Voici une bonne dizaine d’années, Jean-Luc Van Den Heede avait décidé de quitter Amiens et le club d’Amiens Voile car il s’était fixé aux Sables d’Olonne. Il quittait en effet le club d’Amiens dans lequel il était licencié depuis sept ans et pour qui, il avait écrit ses plus belles pages de navigateur.
Jean-Luc Van Den Heede à qui Amiens n’a pas tout à fait rendu hommage, restera dans l’histoire comme un des plus grands navigateurs mondiaux avec une spécialité : il aimait battre ses records en courant à… l’envers. Quand il a quitté Amiens, il en avait fini avec les grandes courses à travers le monde. Il se retirait aux Sables d’Olonnes en ayant disputé cinq tours du monde et dressé le constat suivant : la terre est ronde dans les deux sens.
Nous avons connu sur le tard ce champion d’exception. En 1999, depuis Brest, il s’était élancé pour tenter de battre le record du tour du monde en solitaire, sans escale et à l’envers. Exploit époustouflant auquel la mairie d’Amiens, alors dirigée par Gilles de Robien, nous avait conviés du moins au départ depuis Brest. Nous avions alors découvert un homme passionnant. Un homme profondément attaché à sa région, à Amiens mais aussi Chaulnes. Il fut élève au collège Saint-Martin puis il a fréquenté le Lycée Louis Thuillier jusqu’en 5e. Il retournait alors chez ses parents à Paris. Il devait ensuite beaucoup voyager en Normandie mais jamais il n’a oublié Amiens où sa grand-mère tenait une poissonnerie place René-Goblet. À cette période, le petit Jean-Luc était loin d’imaginer qu’il deviendrait un aventurier des mers.
Jean-Luc Van Den Heede fut d’abord joueur de football
Il était un peu souffreteux et souvent malade. Il fut alors confié à ses grand-parents qui demeuraient à Chaulnes puis il revint à Amiens. Il passait le dimanche après-midi près du stade Moulonguet et joua même au football. Il était gardien et se prenait pour Lev Yachine, le plus grand gardien de l’époque. Jean Luc Van Den Heede a aussi fait la connaissance de Jean Mankowski qui a entraîné l’AAC… Il a joué jusqu’à l’âge de 20 ans et c’est ensuite qu’il a connu la voile. C’est à Berck qu’il a effectué ses premières sorties en disputant sa première course alors qu’il n’avait pas encore le permis de conduite. La suite fut tout simplement fabuleuse. À dix reprises, il a doublé le fameux Cap Horn et effectué cinq tours du monde en solitaire.
Au Courrier Picard, il clamait son amour de la mer : « Savoir gérer les moments difficiles, c’est ce qui fait la force des uns par rapport aux autres. Je n’ai vraiment pas connu de moments de détresse dans ma carrière ni de mouvements de peur. C’est là qu’on voit la différence entre action et inaction et il faut alors trouver des solutions pour s’en sortir. C’est la façon dont on réagit qui est importante. Enfin, prendre la mer est un aboutissement. »
Aujourd’hui encore, Jean-Luc Van Den Heede reste une référence dans le monde de la voile. « Un petit milieu où tout le monde se connait car la voile est une grande famille. »
Lionel Herbet
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