C’est vrai que depuis l’accession de l’Amiens SC en L1, depuis sa finale de la coupe de France en 2001, le fait que nous allons rappeler aujourd’hui, peut paraître un peu dérisoire. Mais il faut se reporter en arrière et se dire une fois pour toutes que ce qu’ont réussi au Parc des Princes, les cadets de Picardie, a été remarquable.
En effet, ce dimanche estival la finale de la coupe de France le 4 juin 1972 voyait les formations de Marseille et de Bastia s’affronter en finale. Chaque année en lever de rideau, avait lieu la finale de la coupe nationale des cadets. Et justement, cette finale devait mettre aux prises l’Alsace à la Picardie. La modeste équipe picarde, représentante d’une Ligue qui n’avait pas de club pro allait réussir un exploit remarquable. Ces gamins étaient entraînés par celui qui reste à notre sens, le meilleur conseiller technique régional de tous les temps: Jacques Devismes. Ce dernier avait pris ses fonctions l’année précédente et il venait du milieu scolaire puisqu’il était prof d’EPS. Il avait aussi joué puis entraîné Péronne. L’équipe de Picardie était une vraie mosaïque puisque les joueurs venaient d’horizons divers.
La vedette était le Beauvaisien Omar Sahnoun joueur super doué qui deviendra professionnel et verra hélas sa carrière prendre fin brutalement à Bordeaux, suite à une crise cardiaque, survenue à l’entrainement. Jacques Devismes avait certes pioché dans les grands clubs mais il allait aussi superviser les meilleurs éléments dans de petits clubs comme par exemple Gilles Crapoulet qui portait le maillot de Flesselles avant de rejoindre l’ASC et Hurier à Camon.
Pour arriver jusqu’en finale, les Picards avaient tour à tour battu l’Auvergne 1-0, le Nord 5-4, le Centre 3-0, le Nord Ouest 3-1 et le Midi 3-0. Lors de la phase éliminatoire, les Picards n’avaient concédé qu’une seule défaite face à la Lorraine 2-1. En finale, la délivrance arrivait à la 80e minute et Frédéric Cuvillier marquait le but victorieux, celui qui permettait à ses équipiers de recevoir dans la tribune d’honneur la coupe nationale. C’est la seule fois que la Picardie a gagné un tel trophée.
Jacques Devismes a apporté sa touche personnelle
A l’époque, il passait pour une sorte de révolutionnaire et par exemple, il avait beaucoup travaillé sur la condition physique. Il utilisait des méthodes qui étaient très sérieuses et en avance sur son temps. Il est considéré comme ayant été celui qui a mis en pratique le stretching qu’il avait découvert dans les pays scandinaves. Plus tard, il occupera une place importante à Monaco au sein de l’effectif professionnel.
En 1972, la Ligue de Picardie était très jeune. Elle n’avait en effet que cinq ans et son président était Mark O’Bin. Un homme qu’on ne rencontre plus aujourd’hui puisqu’il était dirigeant, médecin de l’équipe de France amateur et il pouvait aussi entraîner. Cette équipe de cadets a connu son jour de gloire le 4 juin 1972 mais peu de joueurs ont ensuite confirmé. Seul Omar Sahnoun a connu un vrai destin professionnel mais aussi tragique. Gilles Crapoulet a évolué en L2 à Amiens, Caen et Angoulême.
Lionel Herbet
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