C’est dans son bureau de directeur de l’association A3PH à Flixecourt que nous avons rencontré Pascal Tranquille, président du district de la Somme de football. Il est aujourd’hui l’un des rares présidents qui cumule activité professionnelle et sportive et les temps libres sont très rares dans son calendrier.
L’entretien s’est déroulé évidemment autour de la situation actuelle du district qui est sur le point de battre ses records de licenciés mais aussi sur les prochaines élections qui verront l’actuel président viser un deuxième mandat. 2024 sera une année importante avec les Jeux Olympiques, le passage dans notre département de la Flamme Olympique et le centenaire du district créé en 1924.
Quel bilan tirez-vous quasiment à la fin de ce premier mandat ?
Un bon bilan laisse toujours des regrets car il y a toujours les moyens de s’améliorer et de mieux faire. C’est la raison pour laquelle j’ai annoncé en septembre, lors de l’assemblée générale du district, que je compte reconduire une liste afin de faire progresser le football départemental. Après une première mandature, j’imagine que des choses peuvent aller plus loin. Il fallait prendre la mesure d’un certain nombre de choses et succéder à 33 ans de présidence. Ce n’était pas simple car il y avait des habitudes qui avaient été prises et pas forcément mauvaises. Je trouve que nous avions pas mal de retard avec les collectivités et nous avons obtenu des résultats significatifs après nos rencontres avec Amiens Métropole. Pour exemple, je citerais le nombre de terrains synthétiques, même si nous ne reviendrons jamais à la hauteur de nos voisins du Nord. Nous sommes aussi en période d’intempéries et je trouve que nous dialoguons beaucoup mieux avec Amiens Métropole et surtout, cerise sur le gâteau, notre partenariat avec l’Amiens SC s’est accru. Nous avons poussé la porte du club, avons dialogué et aujourd’hui nous sommes plus qu’entendus et compris des dirigeants du club. C’est un vrai changement.
Combien de collègues ont quitté le district ?
Cinq membres du comité directeur sont partis. Nous avions démarré ensemble et j’aurais aimé que nous finissions ensemble. Je respecte leur choix. Je n’ai pourtant pas été déçu car les gens font toujours ce qu’ils peuvent. Vous le savez, jadis j’ai été coach et il m’appartenait de faire les bons choix pour former une équipe. Cela se voit aujourd’hui, les gens qui ne sont pas contents s’en vont plutôt que d’apporter une vraie contradiction. Cela se remarque aussi dans certaines municipalités. Je rappelle que chaque élu du district est un bénévole. Tout comme un président de district doit le rester aussi, même si je sais que ce n’est pas dans l’air du temps. C’est vrai que pour moi ce n’est pas facile, d’autant que je suis en ce moment une formation professionnelle pour obtenir un certificat.
Quelle est la situation au niveau du nombre de licenciés dans le District ?
Après le COVID, les chiffres des licenciés ont régulièrement augmenté. Au début de cette semaine, nous avons dépassé les 23 000 licenciés. Nous sommes proches du record : 23 511 licenciés lors de la saison 2007- 2008. Il y a une grosse masse dans le Futsal qui permet aux techniciens de s’exprimer, chez les féminines et en ce qui concerne le foot animation, nous sommes bien. Par contre, nous avons perdu des licenciés chez les seniors. Je vais être franc, ces augmentations du nombre de licenciés ce n’est pas grâce au président du district mais à des clubs animés par des bénévoles. Le District a une mission, celle d’accompagner les bénévoles. Nous sommes en train d’étudier les raisons de la diminution de pratiquants seniors. Un groupe de travail a été composé pour aller à la rencontre des clubs et je pense qu’à un certain moment, il faut qu’il y ait plus de compétitions loisirs et que les gens qui veulent s’amuser sur un terrain puissent le faire y compris dans les nouvelles spécialités comme le foot en marchant. Je pense que le football doit se réinventer dans son organisation et je sais que ce n’est pas facile. Je pense aussi que le foot animation devrait se jouer toute la saison. Le but est que les clubs ne disparaissent pas dans nos villages. Le football est le plus souvent le dernier lien social qui existe et il permet aux gens de se retrouver pour assister à un match.
Au plan purement sportif, le district de la Somme chez les seniors ne compte plus aucun club en National 3 ?
Cette décision a été, je le rappelle, votée par les clubs en assemblée générale. C’est une décision fédérale qui a été votée par les clubs. Il va falloir trois ou quatre ans pour rétablir cette aberration de championnat. (Il est ici fait référence aux descentes et de la nouvelle formule votée par les clubs, qui a était préjudiciable pour les clubs en N3 la saison dernière, ndlr)
La parité comment la voyez-vous ?
Pour moi c’est une évidence que nous devons travailler avec des collaboratrices. Maintenant est-ce que dans le foot, la parité doit exister totalement ? Je pense que les législateurs n’ont pas réfléchi. J’aurais aimé qu’une vraie parité ait lieu dans des sports comme la gymnastique etc. Dans le football, nous avons environ 90% de licenciés hommes et pourtant lors d’une prochaine mandature en 2028, il y aura une vraie parité. On va alors assister à cette scène : des hommes de qualité bien élus devront laisser leur place à une femme parce qu’il faudra respecter la parité. On va alors se priver d’une compétence au profit d’une femme qui va rentrer dans le critère requis. C’est dommageable.
En juillet prochain, la Somme sera sur le passage de la Flamme Olympique. Voyez vous un footballeur la porter et nous pensons notamment à Régis Gurtner et Ruddy Buquet ?
Pourquoi pas aussi les anciens footeux et je pense notamment à Robert Buchot, Jean Pierre Robert et aux joueurs amateurs qui incarnent mieux l’esprit olympique… Mais je fais confiance aux gens qui vont désigner les porteurs.
Vous êtes le 6e président et vous avez succédé à Marcel Glavieux. Etes-vous son fils spirituel ?
Non je suis simplement celui qui lui a succédé.
Lionel Herbet
Crédit photo : Lionel Herbet