La première prestation prometteuse d’Anthony Beauchamp sous le maillot des Gothiques d’Amiens aurait pu être gâchée avec le retour des Pionniers de Chamonix dans le match, mais les Amiénois ont su se montrer sérieux pour conserver leur avantage et ce précieux résultat.
Les Gothiques aiment jouer à se faire peur. À nouveau devant au score par trois buts d’écart, Ilies Djemel, auteur d’un gros match, ponctué d’un but et d’une assist, et ses coéquipiers ont bien cru revivre le scénario de la mi-novembre où les Chamoniards, également menés 3-0, avaient fait leur retard pour finalement s’imposer aux tirs au but. Cette fois-ci, cela ne s’est pas répété avec ce succès 5-3, mais cela n’est pas passé loin. Forcément, le souvenir douloureux de ce revers lorsque les Picards étaient dans le dur a ressurgi.
Les murs ont peut-être tremblé entre le deuxième et le troisième tiers. Une pause nécessaire pour se remobiliser mais qui a peut-être aussi permis d’éviter le pire : un troisième but chamoniard qui aurait rebattu les cartes d’un match que les Gothiques avaient pourtant largement en main avec les réalisations de Djemel, Lemay et Gauffriau. Mais ces deux buts concédés à 22 secondes d’intervalle n’ont pas du tout été du goût de Kevin Bergin. « Je vais mâcher mes mots. Je n’ai vraiment pas aimé les deux dernières minutes de la deuxième période, lâchait-il avec un très léger sourire. L’important, c’est qu’on a trouvé une façon de gagner le match. » Tim Wahlgren, le top scorer de Chamonix, en breakaway puis Santeri Koponen de très loin, ont fait douter cette équipe amiénoise, au bord du précipice et proche de retomber dans ses travers du mois de novembre notamment. « Dans la vie, tu as le droit de faire des erreurs, mais répéter les mêmes constamment, ça ne peut pas arriver », insiste le technicien. On a su mettre le pansement sur la plaie. On va dire qu’on a remis les pendules à l’heure après la deuxième période. On a joué intelligemment, avec notre cerveau. »
L’important est d’avoir trouvé une façon d’aller chercher les trois points.
Kevin Bergin, entraîneur des Gothiques d’Amiens
Avec une avance de trois buts qui a fondu comme neige au soleil pour ne disposer que d’une courte avance au début du dernier tiers, Amiens aurait pu jouer avec le frein à main. Mais cela n’a pas été le cas comme cela avait pu l’être il y a quelques semaines, de peur d’entreprendre quelque chose et de se faire punir ensuite. Il faut dire que le but de Janis Svanenbergs, à la conclusion d’un bon mouvement initié par Plagnat et prolongé par Lemay, a permis d’évacuer une certaine pression et de repousser les Alpins à deux longueurs. « On n’a pas donné de grosses chances en troisième période. On a continué de mettre la pression. Il y a certaines choses que j’aurais aimé qu’on fasse encore mieux en troisième période, mais l’important, c’est d’avoir trouvé une façon de chercher les trois points. C’est une bonne équipe de hockey de l’autre côté. Ils ont battu Marseille en Coupe de France, ont beaucoup d’atouts offensifs, des joueurs très rapides et n’abandonnent jamais. Je suis content des trois points », se réjouit Kevin Bergin.
Début prometteur pour Beauchamp
Heureux, il l’était aussi pour son nouveau joueur Anthony Beauchamp qui a disputé ses premières minutes sous le maillot amiénois au Coliseum seulement 48 heures après son arrivée en France et avec un unique entraînement dans les jambes. Alors à la question de son ressenti sur la performance de l’attaquant québécois, Kevin Bergin a retourné la question aux journalistes pour avoir le leur. Chacun était plutôt emballé par cette première prestation convaincante et prometteuse. « Il nous a donné le momentum ce soir avec sa première présence. C’est ce que je voulais recruter, un joueur qui nous amène de l’énergie, du physique et beaucoup d’enthousiasme. Le réservoir était peut-être un peu vide en troisième période, a reconnu l’entraîneur amiénois, mais je m’attends à ce qu’il réitère ses efforts soir après soir avec une constance. »
Le principal intéressé a déjà pu démontrer ses qualités de percussion, son sens et sa vision du hockey, mais on a aussi pu observer un joueur qui ne triche pas et qui ne rechigne pas devant l’effort, n’hésitant pas à charger ses adversaires. Même si tout n’a pas été et ne pouvait pas être parfait avec si peu de préparation, Beauchamp a sans doute montré qu’Amiens a eu le nez creux en le faisant traverser l’Atlantique. « C’était excitant. J’avais eu des bons commentaires sur le Coliseum, mais ça a été au-delà de mes attentes, raconte le numéro 71. On a eu une belle victoire d’équipe. Je suis bien content, c’était un bon premier match. » Il lui faudra aussi s’adapter à un nouveau style de jeu, une patinoire plus grande, mais aussi à des règles un peu différentes de ce qu’il a pu connaître au Québec lorsqu’il évoluait en ECHL, notamment sur les face-offs. Un point que son entraîneur a souligné et il compte bien challenger Beauchamp. « Il y a un petit peu moins de règlements, a remarqué l’attaquant. Les joueurs trichent un peu plus sur les mises au jeu. J’en ai pris note (il sourit). » Il aura le temps de s’acclimater un peu plus à ce nouveau championnat pour lui ce dimanche chez les Rapaces de Gap, lanterne rouge. Mais gare à la bête blessée…
César Willot
Crédit photo : Léandre Leber, Théo Bégler – Gazettesports.fr