Une fois encore, ce mardi 15 août, nous serons au rendez-vous immuable de la Hotoie afin d’assister aux finales des championnats de France de ballon au poing.
Un évènement important dans la vie de cette discipline qui, contre vents et marées, parvient à tirer son épingle du jeu. La Hotoie, c’est depuis des dizaines d’années, le rendez-vous de ceux qui aiment ce sport et certains spectateurs ne viennent qu’une fois dans l’année à Amiens pour cette messe. Fasse que longtemps encore nous nous retrouvions, tous amoureux de ce sport, de l’ambiance qui règne sur mais aussi autour des terrains.
Et puis que ceux qui ont eu l’idée qu’un jour prochain ces finales n’auraient plus lieu à la Hotoie se ravisent car nous le répétons haut et fort, la Hotoie c’est le ballon au poing, c’est le public de nos campagnes qui vient dans la capitale régionale. La Hotoie, c’est le moment de retrouver de vieux amis qu’on ne rencontre parfois qu’une fois dans l’année. C’est aussi hélas, le moment où l’on cherche l’ami disparu, la place qu’il occupait. Et ce mardi, nous aurons une pensée pour l’ancien maire de Doullens, Christian Vlaeminck, qui, pour rien au monde, n’aurait voulu manquer la Hotoie mais qui nous a quittés voici peu.
Le ballon au poing traverse le temps avec certes des difficultés mais beaucoup moins, nous semble-t-il, que ses cousins la longue paume (ndlr : Bruno Chiraux, président de la Fédération Française de longue paume précise : En 2023, il y a plus de 900 licenciés à la FF longue paume (contre 600 au ballon au poing), pour 23 clubs présents dans 3 départements), la balle à la main, la balle au tamis. Ce constat avait été dressé voici 40 ans par un très grand dirigeant de la longue paume, Marcel Lazure. Son constat était d’une grande lucidité et c’est ainsi qu’en 1981, il posait cette question : Que vont devenir nos jeux de balle et de ballon ? M. Lazure affirmait que cette question était d’actualité. Malheureusement, elle l’est toujours.
Intéressons nous pourtant au ballon au poing qui est parvenu depuis quatre décennies à enrayer la chute des licenciés, et surtout a pensé aux jeunes en créant par exemple une catégorie minimes. Marcel Lazure avait aussi remarqué que tous les coins de la Somme n’étaient pas concernés par la pratique du ballon au poing, notamment du côté de Flixecourt.
Pourquoi cette lente descente ?
Tout simplement répondait Marcel Lazure parce que ces sports sont encore méconnus du grand public. Mais surtout en dépit de leur valeur exemplaire, les sports régionaux n’intéressent pas les médias (en général) car il n’y a pas d’argent ni de vedettes dans ces sports. A notre époque où tout est spectacle, on juge un sport non pas selon sa valeur intrinsèque mais en fonction de l’importance du public qu’il attire. Un jour, les responsables du journal l’Equipe ont même déclaré « qu’il n’était pas les JO du sport et qu’il s’agissait d’abord d’une entreprise commerciale et non un service public. L’Equipe n’était pas et n’est pas contraint de parler de tous les sports et pense d’abord à vendre le journal ».
Pensez vous que cet état d’esprit ait changé ? Non évidemment. Ce mardi, nous serons à la Hotoie et nous nous délecterons du plaisir qui nous est offert depuis 1957 : pouvoir célébrer ce 15 août.
Lionel Herbet
Crédit photo : Kevin Devigne – Gazette Sports (archive)