Hier matin quand nous avons appris la mort de Federico Bahamontes, des tas de souvenirs nous sont revenus. D’abord, Federico Bahamontes avait été en juillet 1959 le premier Espagnol à remporter le Tour de France.
On l’avait appelé l’Aigle de Tolède en raison de ses qualités intrinsèques de grimpeur. C’était un coureur qui restait droit sur sa machine et n’avait pas les qualités aériennes d’un Charly Gaul. Mais dès que les deux hommes s’affrontaient en montagne, quel spectacle fabuleux!
A la fin des années 50 et à l’aube d’une ère plus moderne, le cyclisme mondial connait une sorte de passation des pouvoirs car Louison Bobet avait remporté trois Tours (1953-54-55) mais en cette année 59, ce Tour de France était un peu le chant du cygne pour le champion breton qui avait du reste abandonné et mis un terme à sa carrière quelques mois avant que l’immense champion Fausto Coppi ne disparaisse.
Cette année 1959, Federico Bahamontes avait aussi, il est vrai, profité de certaines rivalités, règlements de compte au plan tricolore et par exemple Henry Anglade qui courait pour une équipe régionale avait été l’objet d’un marquage stérile, stupide même provenant de l’équipe de France et notamment de Roger Rivière qui paraissait devoir être le grand champion de demain. On connait la suite.
Federico Bahamontes sut donc parfaitement tirer son épingle du jeu et ramener à Paris, le maillot jaune. Le lendemain, un lundi, jeune employé au Courrier Picard, nous étions de repos et avions décidé d’aller très tôt voir et approcher les coureurs qui participaient au traditionnel critérium d’après Tour.
A l’époque, les coureurs avaient rendez vous à l’Hôtel le Select dans le centre ville d’Amiens. Federico Bahamontes était la vedette de ce critérium d’Amiens auquel participaient aussi Roger Rivière et un jeune plein d’avenir Gérard Saint qui allait se tuer un peu plus tard sur la route.
En ce début d’après midi avant de filer à la Hotoie, nous nous souvenons avoir sans cesse harcelé Federico Bahamontes qui était un garçon simple et disponible. Ce sont des souvenirs à tout jamais ancrés dans ma mémoire.
Avoir pu échanger quelques mots avec cet immense champion était et reste encore aujourd’hui comme un grand souvenir. Federico Bahamontes qui avait 95 ans nous a donc quittés et il a rejoint là haut les étoiles.
Car l’Aigle de Tolède n’était jamais aussi heureux que lorsqu’il se trouvait là haut dans les montagnes.
Lionel Herbet
Crédit photo : Kevin Devigne – Gazettesports.fr