ATHLÉTISME – Guy Ontanon : « Entraîner est un acte pédagogique »
Entraineur des plus grands sprinters français (Christine Aron, Muriel Hurtis, Fabe Dia, David Patros, Jimmy Vicaut mais aussi le décathlonien Laurent Hernu), Guy Ontanon était l’invité d’honneur de la récente assemblée générale des Entraîneurs picards qui s’est tenue dans le cadre de la Foire Exposition d’Amiens.
Intronisé au sein de l’académie des entraîneurs
Au cours de cette soirée, Guy Ontanon est devenu membre de cette Académie mais Claude Fauquet, le président du CROS, lui a également demandé de retracer son parcours. Première surprise, Guy Ontanon n’a pas pratiqué, du moins à un bon niveau, l’athlétisme. Il est vrai qu’il était enseignant d’EPS et c’est une explication à ce qui fut sa passion pour entraîner.
Guy Ontanon a d’abord exercé dans un petit village de l’Oise au sein d’un club de basket que venait de créer son père. Ce dernier voulait que Guy entraine les jeunes du club. Les succès se succédaient. Guy Ontanon aurait-il pu réussir une belle carrière en basket ? Nul ne le sait à commencer par l’intéressé lui-même. Jusqu’au jour où il a été sollicité pour s’occuper de jeunes athlètes, notamment David Patros tandis que la grande sœur de Fabe Dia le démarchait pour s’occuper de jeunes en athlétisme. Guy Ontanon découvre alors le milieu de l’UNSS. Et cela lui plaît. Beaucoup d’entraineurs viennent du reste de l’éducation physique.
La mission de l’entraîneur
Pour Guy Ontanon, l’entraineur est « celui qui va passer la transmission. Il a une mission de rayonnement et d’engagement au quotidien. Entrainer est un acte pédagogique et c’est donner et consacrer sa vie aux autres ». Alors, Guy Ontanon met le doigt puis la main et ensuite le bras et c’est l’engrenage vers une carrière de haut niveau.
Guy Ontanon a entrainé individuellement des champions mais dit-il « l’athlète a besoin du groupe pour être performant. La réussite individuelle résulte toujours d’un projet commun. Peu à peu, je me suis construit et il a fallu que j’écoute beaucoup car très tôt, j’ai été confronté au problème de haut niveau. L’entraineur doit être à l’écoute de l’athlète ». Guy Ontanon reconnait que le métier d’entraineur a beaucoup évolué ces dernières années. « Le mot management n’existait pas quand je suis arrivé à l’INSEP voici quelques années ».
L’entraîneur d’Aron, Hurtis et Vicaut
Aujourd’hui, le dialogue entre l’entraineur et l’athlète est important. Mais ce dernier a tendance, de plus en plus, à s’assurer le concours d’un préparateur mental voire d’un psychologue. Pour Guy Ontanon, il n’a pas toujours été facile d’entrainer en même temps les deux stars qu’étaient Hurtis et Aron. Il fallait ménager la susceptibilité de l’une et de l’autre. D’où cette remarque de Guy Ontanon : « On ne nait pas entraineur, on le devient ».
Enfin, Guy Ontanon l’a reconnu volontiers que dans son métier, il n’y avait pas que des satisfactions mais aussi beaucoup de déceptions voire de coups bas. Tel ce chemin effectué avec Jimmy Vicaut, le meilleur sprinter français du moment. « Ce fut une belle histoire qui s’est terminée en eau de boudin », reconnait Ontanon. Le fait de n’être pas du « milieu » l’a souvent desservi.
En conclusion, il a été noté que depuis les championnats du monde de Paris en 2003, la mentalité des athlètes français avait évolué. « Avant, l’athlète voulait se qualifier pour la finale. Maintenant, il veut une médaille ».
Lionel HERBET
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