Henri-Paul Fin « Je ressens toujours les mêmes frissons »
Quand il a participé aux Jeux Olympiques de Munich en 1972, Henri-Paul Fin n’était pas encore Picard. Il était alors licencié au club de la Pédale madeleinoise dans le Nord et c’est bien plus tard, qu’il viendra se fixer dans notre département.
Sa sélection aux Jeux de Munich, Henri-Paul Fin excellent spécialiste de l’effort solitaire, l’avait obtenue grâce au titre de champion de France de poursuite par équipes avec son club.
Aujourd’hui, il est le maire de Saint Fuscien mais aussi dirigeant de Promotion Sport Picardie. Les Jeux de Munich lui rappellent évidemment de bons souvenirs même si, au plan sportif, les résultats n’avaient guère été fameux. Henri-Paul Fin faisait partie de l’équipe de France qui participait au 100km par équipe de quatre. Une course qu’il a vite oubliée car elle s’est transformée en vrai cauchemar.
Pourtant, ce jour-là, le mardi 29 août 1972, Henri-Paul Fin était en forme et incontestablement le meilleur des quatre concurrents Guy Sibille, Jean Claude Meunier et Claude Magni. Les Tricolores furent surtout trahis par l’écroulement de Sibille qui n’était pas dans le rythme et ce dès les premiers kilomètres. De plus, Meunier fut victime d’une crevaison. La France était largement battue et terminait 18e à plus de sept minutes des Russes. Pire, les Français étaient devancés par la formation de… Cuba. Un comble.
Henri-Paul Fin était déçu et il déclarait après la course : « C’est dommage car j’étais fort aujourd’hui. J’étais dans une condition quasi parfaite. Dans les derniers kilomètres je doublais même la longueur des relais. »
Juste après cette épreuve par équipes ; Henri Paul Fin prenait l’avion pour… Macon afin de disputer une épreuve sélective pour la sélection dans l’épreuve individuelle des Jeux.
Cela reste le plus beau souvenir de ma carrière
Lors d’une récente assemblée générale de Promotion Sport Picardie, nous avions demandé à Henri-Paul Fin quels souvenirs il gardait de Munich :
« Pour moi, cela reste le plus beau souvenir de ma carrière. J’avais fait la connaissance de Guy Drut, Nordiste comme moi, le nageur Michel Rousseau et l’haltérophile soviétique Alexeiev qui m’a fait penser à un homme de la préhistoire. Dès l’instant où se déroule à chaque fois la cérémonie d’ouverture, je ne veux pas la rater et je ressens les mêmes frissons qu’en 1972.
Les gens me parlent souvent en me disant : tu as fait le Tour ? Oui, j’ai participé à la Grande Boucle mais les Jeux Olympiques c’est quand même au-dessus. Etre sélectionné et représenter la France, c’est quelque chose de formidable. Cela m’a marqué. Tout comme la réception que nous avions eue à Matignon et c’était Pierre Messmer qui nous avait reçus. Avoir 20 ans et être reçu par le Premier Ministre, c’est quelque chose qui ne s’oublie pas.»
Ayant quitté le village olympique la veille du drame, Henri-Paul Fin n’a pas vécu l’attentat qui a eu lieu dans le village olympique avec l’assassinat de représentants israéliens par des Palestiniens. Par la suite, Henri- Paul Fin est devenu professionnel durant cinq ans et il fut l’équipier du Hollandais Zootemelk et du Belge Van Impe, tous deux vainqueurs du Tour de France.
Maire de Saint Fuscien depuis 2020, Henri Paul Fin suit toujours l’actualité sportive et c’est ainsi qu’il a le bonheur d’avoir dans son village un certain Erwan Konate, double champion du monde du saut en longueur et qui ira peut-être aux Jeux Olympiques de Paris en 2024.
Lionel Herbet
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