaire, avec la performance en ligne de mire.
Jeanne Vaslin
Crédit photo : Jeanne Vaslin – Gazettesports.fr