Avec la présence de 700 spectateurs, l’Amiens Boxing Club de Jérôme Fouache a proposé une soirée de grande qualité au Coliseum. Treize combats de boxe de bonne facture avec des rebondissements et des surprises.
Dans un gymnase du Coliseum bien rempli ce samedi, le combat féminin a parfaitement lancé la soirée. Kenzy El Manouzi propose un beau combat face à Léa Deluce. La première reprise est maîtrisée par la locale. Elle se montre plus agressive et mobile que son adversaire. Le centre du ring lui appartient, mais elle se repose trop sur son crochet et utilise peu son direct. Détail que lui fait directement remarquer son entraîneur Jérôme Fouache à la fin du premier round. Grâce aux conseils de son coach, la pensionnaire de l’Amiens Boxing Club remporte le premier combat de la soirée à l’unanimité. « Comme elle restait en face de moi, je pouvais l’atteindre plus facilement, confie la jeune amiénoise après le combat. Même si ce n’est pas comme à l’entraînement, je suis contente de moi », admet-elle soulagée.
Il n’aura pas fallu attendre longtemps pour observer le premier knock-out de la soirée. Le local David Bricheux, opposé à Clément Choquel, ne passera que 1’40 sur le ring. Compté à trois reprises, l’arbitre déclare la fin du combat. Une victoire qui a fait rugir le public, présent en nombre. Juste après lui, c’est au tour de Denisson Bayina de faire parler la poudre. Il s’impose également par knock-out durant la troisième et ultime reprise. Un combat qu’il aura maîtrisé dans son ensemble avec des combinaisons tranchantes et une défense spectaculaire.
Sans doute, un des plus beaux combats de la soirée est celui d’Enzo Clery, membre de l’ABC et champion du Pas-de-Calais. Une guerre sur trois rounds qui l’a vu s’imposer à l’unanimité face à Mathis Maestracci et donc étendre sa série à huit victoires d’affilées. « Pour ma première sans casque, j’ai senti la première droite » avant de poursuivre : « J’ai vite compris que je devais monter, car des zones ne sont pas protégées, comme les oreilles ou la tempe ». Il avoue que c’était le combat le plus dur de sa jeune carrière. « Je suis malade en plus, donc ce n’était pas le meilleur contexte pour mon premier 3×3, mais ça rend la victoire plus belle ». Actuellement en train de développer un nouveau style, cet affrontement lui a permis d’évaluer ses zones de progrès. Son entraîneur ne tarit pas d’éloges à propos du jeune athlète : « On a un garçon, qui ne paye pas de mine, Enzo. C’est, à mon avis, le plus beau combat amateur de la soirée. Lui, on va en entendre parler. »
Aro Agmadyan intraitable sur le ring
Le phénomène local, Aro Agmadyan a disputé son combat le plus compliqué. Il était confronté à un boxeur expérimenté, plus de vingt combats, ayant participé aux championnats de France. Un dernier défi proposé par son entraîneur Jérôme Fouache avant le passage en professionnel. N’ayant pas boxé depuis 11 mois, suite à un accident, il avoue : « Ces 11 mois étaient compliqués, mais le retour sur le ring fait du bien et j’espère pouvoir continuer ma série de victoires. » Il constate que son endurance était limitée ce samedi et que le passage à l’étape suivante ne sera pas facile : « Face à un sacré adversaire, j’ai pu constater le manque de préparation pour passer au niveau supérieur. » Hélas, sa performance n’a pas complètement convaincu son coin, avant son passage en Pro : « Il est jeune, il a encore des failles. Au vu de sa performance, aujourd’hui, je ne suis pas sûr de le faire passer pro. Je vais en discuter avec lui et ses parents. Au vu de son physique et de sa préparation pour ce combat, il ne pourra pas passer pro », juge Jérome Fouache.
On le sait, la situation d’Aro Agmadyan n’est pas facile et il ne s’en cache pas : « Cela joue beaucoup sur mon mental. Je devais faire les championnats de France, impossible. Pareil pour rejoindre l’équipe de France. Je suis bloqué« . Il devait être appelé par la sélection au coq, mais une histoire de papiers l’en a empêché. Une réclamation, soutenue par l’équipe de France, est en cours. Le passage en professionnel n’est pas une envie, mais plutôt une obligation pour le rouleau compresseur amiénois afin d’obtenir la nationalité française, lui qui est né en Suède, mais réside en France depuis maintenant 15 ans.
La déception de la soirée est la défaite sur décision partagée de Théone Adenet-Louvet. Un premier round compliqué pour l’Amiénois qui n’arrive pas à trouver la bonne distance face à Olcay Kaya. Ce dernier semble plus relaxé et tente plus. La deuxième reprise est disputée. Chacun arrive à toucher, mais sans causer de véritables dégâts. Le local se reprend dans la troisième reprise avec, notamment, une bonne utilisation de son bras arrière. Une accélération dans le round suivant lui permet de toucher clairement Olcay Kaya qui marque le coup. Les deux boxeurs sont en recherche d’énergie pour la reprise suivante. Quelques chambrages de chaque côté, mais aucun coup net. L’ultime round est serré. Ils se rendent coup pour coup. L’Amiénois tente un dernier assaut sur le chancelant Kaya, mais celui-ci reste droit. Les juges annoncent une égalité qui, après concertation, devient une victoire sur décision partagée en faveur d’Olcay Kaya. Le parcours du local au sein du Challenge Jean-Claude Bouttier s’arrête là, au plus grand dam de ses supporters.
Une franche réussite pour Amiens
L’Amiens Boxing Club termine le gala avec 11 victoires en 12 combats. Un bilan très positif, d’un point de vue sportif, mais aussi pour les jeunes talents amiénois : « On sait qu’organiser ce genre de soirée coûte cher et que la métropole amiénoise regorge de talentueux boxeurs. Ce gala a permis de les mettre en avant sur un ring et avec une production impressionnante. C’est un véritable plaisir pour les sportifs et les spectateurs de pouvoir assister à ce genre de soirée », se félicite Jérôme Fouache après le gala.
Il est vrai que pour populariser un sport, un événement par an n’est pas suffisant. L’entraîneur étudie donc de nouvelles pistes : « mon idée est d’organiser des soirées qui regrouperaient différentes disciplines. Aujourd’hui, le MMA fonctionne bien. L’exhibition de boxe française permet au public de découvrir cette pratique. L’objectif serait de pouvoir avoir à la fois un octogone, pour le MMA, et un ring pour la boxe. » Un projet qui ne semble pas inatteignable quand on connaît l’entraîneur. D’ailleurs, ce dernier n’est pas prêt de s’arrêter car, dès qu’il en a l’idée, un jeune talent se présente à sa salle.
Cyprien Baude
Crédit photo : Kevin Devigne – Gazettesports.fr