Mat, Amiénois et champion du monde
Désormais commentateur pour l’ESL France, Mathieu « Mat » est passé dans les locaux de GazetteSports en septembre dernier pour une interview exclusive. De son parcours dans les débuts de l’e-sport à son regard sur l’évolution de la discipline, le champion du monde de Counter Strike originaire d’Amiens n’élude aucun sujet.
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Peux-tu te présenter ?
Leber Mathieu, 32 ans bientôt, en tout cas cette année. Je suis joueur depuis maintenant 97, «professionnellement», à haut niveau depuis le début des années 2000, jusqu’à un bon 2013.
Cela fait 20 ans que tu joues, ce professionnellement peut-il dire que tu as-tu été pro-gamer ?
Métier oui et non, c’est-à-dire que l’époque où j’ai été joueur au plus haut niveau possible en France, ce n’était pas encore démocratisé comme maintenant, au niveau du modèle économique d’une part et des revenus. Il n’y avait pas de contrat, on vivait principalement des cashprize que l’on pouvait gagner lors des tournois.
En France, il n’y avait pas de salaire contrairement à d’autres pays, législation oblige. C’était plus compliqué à mettre en place, du coup on arrivait à en vivre bien en tant que jeune habitant chez ses parents, mais, malgré tout, on ne pouvait pas en vivre de manière indépendante.
Peux-tu revenir sur ton palmarès ?
Oui, du coup, plusieurs fois champion de France, si on incorpore aussi les deux formats de compétitions qui étaient la WCG à l’époque, qui représentait grosso modo le modèle des jeux olympiques, et les fameuses coupes de France qualificatives pour la coupe du monde, l’ESWC que tout le monde connait maintenant. Donc, quatre fois champion de France, et champion du monde au WCG en 2007. On fêtera les 10 ans cette année du titre qu’on a gagné sur 1.6.
Dans ton parcours tu as été élu 6ème meilleur joueur de la décennie par le site AAA ?
C’était un tournoi avec plusieurs votants, plusieurs intervenants. Je connais forcément la personne qui a terminé à la première place. Elle était avec moi en équipe à de nombreuses reprises. C’est une forme de récompense individuelle dans un jeu d’équipe. Pour ma part, c’est une reconnaissance plus qu’un prix. Puisque la notion collective a toujours été plus importante, pour moi.
C’est toujours agréable de se sentir comme un joueur important vu le nombre d’années que j‘ai pu passer dans ce microcosme qu’était le jeu vidéo à l’époque, avant que ça explose ces dernières années.
Récapitulatif des équipes que tu as fréquentées AAA – EMULATE ?
Sur 1.6 c’est ce qui en ressort le plus. AAA a duré longtemps, c’est pour ça, c’est historique, c’est là où j’ai commencé à haut niveau en France sur 1.6. Emulate c’est une création, avec ce fameux joueur qui a terminé 1er en tant que joueur de la décennie sur ce classement AAA. On a créé ça un été, en sortant d’une coupe de France. Avec nos équipes respectives en se disant qu’on a le temps de rejouer ensemble, on va monter un projet ? On a monté un projet en un mois, qui a décroché directement une qualification pour les WCG en 2006, et on est resté ensemble à 5, ce qui était rare à l’époque, pendant 3 ans.
Ca a découlé sur ce titre de champion du monde en 2007. Ensuite, il y a eu plusieurs autres équipes, structures, de moindre renom avant de déboucher sur CSGO. J’ai fait un bref passage sur CSGO, court, mais qui m’a plu pour autant, chez Team LDLC. Forcément, ça parlera beaucoup, maintenant avec leur structure e-sport et leur site de vente de matériel. C’était assez incroyable, c’était la première fois que je découvrais une structure aussi professionnelle et j’en garde un souvenir assez important.
Ou en es-tu dans ta carrière de joueur ?
Alors, moi j’ai arrêté de jouer depuis 2013 maintenant. Forcément par soucis pro, il fallait travailler. Indépendance oblige et je n’ai pas dans le jeu vidéo le salaire et les revenus nécessaires pour en vivre. Il a fallu travailler, et ça retarde le fait de s’investir pleinement dans le domaine que je partage maintenant, que je fréquente depuis de nombreuses années. Je ne perds pas espoir, il y a ce côté cast, je suis caster pro en autoentreprise pour CSGO, l’ESL principalement. On me retrouve souvent pour leurs compétitions majeures. C’est quelque chose qui me plait de parler de mon univers, de faire partager mon expérience en tant que joueur de l’époque, et la transition avec maintenant.