Le 18 juillet 1980, à la veille des Jeux de Moscou, Lord Killanin, président du CIO, fit ses adieux en dressant le bilan de son mandat marqué par des défis majeurs et des succès notables.
Nous étions en effet à la veille de l’ouverture des Jeux Olympiques de Moscou et ce fut l’occasion pour l’ancien journaliste qui avait succédé à l’Américain Avery Brundage en 1972 après les Jeux de Munich en 1972, de dresser le bilan de son activité. Ces Jeux de Munich ont été tragiques avec ce drame survenu dans le village olympique et qui avait vu le massacre d’athlètes et dirigeants israéliens par des terroristes de Septembre Noir. Au soir de ces Jeux, Avery Brundage s’était montré pessimiste et il n’avait pas hésité à déclarer à Lord Killanin en lui transmettant le flambeau « que les Jeux étaient condamnés et que ceux de Montréal n’auraient pas lieu mais qu’en revanche ceux de 1984 et 1988 auraient bien lieu. »
Durant ces huit années, Lord Killanin a beaucoup apporté au mouvement olympique. Il a tenu parole puisque Los Angeles et Seoul ont bien accueilli les Jeux. « Je suis un optimiste qui a gagné la partie la plus difficile de mon mandat c’est à dire sauver les Jeux du présent et de l’avenir ». Dans sa conférence de presse, lord Killanin devait traiter trois sujets importants: le dopage, l’amateurisme et le rôle des Chefs d’Etat. En ce début des années 80, le dopage faisait des ravages mais les autorités sportives ne l’avaient pas encore vraiment combattu. Il fallait donc lutter pour enrayer ce fléau.
Et Lord Killanin osait cette comparaison: « On a vu des athlètes disqualifiés à vie pour avoir touché de l’argent. Faut-il agir de même pour ceux qui sont dopés » . Les exemples ne manquent pas d’athlètes suspendus à vie le plus connu en France étant le grand champion d’athlétisme Jules Ladoumègue. Celui-ci ne pouvait plus participer à des compétitions et il courait le cachet.
Le président du CIO voulait aussi faire la différence entre les représentants des pays de l’Est qui étaient de véritables professionnels et les athlètes des autres nations qui avaient un statut différent et devaient travailler pour vivre normalement. Lord Killanin s’en était aussi pris à certains Chefs d’Etat comme le Président Carter qui était à la tête du continent américain. Carter avait demandé le forfait des athlètes américains en représailles des évènements qui concernaient alors l’URSS. Lord Killanin n’appréciait pas du tout cette manœuvre et il reprochait aux chefs d’Etat d’être mal conseillés.
Aujourd’hui, nul doute que Lord Killanin ne serait pas content d’apprendre que le président Macron intervient régulièrement en souhaitant par exemple la présence de M’Bappé au sein de l’équipe de France de football pour les Jeux de Paris. Au terme de cette conférence de presse, Lord Killanin répéta « que le sport appartient à tous et que les Jeux permettent aux gens de se rassembler ». Et de tirer sa révérence en expliquant son départ « que nous avons trop d’exemples autour de nous d’hommes qui ne savent pas partir à temps ».
Lionel Herbet
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