Président du Longueau Amiens Métropole Volley-Ball, Bernard Couillet est revenu sur la première saison de l’équipe première en Elite et en a profité pour faire un état des lieux de la situation actuelle du club.
Quel bilan global faites-vous de la saison ?
Sportivement, le bilan est très favorable dans la mesure où nous avons quand même eu le maintien de l’équipe Elite en jouant les play-offs, avec un recrutement restreint par souci économique. Il fallait aller très doucement, la marge entre la Nationale 2 et l’Elite est importante financièrement. On démarrait une saison en Elite avec une demi-subvention de N2. Ça posait naturellement des problèmes sachant que les subventions institutionnelles sont à l’année et que les championnats sont officiellement du 1er juillet au 30 juin. Il y a ce décalage qui pose d’énormes problèmes quand d’un seul coup, vous montez d’un cran financier avec l’engagement de joueuses professionnelles. Donc on est parti le plus modestement possible en prenant des risques. Les problèmes physiques sont arrivés en play-offs, mais bon c’était gagné du point de vue de la saison. On se frottait aux meilleures équipes avec des armadas de douze joueuses professionnelles et nous on se pointait avec un effectif de neuf filles dont trois blessées, c’est un peu ça le problème. On a fini sur deux 3-0 assez importants, ça montre qu’on avait quand même le niveau. On peut remercier l’entraîneur parce qu’il a réussi à faire des choses qui tiennent presque de l’exploit.
En début d’année l’équipe avait totalement été changée, à l’exception d’une joueuse, ce choix a uniquement été fait pour des raisons financières ?
C’est d’abord parce qu’on est passé à sept entraînements par semaine. Ce n’était pas possible pour toutes les joueuses amatrices qui travaillaient à côté. Puis il y a des filles qui ont décidé d’arrêter. On avait trois étrangères qui sont reparties et qu’on n’a pas gardé, donc obligatoirement l’équipe faisait peau neuve. On a gardé notre libéro (Julie Devaux, ndlr), qui est arrivée au club il y a une quinzaine d’années et qui malheureusement, n’a fait aucun match de play-offs à cause d’une grosse entorse à la cheville.
Finalement, ce choix a plus que payé car vous avez atteints les play-offs. On imagine que c’est une fierté ?
C’était difficile parce qu’on avait fait un recrutement tardif comme on attentait le feu vert financier. Du coup, quand on est arrivé sur le marché, tout le monde était déjà servi. Dans l’équipe, on avait une partie des joueuses qui n’avait pas joué à ce niveau. C’est d’autant plus remarquable d’en arriver là.
Les deux dernières années de l’équipe ont été très bonnes, est-ce que c’est l’effet Ion Dobre ?
Bien sûr. On voit le sérieux, la préparation qu’il fait de tous les matchs et toutes ses analyses. Il fait un boulot de professionnel de haut niveau et ça a permis de colmater les faiblesses qu’on pouvait avoir. C’est son œuvre, très honnêtement. On n’aurait pas pu s’en sortir autrement.
Économiquement c’est compliqué, pour recruter aussi, comment le club parvient-il à se maintenir à flot ?
L’année prochaine va être encore plus difficile. On attend la DNACG (Direction Nationale d’Aide et de Contrôle de Gestion, ndlr) pour un contrôle. C’est très compliqué pour le recrutement des Françaises, comme il en faut en permanence sur le terrain et qu’on n’en trouve pas. En plus on y va très doucement donc on se retrouve avec des clubs qui mettent plus que nous. Il y en a qui ont signé, ce qui est absolument illégal, des joueuses en février.
Est-ce qu’il y a déjà du mouvement en termes d’arrivées ou de départs ?
Oui il va y avoir des départs et puis on est en train d’essayer de trouver des arrivées. C’est hyper compliqué parce que si on part avec un budget sage pour être dans les clous, il y a des clubs qui ont les moyens et qui mettent le double sur la table. On est en train de se bagarrer jour et nuit.
Est-ce que les récentes bonnes performance vous aident à trouver de nouvelles sources de revenu ?
On est à la recherche de sponsors et on a beau dire que le sport féminin c’est bien, ils continuent quand même à avoir des préférences pour le sport masculin. Trouver un gros sponsor c’est difficile, on en trouve des petits. On n’a peut-être pas assez de notoriété et de visibilité. Si les gens ne regardent pas Gazette Sports, ils ne connaissent pas trop le club. Peut-être que nous aussi on a des faiblesses sur ce point, c’est un jeune club. Ça manque encore de maturité, d’expérience et de monde aussi.
C’est vrai que cela manque encore de personnes dans les tribunes le jour des matchs, surtout au regard des performances réalisées…
Bien sûr. Il y avait un ancien club qui était aussi en Elite (ALMVB, ndlr) avant 2016 et on a eu beaucoup de personnes pour voir du volley féminin, donc peut-être qu’on est fautif aussi. Je pense que les gens qui viennent, après ils sont conquis. On manque un peu de notoriété pour en attirer plus. Il faut que ça remonte petit à petit, c’est un travail de longue haleine. L’objectif serait de remplir à moitié le Coliseum.
Quels vont être les objectifs pour la saison prochaine ?
Évidemment le maintien parce que c’est l’engagement qu’on a avec la métropole, mais je ne pense pas qu’on va jouer une éventuelle montée. Construire l’image du volley féminin dans la métropole et être un peu plus ancré. Il y a aussi le secteur amateur, où a quand même deux entraîneurs diplômés à plein temps et dans le classement des équipes en Nationale, nous sommes 13ème sur 156. On veut faire de la formation et on essaye vraiment de travailler dessus.
Propos recueillis par Alexis Vaury
Crédit photo : Kevin Devigne / Théo Bégler – Gazette Sports (archives)