Ce weekend se déroulait la 23ème édition de la Fête du vent à l’aérodrome de Glisy. À l’occasion, la finale régionale de cerf-volant était également en jeu pour les qualificatifs au championnat de France 2020. Maxime Desavoye, double champion du monde en titre par équipe, nous parle de son sport.
Bonjour Maxime, pour commencer pouvez-vous nous parler du déroulement de l’évènement ?
À l’origine la Fête du vent se tenait au campus universitaire. La partie freestyle a été ajoutée l’année dernière pour apporter une partie interactive avec le public pour lui permettre de choisir « qui est son préféré », même si au final ce sont les juges qui décident, ils ont un peu le sentiment de participer en quelques sortes.
La manche de ce weekend est inter-régionale, Hauts-de-France mais il y a aussi des Normands qui viennent, donc cette année on était 35 inscrits. Les inscriptions ont été lancées il y a six mois afin d’abord de s’assurer que les juges soient présents ce weekend-là et de vérifier qu’on ne s’entrechoque pas avec d’autres festivals à 100 kms à la ronde pour pouvoir respirer un weekend sur deux. L’épreuve reine se déroule en musique mais on trouve aussi des épreuves dites « de précision » qui permettent de comparer les mêmes figures entre deux pilotes.
Comment se déroule une saison de cerfs-volants ?
La saison se tient sur une année civile : on a de la compétition toute l’année qui débute autour du printemps parce qu’en hiver c’est plutôt mort. Aujourd’hui c’est la dernière compétition connue de la région. Dans quinze jours on va à Fréjus et ensuite se sera terminé pour la saison.
Elle ne se déroule pas toujours dans l’ordre mais on pourrait croire que ça va crescendo d’avoir les championnats de France, d’Europe et du Monde. Cependant les championnats du monde ont lieu tous les deux ans, la coupe d’Europe aussi et donc en alternance : les championnats du monde ont lieu l’année prochaine en avril sur le festival de Berck. Ces championnats du monde ne sont par ailleurs possibles que par équipe, pour le côté spectaculaire et sur le plan financier il n’y aurait à priori que le festival de Berck qui pourrait se permettre d’accueillir des équipes du monde entier.
Et les entrainements ?
On s’entraine très peu en plaine, on préfère s’entrainer directement à la mer, on habite tous plus ou moins proche de la mer, moi par exemple je viens de l’Aveyron (tout en étant originaire d’Amiens bien entendu !). Je préfère faire plus de route pour aller à la mer et avoir de meilleures conditions. Les plages du nord sont quand même plus grandes que celles du sud où on est obligés d’utiliser des lignes plus courtes ce qui ne fait pas nos affaires. Le meilleur endroit c’est vraiment Berck-sur-Mer, même à marée haute il y a toujours de l’espace donc on se fiche pas mal de la marée ; sinon il y a aussi de belles plages en Normandie, notamment dans le Calvados.
Pour ce qui est des compétitions, comment sont-elles organisées et réglementées ?
Il y a une réglementation internationale, on a des règles communes par rapport à la taille des terrains (il ne faut pas dépasser le carré de 100×100). Il y a également des règles de temps pour lesquelles ont doit faire des présentations qui durent entre deux et cinq minutes avec un style musical libre. On ne note cependant aucune réglementation sur le matériel hormis le fait qu’il faut que ce soit un cerf-volant dirigeable à deux lignes.
La météo est-elle le point essentiel ?
Bien évidemment quand il y a un temps orageux il faut tout arrêter pour des questions de sécurité, mais c’est surtout la pluie qui peut nous gêner parce que ça alourdit le tissu. La pluie n’est pas une cause valable pour l’arrêt d’une compétition même si personne n’a envie d’être sous la pluie, que ce soit les juges ou les pilotes, mais le matériel non plus parce qu’il est alourdi vraiment considérablement alourdi ce qui le rend pataud et moins fun pour nous.
À partir de quel âge peut-on se lancer dans la compétition de cerfs-volants ? Comment sont définies les différentes catégories ?
Le plus jeune aujourd’hui a 11 ans, il fait du cerf-volant depuis déjà quelques années mais c’est la première année où il ose franchir le pas de la compétition.
Il y a plusieurs catégories avec notamment la catégorie individuelle, ensuite quand on vole avec un coéquipier ça se fait soit en paire ou en équipe. Un vol en paire se fait avec deux pilotes qui ont chacun leur cerf-volant tandis qu’un vol en équipe, plus spectaculaire, s’effectue avec plusieurs pilotes sur un seul cerf-volant. À tout ça vient se mélanger plusieurs styles de cerfs-volants : ceux à deux lignes comme sur la battle freestyle avec deux commandes, ou bien ceux dits « quatre fils » qui pourraient s’apparenter à un hélicoptère pour l’aviation. On cherchera plutôt la synchronisation sur un vol en équipe, la sensibilité est la même : l’idée c’est de suivre la musique, de montrer sa dextérité.
Quelle différence y a-t-il entre les types cerfs-volants pour vous ?
Je pense que le deux lignes est plus physique, c’est un cerf-volant qu’on ne peut pas vraiment arrêter ou alors au prix d’un certain effort. Pour le stopper il faut lui couper net le vent qui arrive en lui donc il faut presque être plus rapide que le vent en termes de vivacité.
D’un autre côté le quatre fils est quelque chose qui nécessite aussi de la technicité mais ce n’est pas tout à fait la même chose, à mes yeux c’est moins sportif. Ça peut être vite spectaculaire parce qu’on peut agréger d’autres pilotes avec un nombre très important : aux États-Unis cet été il y a eu un record de plus de 100 pilotes. On ne peut pas faire grand-chose à 100 pilotes, c’est plus pour l’exploit mais c’est très spectaculaire : quand vous avez les lignes comme sur un jeu de dames avec toutes les lignes qui bougent et qui se croisent ça fait une belle image dans le ciel.
Quels sont les points forts requis pour se lancer dans le cerf-volant en compétition ?
Le cerf-volant ne nécessite pas forcément une grande force musculaire même si on perd un peu le souffle quand on recommence mais c’est comme tout, même les premiers mètres en vélo ou en course à pieds on est essoufflés mais après ça roule.
Comment choisit-on de se lancer dans le cerf-volant de façon sportive ?
Le cerf-volant est d’abord un loisir de plage, en ce qui concerne mon coéquipier (ndlr : Benoit Flament) et moi-même on s’est connus à la plage il y a 15 ans et depuis on ne s’est jamais quittés. Mais il y a aussi le côté fabrication qui est assez intéressant, le choix des musiques, les montages et l’écriture des figures parce que rien n’est jamais improvisé quand on vole à deux. Il y a tout un travail créatif, aussi bien d’un point de vue cérébral avec la mémorisation (il y a un petit côté « patrouille de France, on répète ensemble sans se toucher…). Il y a aussi les « mord-vent » qui entre en jeu et ça il faut faire avec, c’est ce qui rend le sport d’autant plus intéressant parce qu’il n’y a jamais deux journées pareilles.
Océane KRONEK
Crédit photo : Reynald Valleron – Gazettesports.fr