L’Amiens UC a ramené des médailles aussi bien des championnats de France de lancers longs que des championnats de France U18 et U20 indoor.
À Salon-de-Provence, dans des conditions météo compliquées par le mistral et le froid, c’est Jean-Baptiste Bruxelle qui ouvrait le bal d’un week-end 100% marteau côté amiénois. Du haut de ses 20 ans, c’est logiquement chez les seniors qu’il concourrait, même s’il était également éligible à la catégorie espoirs, « parce que la concurrence est plus intéressante et parce que cela fait plus de points pour le ranking », explique son entraîneur, Serge Foucat.
Du côté du résultat, on en ressort avec un sentiment mitigé. Certes, il termine 2ème avec un meilleur jet à 72,95 m, mais « il est un peu déçu parce qu’il y avait moyen de faire mieux que ça. » Au point, alors que son coach le juge « plus fort que l’année dernière », que la performance soit en-deçà. Pas d’inquiétude toutefois à l’aube d’une saison où « clairement, son objectif, c’est de se qualifier aux championnats du Monde dans l’optique des Jeux Olympiques l’année prochaine (Paris 2024, ndlr). Il faut prendre de l’expérience dans les grosses échéances internationales. »
S'attardant sur ce qui attend Jean-Baptiste Bruxelle dans sa route vers les championnats du Monde, Serge Foucat a d'abord évoqué la coupe d'Europe de lancers : "On attend la sélection pour la coupe d'Europe. Pour JB, c'est acté, il lancera en seniors, pour les histoires de ranking. La 8ème place en seniors marque autant de points que celui qui gagne en espoirs. Et comme il lance en seniors, ça laisse une possibilité d'avoir Wiltrid (Huet, ndlr) si la Fédé engage une équipe espoirs." Il a ensuite fait le point sur les moyens de se qualifier pour les Mondiaux de Budapest : "Il y a deux voies possibles : les minimas directs, placés à 78 m, ce qui n'est pas inatteignable, mais on travaille aussi sur le ranking. La politique de World Athletics est de mettre de plus en plus de qualifiés au ranking. Ils veulent arriver à peu près à 70% de qualifiés au ranking." De quoi longuement revenir sur l'implication de ce mode de qualification dans l'organisation de la saison : "Cela demande une stratégie, il faut à la fois de la régularité et aller sur les bonnes compétitions, les gros meetings. Il y a de la réflexion à avoir, regarder les compétitions qui rapportent des points. J'ai fait tout un tas de simulations. Il y a besoin d'une aide de la Fédé pour avoir des meetings qui rapportent. On est en train de regarder pour aller en faire un au Kenya. A priori, il devrait être sur le Meeting de Paris cet été. Il y a toute cette anticipation à avoir. L’entraînement, c'est la partie émergée de l'iceberg. Derrière, il y a la programmation, la logistique, sachant que ça a une influence sur les séances d'entraînement." Et de terminer par une anecdote : "Ça va même plus loin que ça puisque on a eu des scientifiques qui étaient là, avec un capteur sur un marteau pour analyser et trouver des améliorations dans la technique de lancer."
Le marteau a de la ressource
La suite du week-end a été marquée par plusieurs satisfactions à commencer, par l’espoir Lara Tilve, arrivée à l’automne dernier à l’Amiens UC en provenance de Colmar et qui « a explosé son record » avec un meilleur jet à 52,58 m. De quoi être « contente parce que la perf est bonne » souligne Serge Foucat, mais également « un peu frustrée parce qu’il manque un mètre environ pour être sur le podium », un mètre qui la repousse au 6ème rang.
Le lendemain, dans des conditions « encore plus exécrables », c’était au tour d’Aurore Dilly de réussir un joli résultat. À l’inverse de sa cadette, la performance brute est en deçà de ce qu’a déjà pu réussir l’athlète amiénoise, mais en finissant 7ème française, elle « passe en finale pour la première fois, elle a pu faire ses 6 essais, c’est bien », se réjouit son entraîneur.
Seule vraie « déception », Octave Pineau chez les cadets. Serge Foucat le reconnaît, il « n’a pas été bon », n’atteignant que 48,23 m malgré un record à 56,67 qui lui aurait permis d’être finaliste et pas bien loin de la lutte pour le podium, qui se disputait un mètre plus loin. Un échec qui reste un point de passage dans son apprentissage, lui qui ne participait qu’à ses deuxièmes championnats de France hivernaux.
Un contretemps qui n’a pas empêché le week-end de bien se terminer avec Wiltrid Huet, favori du concours espoirs, en l’absence cette fois de Jean-Baptiste Bruxelle pour le priver du titre. Dès son premier lancer, « il démarre très bien le concours avec un jet qui lui aurait assuré le titre. » Puis, après avoir eu « un peu de mal sur les deux essais suivants, il place un jet à 63,60 m où il bat son record » jusqu’alors à 62,07 m, fixé en octobre dernier.
Et l’avenir s’annonce radieux. Car au-delà de Jean-Baptiste Bruxelle, « derrière, il y a un groupe qui fonctionne, ça progresse » se félicite Serge Foucat qui note aussi « une junior qui n’était pas loin d’être qualifiée » et insiste sur le fait qu’il attend Wiltrid Huet encore plus loin dans un futur proche : « On sait qu’il va encore faire mieux. On a changé la technique en début d’année quand il est passé au marteau de 7kg. Il s’adapte bien. On est bien contents. »
Des sourires de Lyon à l’Angleterre en passant par l’Aisne
Content, l’Amiens UC pouvait aussi l’être à Lyon, à l’occasion des championnats de France juniors et cadets. Si, dans la première catégorie, Jeanne Delgrange Bukovac sur 400 m et le Belge Nemo Rase sur 60 m haies n’ont pas passé les séries (respectivement 20ème temps des séries et DNF), plusieurs médailles ont été décrochées en cadets. Yanis Vanlanduyt a ainsi pris le bronze sur 800 m et Vanessa Lokuli a ramené deux breloques, l’argent à la longueur grâce à un saut à 5,97 m et le bronze sur 60 m en 7″58. Juliette Gavois a, elle, réalisé le 19ème temps des séries du 800 m.
Notons enfin que ce week-end a été marqué par le 3ème place (premier Français) de Geoffrey Leturcq sur le 10 km de Morcourt, par la 4ème place d’Erwan Konaté (7,82 m, sa meilleure performance depuis le début de l’année) au Meeting Gold de Birmingham, derrière un podium intégralement nord-américain ou encore par la participation, mais dans un concours distinct de celui qui a valu le nouveau record du monde à Armand Duplantis, du décathlonien belge licencié à l’AUC Niels Pittomvils au All Stars Perche de Clermont-Ferrand.
Morgan Chaumier
Crédit photos : Kevin Devigne – Gazette Sports