Alors que nous entrons dans une nouvelle décennie, nous avons interrogé plusieurs acteurs du sport amiénois sur leurs souvenirs des dix dernières années. Aujourd’hui nous retrouvons Titi Buengo, coach de l’US Camon, pour cet échange.
Bonjour Titi, quel est ton meilleur souvenir sportif de ces 10 dernières années ?
Je dirais Messi. Oui, Messi, et Cristiano. C’est ce qui m’a le plus marqué parce qu’ils ont tout gagné en 10 ans. Les deux rassemblés, ça aurait fait le joueur idéal. Il y en a un qui est un travailleur, l’autre a un don. Mais il travaille, aussi ! Parce qu’il ne faut pas oublier que Ronaldinho avait un don mais il n’a pas travaillé comme Messi ou Cristiano Ronaldo. J’aime beaucoup Messi pour sa lecture de jeu, parce qu’il sait jouer avec les autres. Il a des qualités largement au-dessus.
Comment tu expliques qu’ils aient en revanche eu peu de succès en sélections (un Euro et une Ligue des Nations pour Ronaldo, une finale de Coupe du Monde perdue pour Messi) ?
Ce n’est pas la même chose. Dans leur équipe, ce sont eux les stars, tout le monde joue pour eux, ils sont reconnus comme cela. Tandis qu’en sélection, ils sont rejoints par des joueurs qui sont aussi stars de leur équipe, il y a un égo, plein de choses comme ça. Et puis, en sélection, tu ne t’entraînes pas ensemble tous les jours, tu n’as pas la fluidité que tu as dans un club.
A l’inverse, quel serait pour toi le pire souvenir de ces 10 dernières années ?
Je dirais que c’est l’arrêt de Ronaldinho. Après son Ballon d’Or en 2008, il joue encore 2 ans et c’est fini après (il continue encore 4 ans sur le continent américain, ndlr). Il termine sur de la prise de poids… C’est incompréhensible. Il commençait à être au sommet de son art et ça a duré 2-3 ans, pas plus…
C’est le défaut brésilien, […] Ils ont ce côté festif qu’on aime bien, parce que le football, c’est un jeu, c’est un amusement. Mais dès lors que tu leur demandes de la rigueur, c’est difficile à long terme.
Même Samuel Eto’o disait dans sa biographie qu’il n’avait jamais vu un joueur comme Ronaldinho. Si ce joueur-là s’était entraîné, s’il avait été sérieux, il aurait été au-dessus. C’est le défaut brésilien, tu as eu Ronaldo pareil, Adriano, du jour au lendemain, ça a été fini. Ils ont ce côté festif qu’on aime bien, parce que le football, c’est un jeu, c’est un amusement. Mais dès lors que tu leur demandes de la rigueur, c’est difficile à long terme.
Je vais te demander la même chose sur le sport amiénois, qu’est-ce qui t’as marqué positivement et négativement ?
Je dirais la montée d’Amiens en L1. C’est quelque chose de magique. Quand tu vois tout le scenario durant les 3 ans, tu peux faire un film ! On a vibré constamment. Ce n’a jamais été facile, il s’est toujours passé quelque chose avec des matchs clés, des moments importants, dans la dernière minute, dernière seconde.
Et le souvenir qui ressort là-dedans, c’est le but de Manu Bourgaud. Quand tu regarde l’image, le match, le président dans les tribunes, les joueurs sur le banc de touche, c’était impressionnant, des frissons jusqu’à la tête ! Je vois Guy N’Gosso qui sort du banc, qui court, tous les joueurs courent, je vois Jean le speaker fou de joie, c’était dingue. A la coupe du Monde 2018, j’ai frissonné, mais ce moment-là est encore plus fort parce qu’à la coupe du Monde, on savait que c’était plié, alors que là, c’était le dernier moment.
Négativement, ce qui m’a marqué, c’est le départ de Pélissier. On en voit les conséquences. Aujourd’hui, quand on constate la situation, on ne peut que penser cela. Avant qu’il arrive à Amiens, il avait déjà son histoire. Il maîtrisait son sujet, il connaissait son groupe, il en connaissait les points forts, les points faibles, il savait comment tirer le meilleur de chaque joueur. Il avait créer un noyau, un groupe. Après, dans un groupe, il y a toujours des états d’âme, mais le noyau était beaucoup plus fort que les individualismes.
Quel serait pour toi le sportif ou l’équipe amiénoise de la décennie ?
Je dirais Manu Bourgaud pour ce but qui a donné la montée à l’Amiens SC. Parce qu’il a permis qu’on puisse vivre quelque chose de magique pendant 2 ans et demi. Mais plus généralement, l’ensemble de l’effectif qui a obtenu la montée en L1.
Et à titre personnel, qu’est-ce qu’on peut te souhaiter pour la décennie à venir ?
De continuer à être heureux, de prendre du plaisir dans ce que je fais. Les ambitions viendront, je suis quelqu’un d’ambitieux mais j’aime bien travailler dans l’ombre.
Morgan Chaumier
Crédit photo : Léandre Leber – Gazettesports / DR