On le sait, le nageur amiénois Jérémy Stravius a remporté dans sa carrière de belles victoires mais incontestablement il n’oubliera jamais les médailles glanées à Londres en 2012 aux Jeux Olympiques.
Fussent-elles obtenues sans nager car il avait le statut de remplaçant pour les finales alors qu’il avait nagé en demi-finales. Il est revenu à Amiens avec deux médailles : une en or au 4x100m nage libre et une d’argent au 4x200m.
Ce n’est pas si vieux mais la natation française brillait alors de mille feux emmenée par un Picard, ancien CTR de la natation en Picardie : Claude Fauquet. Jérémy avait disputé la demi-finale mais pour la finale, il avait dû laisser sa place. Il est vrai que le niveau était très relevé avec huit candidats pour quatre places seulement. La finale, il l’avait donc suivie depuis les tribunes et lors de la cérémonie protocolaire, Jérémy n’avait pas eu le droit de monter sur le podium. La médaille d’or lui fut remise un peu plus tard, ainsi qu’à Alain Bernard le plus grand champion de cette époque et qui prenait sa retraite à l’issue de ces Jeux de Londres.
Les Jeux se terminaient ensuite pour Jérémy Stravius avec le relais 4x200m nage libre. Au dernier moment, Stravius devait laisser sa place à Yannick Agnel. La France prenait la 2e place. Jérémy ne laissait pas apparaitre sa déception et commentait de façon laconique : « Ils ont décidé de garder les quatre meilleurs et j’étais en petite forme. Je ne suis pas déçu car je fais partie de l’aventure. »
Il reste mieux qu’une solution de rechange écrivait un confrère qui notait que les deux médailles de Jérémy avaient été remportées alors qu’il n’était pas dans la piscine. Il est possible que d’avoir laissé planer le doute jusqu’au dernier moment, ne devait pas engendrer un climat de confiance dans l’équipe de France dont on rappelle qu’elle comportait huit nageurs tous susceptibles d’être sélectionnés. Jérémy Stravius n’était pas à son meilleur niveau à Londres.
Un autre nageur du club Amiens-Natation Benjamin Stasiulis eut un comportement plus discret. Il participait en effet au 100m et 200m dos réalisant les 31e et 24e temps. Le même jour, le sport samarien était un peu à l’honneur avec la judokate Automne Pavia qui obtenait le bronze dans la catégorie des – 57kg. Toute la famille était dans la salle pour encourager cette jeune originaire de Péronne qui avait effectué ses premiers pas sur les tatamis picards.
La Somme fut représentée par deux athlètes licenciés à l’Amiens Université Club : la Soissonnaise Marie Gayot qui allait prendre la 6e place avec l’équipe de France au 4×400 m et le marcheur Bertrand Moulinet. Lui aussi licencié à l’AUC, il terminait 8e au 20km marche en 1h20’12″et 12e au 50km en 3h45’35 ». Bertrand Moulinet, né à Toulouse et policier à Menton, avait été coaché par l’ancien champion Gérard Lelièvre et l’Amiénois Eddy Roze. En 2015, Bertrand Moulinet se faisait prendre pour dopage et la Fédération française d’athlétisme devait le suspendre quatre ans. Pourtant à Londres, il avait émis des doutes sur les Chinois qui avaient dominé la situation. Juré, il refusait de se doper après les Jeux de Londres. Trois ans plus tard, il avait changé d’avis.
Lionel Herbet
Crédit photo : Théo Bégler – Gazette Sports (archives)