Non prolongé par le RCA, l’ouvreur Sud Africain, Ruan Van Rensburg revient sur son départ avec émotion et déception. Il retient tout de même du positif de son passage en France et à Amiens.
Comment as tu vécu l’annonce de ton départ ?
Franchement ce n’est pas facile d’entendre dire que ma performance ne méritait pas un renouvellement. C’est un départ difficile pour quelqu’un qui a toujours mis le club en premier, qui a toujours travaillé dur pour progresser, faire avancer le club et développer son rugby et qui a vécu des moments importants de l’histoire avec le club. Je ne peux pas mentir. C’est une période difficile.
Que retiens-tu de ton aventure à Amiens ?
Les gens ! Certaines des personnes les plus gentilles que j’ai jamais eu le plaisir de connaître. Alexandre Fougeroux qui m’a fait croire en moi et en mes capacités. Françoise Mallet qui nous a appris bien plus que la langue française, et nous a fait nous sentir chez nous. Baptiste Horville, malheureusement supporter d’Arsenal, mais toujours prêt à donner un coup de main. Sans lui, il aurait été impossible de naviguer dans ma vie en France. Bien sûr mes amis sur le terrain, mes coéquipiers, le staff et il y en a beaucoup plus. Les gens étaient gentils et généreux. J’apprécierais toujours leur amour et leur acceptation.
Comment expliques-tu que tu as malheureusement souvent été blessé ?
C’est intéressant parce que j’ai joué 13 matchs sur 20. Ce qui est similaire à d’autres joueurs. J’aurais aimé en jouer plus bien sûr. Mais deux fois une blessure au même genou. Un accident de rugby. Parfois, c’est juste de la malchance. Je vis une vie très professionnelle. Je dors bien et mange bien, je ne bois pas d’alcool pendant la saison, je fais des séances avec le kiné deux fois par semaine pour renforcer mes faiblesses ainsi que trois à quatre séances de gym par semaine. Et je mets un gros accent sur la récupération. C’est une vie normale pour un joueur professionnel. C’était difficile parce que ce n’était pas considéré comme du travail pour le club, si souvent cela devait se produire en dehors de la semaine de travail de 35 heures. Cela a nécessité une certaine adaptation. Mais comme je l’ai dit, tu peux être parfait dans la préparation et un accident se produit.
Qu’est ce que t’a apporté ton expérience à Amiens ?
Comme expérience de vie, c’était magnifique. L’opportunité de vivre en France, d’apprendre une nouvelle langue et de découvrir une nouvelle culture, c’était spécial. Les Amiénois sont gentils et bons. Je me sentais très à l’aise dans la ville. Je me suis fait des amis et on est maintenant amis pour la vie.
Quel est ton meilleur souvenir ?
Il y a beaucoup de moments importants que je pourrais trouver. Mais le meilleur souvenir, c’est lors de ma première saison un match pour la réserve en phase finale contre Blois. En 30 matchs pour RCA, c’est le seul dans lequel j’ai été satisfait de ma performance. C’était un bon moment avec de bonnes personnes. Le retour en bus était pas mal non plus.
Quel est ton moins bon souvenir ?
Le manière de mon départ. Vous avez parlé de blessures au moment de la décision j’avais joué un bloc de 6 matchs avec quelques performances importantes à domicile contre Ris Orangis et Versailles. Le club ne m’a informé de la décision que bien plus tard dans la dernière semaine d’avril. Ils avaient besoin que je me concentre sur le jeu et le maintien, et je pense que ce n’était pas juste. Nous avons vécu des moments importants ensemble pendant deux saisons, et cela méritait un plus grand respect. Comme je l’ai déjà dit, c’est difficile à vivre pour quelqu’un qui a toujours mis le club en premier. Je pense que je méritais de le savoir avant notre dernier match à domicile de la saison. Pour avoir l’opportunité de bien clôre le chapitre avec mon équipe. Pour remercier le staff et les supporters. Je peux accepter la décision de ne pas renouveler mon contrat même si je ne suis pas d’accord mais je pense que c’était important de garder une bonne relation, mais maintenant elle est cassée et c’est dommage.
Vas-tu rester en France l’année prochaine ?
Le plan est de retourner en Afrique du Sud, de passer du temps avec ma famille et mes amis et d’enlever tout ça de ma tête. J’ai besoin de temps et d’espace pour prendre une décision. Pour trouver le bon projet. Pas n’importe quel projet. Trouver quelque chose qui correspond à mon ambition.
Pour terminer il a décidé d’adresser une lettre à ses coéquipiers …
Enfin, je voudrais terminer par une lettre. Je ne suis pas quelqu’un qui parle souvent dans les médias. Mais j’ai décidé qu’il était nécessaire de fermer ce chapitre de ma vie d’une manière ou d’une autre. Aux autres étrangers, Riaan, Tapiwa et Shayne. C’était souvent nous contre le monde. Nous avons porté toutes les joies et les déceptions des autres. Vous êtes des joueurs de rugby incroyables, mais surtout vous êtes des êtres humains incroyables. C’est un privilège de vous appeler amis et collègues.
A mes coéquipiers français. N’oubliez pas que c’est votre club. Merci de m’avoir ouvert vos portes. Merci pour votre patience et votre gentillesse. Nous nous sommes battus durement ensemble, et j’espère que vous le chérirez autant que moi. Je sais qu’il est impossible de toujours m’aimer, mais j’espère qu’en général j’ai eu un impact positif sur vos vies.
Comme la plupart d’entre vous le savent, je suis un grand supporter de Newcastle United et je voudrais terminer par une citation célèbre de notre plus grand entraîneur : « Qu’est-ce qu’un club dans tous les cas ? Pas les bâtiments ou les administrateurs ou les personnes qui sont payées pour le représenter. Ce ne sont pas les contrats de télévision, les clauses de sortie, les services marketing ou les boîtes exécutives. C’est le bruit, la passion, le sentiment d’appartenance, la fierté de votre ville. C’est un petit garçon qui monte pour la première fois les marches d’un stade, serre la main de son père, reste bouche bée devant cette étendue de gazon sacré sous lui et, sans pouvoir rien y faire, tombe amoureux. » – Sir Bobby Robson
Aurélien Finet
Crédit photos : Léandre Leber – Gazette Sports