Ludovic Batelli et Olivier Meurillon l’ont fait !
Nous l’espérions et notre vœu s’est réalisé. Dimanche soir, l’équipe de France des – 19 ans, s’est imposée de façon incontestable en finale du Championnat d’Europe en laminant l’Italie 4-0.
Les Bleuets rejoignent ainsi dans la légende leurs prédécesseurs de 2010 (génération Griezmann) et 2005 (génération Lloris). Cette équipe de France est entrainée par Ludovic Batelli avec pour adjoint Olivier Meurillon. Il est évident que les deux techniciens ont la chance de posséder dans leur effectif des joueurs de très grande valeur. Mais il a quand même fallu que Ludovic Batelli parvienne à constituer un véritable groupe et que les individualités, fussent-elles exceptionnelles, se mettent au service du groupe.
Ludovic Batelli s’est révélé ou du moins a confirmé, depuis son départ de l’Amiens SC, qu’il était à la fois un excellent éducateur et un bon entraineur. Nous lui avions consacré une page complète de l’Objectif Foot du 30 janvier 2003. Ludovic Batelli revenait sur sa carrière de gardien de but essentiellement en L2 puisque sa progression avait été stoppée par une fracture de la jambe lors d’un match de Coupe de la Ligue contre … Lens en 1986. Ludovic était né à deux pas du stade Bollaert et pourtant, il n’a jamais joué à Lens. C’est à Valenciennes qu’il s’est affirmé en L2.
Très tôt, Ludovic Batelli a voulu être entraineur et c’est à la Roche sur Yon, alors qu’il n’avait que 23 ans, qu’il entrainait le soir les jeunes du club puis les seniors. Gardien de métier, Batelli s’est destiné rapidement vers l’entrainement général. Alors que Valenciennes vient de lui signifier qu’il ne va pas le garder, Batelli écrit un peu partout. L’ASC lui répond et lui propose un poste à la formation au moment même où Denis Troch devient l’entraineur général.
Ainsi pour la première fois, deux gardiens sont à la tête des deux postes techniques les plus importants du club. Le premier objectif de Batelli est de ramener le centre de Montdidier à Amiens. C’est ce qu’il parvient à faire rapidement. Et d’expliquer « La formation est un investissement de longue haleine et qui coûte cher. Le club s’est positionné en tant que club formateur et il faut continuer dans cette voie. Quand je vois ce que nous obtenons ici à Amiens, je me dis que nous travaillons bien. On le voit avec la présence dans le groupe professionnel de jeunes du centre de formation. Ces jeunes doivent continuer à travailler et à être patients. »
On constate que treize ans plus tard, la politique de l’ASC n’a guère dévié puisque Patrice Descamps est à la fois le directeur du centre et l’entraineur de la réserve en CFA 2 soit exactement les deux mêmes fonctions que Ludovic Batelli en 2003.
Ludovic Batelli aimait rappeler à cette époque « qu’il était d’abord un homme de terrain et qu’il avait beaucoup trimé pour obtenir ses diplômes. » Et quand on l’interrogeait sur la différence entre éducateur et entraineur, son credo était le suivant :
« Educateur, c’est plus qu’un métier, c’est un vrai sacerdoce. Au niveau de la formation, il ne faut jamais compter ses heures. On est là non pas pour faire gagner une équipe mais pour faire progresser des gamins. Je ne pense pas être dur avec mes jeunes joueurs. Les jeunes, il faut les guider, les pousser dans leurs derniers retranchements. Parfois, ils n’ont pas envie de se faire mal et je suis là pour qu’ils donnent le meilleur d’eux-mêmes. Il faut toujours être derrière eux et les piquer avec un aiguillon. »
A cette époque, Ludovic Batelli évoquait les réussites mais aussi les échecs qui touchent les jeunes. « Nous sommes partie prenante d’un échec ou d’une réussite. Quand un jeune échoue, on se dit que peut-être, il n’a pas tout donné et que de notre côté, nous n’avons pas su employer le bon canal. Il y a plus d’échecs que de réussites mais ici, certains réussissent ce qui me fait dire qu’à Amiens, la formation a encore de beaux jours devant elle. Elle est reconnue ». On le voit, Ludovic Batelli a su mener de pair sa double carrière : entraineur et éducateur. Batelli a occupé à l’ASC tous les postes importants. Il a contribué cinq ans avant Christophe Pélissier à l’accession en Ligue 2. Il fut celui qui a failli accéder à la L1 et a disputé une demi-finale de la Coupe de France contre le Paris SG.
L’adjoint de Batelli est bien connu dans le département de la Somme. C’est un technicien de qualité qui occupe depuis plusieurs années déjà le poste de conseiller technique départemental. Lorsque Batelli a intégré la Direction Technique Nationale, il a souhaité qu’Olivier Meurillon soit son adjoint. Depuis, le duo fonctionne bien. Olivier Meurillon a aussi entrainé l’U S Roye qu’il a emmenée jusqu’au National voici une dizaine d’années.
Batelli et Meurillon ont donc réussi un grand exploit en emmenant une belle équipe tricolore vers le titre européen des – 19 ans et ce sans aucune discussion.
Lionel Herbet