Capitaine de l’Amiens Picardie Handball, Roman Scattolari, actuellement meilleur marqueur de N1 avec 85 buts, effectue sa 6ème saison avec le club amiénois. Le demi-centre revient sur l’année 2022 et sur la saison en cours.
Comment jugez-vous votre début de saison ?
Sur la première partie de saison, je pense que le bilan est positif puisque sur 13 matchs on en a remporté 9, on a fait un match nul et concédé 3 défaites. On a aussi la meilleure attaque et la troisième meilleure défense du championnat, cela montre que l’on a une équipe bien équilibrée. On a un seul vrai faux pas, c’est notre défaite à Créteil à domicile où on le sait, dans notre Coliseum on doit être intraitable. On a aussi perdu contre Ivry, un match où on avait beaucoup d’absents et contre Torcy où on est un peu tombé dans un piège au niveau de notre attaque et au niveau de leur densité offensive. C’est une première partie de saison positive, donc c’est super d’être dans cette équipe. Je fais ma 6ème saison à Amiens, j’ai le sentiment que c’est ma meilleure saison individuellement, mais aussi collectivement où l’équipe est bien rodée et on s’entend bien en dehors du terrain. C’est aussi la liberté que me laissent les coachs qui me permet d’être performant. La sérénité que j’ai dans ma vie privée y contribue aussi. Six ans cela passe vite, je suis en fin de contrat à la fin de la saison et j’ai hâte de rencontrer les dirigeants pour qu’ils me présentent le projet sportif pour les futures années.
Collectivement, vous semblez être un groupe uni, soudé et travailleur, ça fait la différence et c’est votre force ?
Oui c’est ça, on a la chance d’avoir une équipe avec une moyenne d’âge assez jeune, on a deux « papys » qui sont Rabah Soudani et Abdelmalik Slahdji, mais derrière on a une équipe plutôt jeune, et c’est ce qui fait que l’on s’entend bien sur le terrain mais aussi en dehors. On a beaucoup de moments de partage en dehors du terrain donc forcément ça resserre les liens et derrière quand on aborde les matchs couperets, un peu plus difficile, c’est bien de se sentir entouré de soldats, de Pirates comme on aime bien nous surnommer. C’est aussi notre force collective qui fait qu’on est à cette place-là au classement.
Offensivement vous êtes efficaces, défensivement c’est aussi très solide avec deux très bons gardiens, on a du mal à trouver des points faibles à cette équipe.
On a une attaque qui marche bien parce qu’on a des affinités entre nous, sur des projets collectifs globaux notre jeu est bien rodé, on a des affinités à deux ou à trois qui fonctionnent bien. On n’hésite pas à mettre de la variété dans nos attaques, avec des temps forts de Bryan Legras par exemple, il arrive à faire des différences et derrière cela crée des décalages. On a aussi l’équilibre défensif autour de nos numéros 3, notamment Enzo Verbreaken-Boucaud qui est très performant dans ce domaine, cela soulage le gardien qui peut faire des arrêts et on le sait que dans notre sport, le handball, avoir un bon gardien est super important, le gardien est performant parce que la défense l’est aussi, elle verrouille derrière.
On a envie d’y croire parce que la deuxième partie de saison est plutôt favorable pour nous
Roman Scattolari
Mais on a toujours des points faibles, malheureusement on a un effectif qui n’est pas à rallonge, donc forcément quand il y a des petits bobos, des petites blessures comme le match contre Ivry par exemple où on a été amoindri, là c’est plus difficile d’avoir les rotations et d’avoir les joueurs performants qui sortent du banc. Peut-être que la profondeur de banc peut nous faire défaut quelques fois, mais après c’est le lot de toutes les équipes. Au-delà de ça, je trouve qu’on a 14 joueurs, mais ce sont 14 bons joueurs, par rapport aux autres équipes où on sent que les remplaçants peuvent être un cran en dessous. Nous, on sait que quand quelqu’un sort du banc, il est tout de suite performant et il apporte sa pierre à l’édifice, c’est ça qui fait notre force aussi.
Même si nous ne sommes qu’à la trêve et malgré le retrait de 3 points, la première place est forcément un objectif dans un coin de votre tête ?
Oui bien sûr, il y a malgré tout de la frustration à cause de ce retrait de points, qu’on ne comprend pas trop. On est repassé quatrième, donc forcément ça va être dur d’aller chercher Tremblay. Mais on a envie d’y croire parce que la deuxième partie de saison est plutôt favorable pour nous, on va recevoir au Coliseum les trois équipes qui sont devant nous. C’est positif et il reste 13 matchs, il y a cinq points d’écarts et on reçoit, donc on a des raisons d’y croire.
Avec votre partenaire Thomas Zirn, vous êtes aux deux premières places au classement des buteurs, vous êtes au coude à coude avec votre coéquipier, y a-t-il une petite compétition entre vous ?
On va dire qu’on n’est pas obnubilés par ça, ce qui est sûr c’est qu’on y prend goût, c’est bien aussi d’avoir un peu d’effervescence et de se renvoyer la balle, parfois c’est lui, parfois c’est moi. On se rend compte aussi, et c’est ce qu’on se dit à chaque fin de match avec Thomas, que peu importe le nombre de buts que l’on marque individuellement ou à deux, le plus important c’est que l’équipe gagne. Après forcément, on a une attaque bien rôdée, autant sur le jeu rapide où Thomas est très performant, il monte vite les ballons, que sur l’attaque placée. On a peut-être plus d’opportunité de briller individuellement que certaines équipes, mais c’est en grande partie grâce au collectif.
Vous êtes le capitaine de l’équipe N1, est-ce un rôle qui vous tient à cœur ?
Oui c’est un rôle qui me tient à cœur, on va dire que j’ai un bon exemple auquel je dois m’inspirer c’est Julien Richard qui était capitaine pendant de nombreuses années dans cette équipe. Le travail n’est pas toujours facile, il faut essayer d’arrondir un peu les angles pour que tout le monde trouve sa place dans cette équipe. Le plus important encore une fois, c’est la réussite sportive et cette première partie de saison le montre un peu. Ce qui est important c’est de faire le relai quand ça se passe un peu moins bien, mais pour l’instant il n’y a pas encore vraiment eu de mauvais côté, ce sera important de bien gérer quand il y aura une baisse de régime ou quelques déconvenues.
Quel regard portez-vous sur l’affluence en hausse au Coliseum, notamment sur les derniers matchs ?
C’est vraiment bien, c’est le gros travail de nos dirigeants et de nos bénévoles qui œuvrent tous les jours pour remplir le Coliseum, sur quelques matchs on frôle les 1 000 personnes. Pour un sport collectif de salle, je pense qu’à Amiens on a le meilleur public et la plus grande affluence. Pour avoir joué dans d’autres clubs de N1, je peux vous dire que l’effervescence et la quantité de supporters n’est pas la même dans les autres clubs donc c’est vraiment bien. Nous les joueurs, on a conscience que ce sont nos résultats qui font que les gens reviennent, il y a peut-être aussi notre proximité avec les supporters où on aime bien rester avec eux débriefer le match.
Le club a mis en place cette saison son Pôle Elite dans le cadre de la formation de jeunes joueurs, que pensez-vous de ce projet ?
En tant que capitaine de l’équipe et effectuant quelques missions au club, je suis très attaché à la formation. Je trouve cela vraiment bien que le club ait mis en place ce Pôle Elite et au-delà de ça, on aimerait voir des joueurs émerger dans notre effectif N1, même si c’est déjà le cas avec Batiste Demulier et Erwan Trezel qui ont déjà goûté un peu à la N1. Cela prouve que l’on peut être issu du club de l’APH, intégrer l’effectif de l’équipe première et avoir une place prépondérante dans l’équipe, ça c’est vraiment bien. Les dirigeants ont fait l’effort de créer ce Pôle Elite autour d’Aymeric Poumeyrol, qui est le responsable de la filière jeune, il faut continuer ainsi, essayer de le solidifier et de le rendre le plus qualitatif possible.
Quelle a été votre plus belle émotion dans le sport cette année ?
Je reste très marqué, du bon côté, par notre dernière victoire à Metz, où c’était un match compliqué, un vrai match de handball que ce soit en attaque ou en défense. On a réussi grâce à notre force collective à gagner le match d’un but, souvent ces victoires ce sont les plus belles. De manière plus générale, le parcours de l’Equipe de France de football à la Coupe du Monde est un très bon souvenir, quoi qu’on dise sur le football ou sur les footballeurs, c’est un sport fédérateur qui arrive à rassembler n’importe qui et n’importe quand. Même si ce parcours ne se finit pas par un titre, il est très positif.
Que peut-on vous souhaiter pour l’année 2023 ?
On en a déjà parlé un petit peu mais qu’on arrive à recoller au peloton de tête au niveau du classement. C’est une phrase un peu bateau que l’on dit chaque année mais on espère aussi la santé, c’est important, on s’en rend compte dans notre équipe avec Axel Chicot qui a rechuté par rapport à son genou, on se rend compte de la chance que l’on a de disputer chaque match, donc il faut en profiter et positiver. On a eu des moments difficile notamment avec la pandémie nous les sports collectifs, donc il faut vraiment profiter de l’instant et essayer qu’il y ait le maximum de monde quand on joue le samedi au Coliseum.
César Willot
Crédit photo : Eva Daubenton, Léandre Leber – Gazette Sports