Michel Bourgoin ne vivait que pour le judo.
Aujourd’hui, nous nous intéressons à celui qui, incontestablement, a permis aux sportifs de la ville d’Amiens mais aussi bien au-delà, de découvrir et aimer le judo.
Michel Bourgoin a été un remarquable pratiquant et il est devenu ensuite le premier conseiller technique régional de la Picardie, tout en s’occupant de sa salle privée et de son club qu’il dirigeait toutefois à distance : Picardie Judo.
Ce club existe toujours au cœur de la ville et, si Michel Bourgoin n’est plus présent, son ombre plane toujours tandis que son fils Frédéric a repris le flambeau. Arrivé en Picardie en 1965, Michel Bourgoin qui fut champion de France et d’Europe, est resté 33 ans CTR de la Picardie.
« J’ai fait un travail de pionnier » aimait répéter Michel Bourgoin quand il jetait un regard sur sa carrière entièrement consacrée à son sport.
Aujourd’hui et encore pour très longtemps, Michel Bourgoin demeure le CTR ayant été le plus longtemps à son poste : 33 ans. Il en a vu des générations de judokas se succéder sur les tatamis ! Dommage qu’à cette époque, la Picardie ne disposait pas d’un outil de travail comme par exemple le Dojo régional installé dans le cœur de la Maison des Sports et qui porte le nom de Cathy Fleury, championne olympique en 1992.
Quand il a pris sa retraite en 1998, Michel Bourgoin ne regrettait rien. Il avait tout donné à son sport, quitte à sacrifier un peu sa vie privée. Mais surtout il a pris aussi beaucoup de coups.
Quand il débarqua en Picardie, à une époque où le Ministère des Sports et de la Jeunesse désignait des CTR parmi les grands champions, Michel Bourgoin était champion de France et surtout le plus haut gradé : 4e Dan.
Durant son passage en Picardie, il s’est efforcé de faire du chiffre, à savoir augmenter le nombre des licenciés mais aussi former des cadres techniques. La Picardie comptait 2.000 licenciés en 1965 et rapidement elle en eut dix fois plus.
Originaire de Reims, Michel Bourgoin qui était gêné par une vue déficiente, préféra d’entrée le sport individuel au sport collectif. Séduit par le côté technique, le petit Michel se destinait vers le judo. Il était un des plus jeunes judokas français à décrocher le 1er dan. Son ascension était toutefois un peu freinée lorsqu’il dut effectuer son service militaire en Algérie, pas loin de Palestro où se produisaient de terribles combats.
Quand il est revenu en métropole, Michel Bourgoin signait dans un club parisien et se retrouvait en équipe de France. À trois reprises, il a rencontré le célèbre Hollandais Anton Geesink, le premier Européen à avoir battu un Japonais.
En 1965, Michel Bourgoin se fixait à Amiens et il voulut créer son propre club. Il dénicha une ancienne teinturerie rue des Archers. C’est là que démarra le Picardie-Judo et quelques mois après, Michel Bourgoin devenait officiellement le premier CTR de la Picardie.
À cette époque, la Ligue de Picardie autorisait Michel Bourgoin à avoir sa salle et du reste, les stages régionaux se déroulaient souvent rue des Archers.
Arrivé à Amiens avec le grade de 4e Dan, Michel Bourgoin quittait son poste de CTR avec le 8e Dan. Il était un des rares Français à être allé aussi haut dans la hiérarchie nationale du judo. Respect M. Michel Bourgoin.
Lionel Herbet
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