BALLON AU POING : « J’ai rêvé de ballon au poing » (2/2)

Ⓒ Crédit photo : Léandre Leber – Gazette Sports
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« J’ai rêvé de ballon au poing » (2/2)

« Au tour du foncier de la seconde formation de livrer. Un impératif s’ajoute à l’obligation de franchir la ligne de corde (c’est-à-dire de ne pas livrer en dessous), celui d’envoyer le ballon au-delà de la première chasse, celle qui se trouve dans son jardin, selon une expression familière souvent entendue. C’est chose faite sans problème, au terme d’un très long livrage. Le foncier adverse, trop avancé, ne parvient pas à reculer suffisamment et ne peut renvoyer le ballon au-dessus de la chasse qui est alors perdue pour les siens : « quinze à ! »

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Les joueurs évoluant au fond vont devoir se montrer vigilants, les cordiers être bien serrés juste derrière la deuxième chasse, la bleue, qu’il leur faut absolument gagner.

Au tir, trop confiant, pas assez concentré, le foncier livre dehors, directement : trente au fond, quinze au tir ! Il n’y a plus de chasse.

Nouveau livrage. Au tir, le foncier, plus appliqué, propulse le ballon bien au-delà des basses-volées opposés, l’autre foncier prend du fond, bien décidé, en cas de retour trop faible, à ne pas se faire bourrer par le milieu de corde de la formation rivale, le ballon, après un rebond bien anticipé, repart avec une puissance peu commune.

En face, il faut toute la force et la précision du basse-volée, venu suppléer son foncier (qui avait un peu trop reculé en prévision d’un très long rachas), pour expédier le ballon par-dessus, derrière la ligne de fond, au grand dam du foncier incapable de reprendre ce coup de volée de plus de cinquante mètres ! Trente à deux !

Quelle partie fort disputée ! Des applaudissements nourris fusent de part et d’autre des bancs des supporters respectifs qui assistent à du très beau jeu, tous les coups sont joués à fond, les beaux gestes servent le jeu, ils ne sont pas exécutés « que » pour la galerie ! La galerie ne manque pas d’encourager ses préférés et laisse échapper des termes que l’on entend qu’ici, autour des ballodromes : Prends du fond ! Fais serrer ta corde ! A la volèe ! En dessous ! Par-dessus ! Dehors ! Tu vas te faire bourrer ! Faut traverser ! Y a plus de vent ! A la chasse ! Elle est bonne pour les deux ! Un beau jeu à remonter ! Ne pelote pas avec lui ! Serrez, bon sang, serrez ! Casse dans la corde ! Autant d’expressions singulièrement liées à l’ambiance conviviale régnant dans le public !

On est donc à trente partout, pas de chasse et pour la troisième fois au tir, le foncier va livrer. Le ballon effectue une trajectoire basse, énergique qui certes n’arrivera pas au fond, mais dans le trou, l’espace situé entre le foncier et les deux basses-volées, sûrement trop serrés. Un bond dedans, le ballon est repris mais retombe à l’extérieur, le point est pour le tir, quarante–trente, la chasse du jeu à poser !

Quatrième livrage, le ballon prend de la vitesse mais le cordier adverse, attentif, le reprend en visant les pieds du milieu de corde. C’est sans compter sur la subtilité de ce dernier qui ne se laisse pas surprendre et d’un coup sec et nerveux fait faire un bond au ballon à quelques mètres devant lui, avant qu’il ne sorte du terrain.

Chasse du jeu posée, on traverse sur la marque de trente-quarante et on va livrer pour le gain de la chasse. Si le tir prend le point, on revient à quarante à deux, dans le cas contraire le premier jeu ira à l’équipe du fond.

Menant au score, le foncier s’apprête à livrer pour la seconde fois dans ce premier jeu. Décontracté mais fin observateur, il avait remarqué précédemment qu’en face, le cordier droit était parfois distrait. Alors, faisant mine de regarder loin devant lui, il dupe tout le monde avec sa livrée, il file, c’est-à-dire qu’il expédie la balle au ras du sol, la balle maligne terminant sa course sur les chaussures du cordier. Absence d’attention de sa part, tentant désespérément une reprise du pied, le malheureux cordier amortit malencontreusement le ballon qui lui reste collé aux pieds! Jeu ! Un à zéro.

Jeu suivant, au premier basse-volée de livrer.

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A la fin de mon rêve, j’ignore ce que Monsieur Vaquez a pensé de ma rédaction. Si j’écris parfois aujourd’hui ou plutôt si j’apporte mon témoignage par écrit, c’est à lui que je le dois.

Je ne me livrerai pas à une profonde étude des rêves (l’onirologie), trop complexe pour moi. Mais si jamais il existait aussi un lien entre mon maître d’école et l’intérêt manifeste que je porte au ballon au poing !

Si quelques lectrices ou quelques lecteurs ont pris un peu de plaisir à lire « ce que j’ai vu au cours du premier jeu de la partie de ballon »,  ce serait là un bel hommage de remerciement que j’aurais adressé cinquante cinq ans plus tard à mon maître d’école ».

Gilles CARON

Crédit photo : Léandre Leber – Gazette Sports

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Publié par La Rédaction

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