Une vingtaine d’années avant Jérémy Stravius qui a incarné une brillante génération, Stéphane Vossart qui était originaire de Péronne, peut-être considéré comme une sorte de pionnier.
A vrai dire, pour Stéphane Vossart, la natation était une discipline qu’il n’aimait pas au plus haut chef car il préférait alors l’athlétisme et l’escrime. Mais à Péronne, la ville n’avait pas de piste d’athlétisme ni de salle d’escrime. Alors, Stéphane s’est destiné à la natation car il y avait une piscine municipale.
Le jeune Stéphane avait pourtant un objectif bien précis : il voulait un jour participer aux Jeux Olympiques. « C’était en effet un objectif que je m’étais fixé au point de dormir avec un drapeau tricolore au-dessus de mon lit. Les Jeux c’est quelque chose de féérique mais il ne faut pas se laisser griser par l’ambiance de fête et rester concentré. Je ne tiens pas à passer à côté de ce rendez-vous » avait-il un jour déclaré.
Ses progrès étaient incontestables voire fulgurants car en 1991, il était le brasseur français le plus rapide. A Dunkerque se déroulaient les championnats de France, qualificatifs pour les Jeux Olympiques de Barcelone en 1992. Stéphane Vossart remportait les titres de 50 et 100m brasse et il était alors le leader incontesté de la natation française.
Avant Barcelone, les sélectionnés picards avaient été reçus par la Région de Picardie présidée par Charles Baur. C’était la première fois que les futurs sélectionnés picards étaient l’objet d’une telle reconnaissance politique. Stéphane Vossart battait d’entrée le record de France du 100m brasse en 1mn2s39 et il déclarait : « J’ai du mal à réaliser ce qu’il m’arrive » à son entraineur Bruno Bocquillon qui n’eut pas eu la chance d’être sur place et devait se contenter de conseiller son jeune poulain par téléphone.
Incompréhensible mais c’était voici trente ans. Vossart réalisait le 10e temps et participait ensuite à la finale du 200m et le relais 4x100m 4 nages. Il a été un nageur irréprochable en ce sens qu’il n’a jamais dérogé à ses principes. Il fut un nageur propre bien conseillé, il est vrai, par son entraineur, lui aussi de Péronne.
Stéphane Vossart émettait une certaine réticence quand il comparait la natation française et le milieu mondial : « Le niveau français est bon mais il y a un décalage avec le niveau international. On sait qu’il existe des techniques d’entrainement mais j’ai des doutes ».
Le nageur de Péronne pouvait se regarder dans une glace. Jamais il n’a cédé à la tentation et il a fait de la lutte contre le dopage un vrai combat. Il voulait même que ceux qui se faisaient prendre pour dopage, soient suspendus à vie. Dommage encore que Stéphane Vossart ait connu une époque qui était loin de ressembler à celle des Stravius par exemple.
A son retour de Barcelone, il effectuait son service militaire et ses pensées étaient alors dirigées vers Atlanta en 1996. Hélas, Barcelone est resté sa seule participation aux J.O. Qu’importe, Stéphane Vossart fait partie de la cinquantaine d’athlètes samariens qui ont participé aux J.O. depuis 1896 et mérite notre gratitude.
Lionel Herbet
Crédit photo : DR – Lionel Herbet