À la suite directe de l’article paru hier, Martin Saleille continue de nous parler de cette saison non-achevée en Fédérale 3, et dresse un bilan qui le satisfait amplement.
Y a t-il des frustrations qui restent à la suite de cette saison ?
La seule vraie frustration c’est de ne pas finir le championnat sportivement. C’est une frustration. Après il y a certains matchs oui. La rencontre à Evreux, il ne nous manquait pas grand-chose, le dernier match à Rouen où on perd de quatre points alors que l’on pouvait recoller au milieu de tableau, mais on a pas su saisir l’opportunité.
En réserve le match à Soissons m’a un peu agacé, on n’a rien fait, et c’est notre faute, joueurs et staff. Il y a ces frustrations de ne pas avoir pris ces points mais au delà de ces frustrations, il y en a peu.
Ça nous a aidé d’être avec les supporters
Quatre victoires à domicile, un nul et trois défaites, vous avez su apporter des émotions aussi au public de Charassain..
Oui je pense (rire). Il y a deux matchs vraiment incroyables qui me viennent en tête. Le premier face à Cergy tout d’abord avec une victoire pour lancer notre saison. Le second face à Epernay, où on perd 5 essais à 0 à la mi-temps, on se demandait comment on allait s’en sortir. Je ne suis pas de nature défaitiste, mais même-moi à la mi-temps je me demandais ce que j’allais dire aux joueurs pour les remettre dedans, et finalement on va chercher le match nul. Et dans les défaites face à Compiègne, Domont, Roubaix, on prend quand même deux bonus. Alors il y a l’importance des repères peut-être, mais à domicile on est galvanisés. On ne veut pas perdre chez nous. On a retrouvé une ambiance, surement due au niveau, mais on a une volonté supplémentaire. Ça nous a aidé d’être avec les supporters, ça j’en ai aucun doute. C’était d’ailleurs quelque chose de très important pour les joueurs de les remercier à chaque match.
Une seule victoire à l’extérieur, sur le terrain d’Arras, ça a été compliqué de jouer sans vos repères et votre public à ce niveau ?
Le match à Evreux pouvait nous donner une seconde victoire. Le match à Rouen c’est exactement pareil. C’est d’ailleurs le même type d’occasion en fin de match qui aurait pu faire pencher la balance pour nous. Je savais qu’on allait pas faire beaucoup de victoires à l’extérieur. Il nous restait aussi le déplacement à Couronne, concurrent direct, pour la dernière journée. Sans faire de pronostic arrogant, c’était l’occasion je pense de faire monter ce compteur !
C’est aussi le temps du bilan sur le staff et l’organisation autour des deux équipes, c’est une dynamique qui a fonctionné ?
Comme je l’ai dit précédemment, dans nos points forts il y a le groupe, joueurs et staff. Les cinq coachs, en y rajoutant Abdel (ndlr : Lasfer) ont fait un boulot énorme. Abdel a un regard de sage, l’œil de Moscou comme je l’appelle ! Il se trompe peu, et nous conforte dans ses paroles. Et le groupe de cinq coachs a super bien marché. C’est un bilan plus que positif, et ma volonté est de repartir avec eux, ça c’est sûr. Je me dit qu’on a pas fini. Dans le sport, le staff est voué à évoluer, c’est normal, les envies peuvent changer. Mais je trouve qu’on est encore en phase de construction. Je veux continuer à expérimenter, et à bosser avec eux. C’est royal d’avoir des gens issus du club. Alors pourquoi changer ? Je m’entends bien avec eux, on fait du bon boulot, en accord avec les joueurs on veut aller plus loin, et on travaillera pour aller plus loin.
As-tu « peur » de perdre l’impact physique, le niveau, ou même de perdre du temps sur la préparation de la saison prochaine ?
On ne sait pas encore quand on pourra repartir sur les terrains. Quand ils l’autoriseront, j’espère reprendre une quinzaine de jours les entraînements. On espère aussi avoir des autorisations plus faciles pour avoir des matchs amicaux en rencontrant des équipes proches de chez nous. L’idée c’est de matcher jusque fin juin, on aurait ensuite seulement juillet-août sans compétition. Il n’y a pas de retard, car on ne peut rien faire dans tous les cas. Et comme l’année dernière, avec Bertrand, on va travailler sur un entretien physique estival. On restera un « petit » club l’année prochaine, les points acquis d’entrée de championnat vont lancer la saison, ils sont donc super importants, et on l’a vu en septembre dernier.
Au final, que retenir de la saison 2019/20 ?
Beaucoup de plaisir. Du stress car je n’ai jamais l’impression de faire ce qu’il faut. Mais du plaisir ! Je voulais revenir à ce niveau de Fédérale 3 et d’y figurer. Maintenant on attend avec impatience la décision du 3 avril. Tout ce qu’on avait en tête c’était le maintien, et s’il est officiel, la saison sera un succès total.
Pour finir, le club continue t-il de vivre durant cette période de confinement ?
On travaille sur le renouvellement de la labellisation de l’école de Rugby. Benoit Venin, qui est aussi joueur, travaille dessus. C’est une étape importante pour nous qui visons le label deux étoiles. On veut etre performant dans l’éducation et la formation. A terme, d’ici 4 ans, on veut le label trois étoiles. C’est primordial. Je ne conçois pas un club qui n’a pas de jeunes qui fonctionnent bien. On s’attachent beaucoup au développement de nos catégories jeunes. Les cadets fonctionnent bien, mais on aimerait mieux en terme de niveau. Chez les juniors on a un manque d’effectif. On a des gars de l’équipe première qui sortent de la formation du club, je pense à Louis Wiotte, Thomas Prevost, Clément Bamière, Tanguy Mailly et j’en oublie beaucoup. L’identité c’est important. Dans le recrutement qu’on souhaite pour les équipes seniors, il faut rentrer, et garder une identité de club, d’où le recrutement restreint. Les mecs peuvent venir, mais doivent rentrer dans le moule.
Le projet sportif du club, c’est aussi la formation des jeunes filles. On les appelle les cadettes. On a trois cadettes, qui jouent dans l’entente Amiens Somme. Mon objectif, c’est de jouer en nom propre, en junior, cadets et cadettes. Bien sûr, et c’est important de le préciser, je ne souhaite pas casser l’entente Amiens Somme, mais je me dis qu’on doit être capable d’apporter l’équivalent une équipe complète sous le nom d’Amiens. Plus on augmente nos capacités, plus le club se développera et tournera encore mieux. Idéalement, si on arrive à avoir quinze enfants par années d’âge, ça serait parfait. On doit pouvoir, et on a le devoir de leur proposer une formation de qualité.
Le Club a part ailleurs annoncé sa participation annuelle à la Semaine Nationale des Ecoles de Rugby du 12 au 20 Septembre 2020. Un rendez-vous tourné vers la formation des jeunes licencés.
Propos recueillis par Benjamin Poupart
Crédit photo : Coralie Sombret – GazetteSports