BASKET-BALL : O.Morel : « Je n’ai pas cette culture du derby »
Président de l’Amiens sporting club basket-ball (ASCBB), Olivier Morel est satisfait du début de saison de son équipe, actuellement huitième de la poule G de Nationale 3. Alors que se profile le derby contre l’ESCLAMSBB, leader incontesté de la poule, le président amiénois demeure persuadé que ses joueurs répondront à l’adversité par des vertus collectives qui font la marque de fabrique de son équipe.
Comment jugez-vous le début de saison de votre équipe ?
Dans l’ensemble, je suis tout de même content. Nous sommes un promu, nous avons énormément de jeunes joueurs, seulement deux joueurs qui avaient déjà évolué en Nationale 3, je pense donc que si nous avions été épargné par les blessures nous aurions facilement une ou deux victoires de plus. Le groupe est combatif et solidaire, il s’entraîne bien, je suis certain que cela finira par payer. Je ne suis pas inquiet et content du comportement général de l’équipe. J’ai pu assister à tous les matches, excepté la rencontre à Sartrouville, nous ne sommes jamais largués. Pour un promu, c’est extrêmement satisfaisant.
Les quelques défaites dans le money time suscitent de la frustration…
Forcément, c’est frustrant mais nous ne sommes pas loin à chaque match. Sur les trois premiers matches, nous en empochons deux et nous perdons contre Gennevilliers. A Ardres, nous jouons sans le moindre intérieur et nous ne perdons que de onze points en ayant mené à la mi-temps. Le plus important est que nos jeunes joueurs continuent d’apprendre.
L’objectif du club demeure le maintien…
L’objectif est d’en mettre au minimum trois derrière nous. Je suis confiant en notre capacité à atteindre cet objectif.
Vous vous appuyez beaucoup sur les jeunes, pourquoi avoir adopté cette philosophie ?
Nous avons une politique de formation, les deux tiers de l’effectif ont été formés dès le plus jeune âge au club. Ils ont joué en pré-national, l’idée est qu’ils participent à la vie d’un club, qu’ils grandissent avec le club. Si nous arrivons à garder ce groupe-là, nous pourrons faire de bonnes choses. Nous aurions un peu d’argent, nous aurions essayé d’obtenir un intérieur un peu plus costaud afin de renforcer l’équipe. Pour le reste, la formation est un vrai choix de politique sportive. Nos cadets, nos minimes ont été champions de Picardie, nous avons eu le trophée de meilleur club formateur en Picardie, et ce devant Saint-Quentin. Ce trophée-là est celui qui m’a fait le plus plaisir. Nous avons trop tendance à nous focaliser sur l’équipe fanion. La formation est souvent galvaudée alors que cela reste la première mission d’un club. Nous sommes passés de 14 à 40 gamins à l’école de basket, c’est pour moi le plus important. Il faut aussi voir ce que nous avons accompli depuis plus de dix ans. Cette année nous allons nous maintenir et l’an prochain nous jouerons le premier tiers du classement. Cela passera donc par le recrutement d’un intérieur supplémentaire. Nous joueurs dans ce secteur sont bons mais trop jeunes et inexpérimentés.
Ne craignez-vous pas que cette inexpérience fasse défaut cette saison ?
D’expérience en Nationale 3, c’est certain et nous le savions. Nous avons perdu certains matches en raison de ce manque d’expérience mais j’ai confiance en la capacité de nos joueurs à apprendre rapidement. La seule chose qui pourrait nous jouer des tours serait d’avoir de nouveaux pépins physiques assez importants. Nous aurons aussi l’avantage de recevoir tous nos concurrents directs lors de la phase retour, cela pourrait s’avérer important en fin de saison. Nous recevrons notamment lors de l’ultime journée, on pourrait donc jouer notre destin à domicile. Pour être dans les clous, il faudrait encore décrocher une à deux victoires avant la fin de la phase aller.
Le risque n’est-il pas que l’ASCBB se cantonne à être un club formateur qui se fait pilier une fois les joueurs à maturité ?
Il n’y a qu’un seul club qui peut le faire, c’est Longueau. Ils ont par exemple contacté tous nos joueurs à la période des mutations. Longueau a proposé certaines choses que les joueurs ne peuvent pas obtenir chez nous mais ils sont tous restés au club. Cela veut donc dire qu’ils ont confiance et qu’ils se retrouvent dans le projet que nous pouvons leur proposer. Cela veut aussi dire qu’ils voulaient toujours travailler avec l’entraîneur. Tout cela valide l’orientation que nous avons pu prendre et montre que les joueurs s’identifient à ce maillot.
Quelle est la réaction d’un président qui voit le club voisin approcher l’ensemble de ses joueurs ?
Sur le coup, j’ai mal réagi, je trouvais cette attitude assez moyenne. Par la suite, je ne suis pas étonné par la démarche et je préfère que ça s’arrête là. Je ne veux pas m’occuper des autres, je me concentre sur mon club.
Les freins financiers tempèrent également vos ardeurs…
Pour avoir un grand club de basket, il faudrait que la métropole le désire, or ce n’est pas le cas. Le football et le hockey demeurent les vitrines du sport amiénois. Ensuite, il y a de nombreux sports à faire vivre sur Amiens et l’ensemble de la métropole. Mon rêve serait d’aller en Nationale 2, mais cela nécessite de trouver 150 000 euros.
Ce sont donc les partenaires privés qui font, aujourd’hui, la différence entre l’ASCBB et l’ESCLAMSBB ?
Notre principal souci est que nous sommes dans un coin d’Amiens où il n’y a absolument rien. Longueau peut s’appuyer sur Glisy, Rivery et ainsi trouver des sponsors comme Géant. Pour nous, c’est plus complexe. Le patron du Leclerc de Rivery va me donner un coup de main temporaire pour samedi. Le problème est que notre collaboration ne peut pas aller plus loin, on se trouve à l’extrême opposé d’Amiens. Je ne peux rien lui apporter.
La métropole vous verse la même subvention…
Ils versent un peu plus à Longueau en raison de la section féminine. Ensuite, Longueau a des aides de sa municipalité que nous n’avons pas, ils sont en mesure de prêter un véhicule par exemple. Nous avons donc un véritable problème de sponsor et d’accompagnement. Nous n’avons même pas de club house pour recevoir le peu de sponsors qui nous aident. Nous sommes le seul club de Nationale 3 à jouer sur du béton, après on s’étonne d’avoir plus de blessures que les autres.
Que représente ce match dans une saison ? Peut-on réellement parler de derby à part entière ?
C’est un match important pour Frédéric (Domon, ndlr). Pour ma part, je n’ai pas cette culture du derby. Il y aura beaucoup de monde, une attente des supporters, les médias vont également se montrer, mais ce ne sera pas un match particulier pour ma part. Certains me rappelleront le match pour la montée il y a deux ans, où cela s’était joué au goal–average, mais le fait que ce soit contre Longueau n’avait pas changé la nature de ma déception. De toute manière, nous n’étions pas prêts pour monter en Nationale 3. En outre, nous ne jouons pas avec les mêmes moyens, Longueau joue la montée alors que nous jouons le maintien. Pour moi, la seule attente est que mes joueurs ne se blessent pas, les matches importants arriveront après ce match contre Longueau. Nous ne jouons pas notre destin sur ce match.
Quand on vous parle de cet affrontement, quelle rencontre vous revient en mémoire ?
Cela reste notre victoire en Coupe de la Somme. Un de mes amis est décédé la veille du match, les joueurs se sont dépouillés pour gagner en sa mémoire. Nous l’emportons de 20 points alors que Longueau allait monter en Nationale 3. J’ai même pleuré ce jour-là, alors que ce n’était qu’une Coupe de la Somme.
Quel rôle joue le président dans la semaine précédant ce match contre Longueau ?
Je serai dans les vestiaires vingt minutes avant la rencontre afin de les encourager. Je passerai aussi à la mi-temps, qu’importe le résultat. A la fin du match, je féliciterai mes joueurs parce qu’ils auront gagné ou bien je leur dirai que cette défaite n’est pas très grave puisque ce n’est pas sur ce match que nous jouons notre maintien.
Comment voyez-vous le scénario de cette rencontre ?
C’est le type de match que je n’aime pas, ce sera un basket rude et physique. Je n’ai pas appris le basket à travers cette philosophie, j’aime le basket collectif qui s’appuie sur du mouvement et des passes. Les arbitres sont rarement à la hauteur du match en plus, tous nos affrontements serrés se sont joués sur l’arbitrage. Si ce dernier sifflait le jeu dur, nous l’avons toujours emporté. Quand un match se joue à quatre ou cinq points, la philosophie de l’arbitre, qui plus est lorsque les deux équipes ont une conception du jeu viscéralement opposée, devient prépondérante dans le destin de la rencontre. Quand j’ai repris le club, nous prenions 80 points contre Longueau, aujourd’hui nous jouons dans la même division et nous sommes presque au même niveau.
Un pronostic ?
Ce sera compliqué mais je pense que si nous réalisons le même match que contre Loon-Plage nous serons alors en mesure de les inquiéter. Le risque est tout de même que cela devienne compliqué sur la durée du match. Nous reviendrons sans doute dans le match, comme nous le faisons souvent, avant de craquer physiquement dans les cinq dernières minutes. Si nous perdons de 10-15 points ce sera déjà satisfaisant. Pour autant, nous allons débuter le match avec la ferme intention de l’emporter mais nous savons très bien que ce ne sera pas simple.
Propos recueillis par Romain PECHON
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