Comme révélé en exclusivité dans nos colonnes, les Gothiques d’Amiens ont officialisé l’arrivée de nouveaux actionnaires québécois, Jacques Sylvestre Jr. et Mark Jarry, représentant 20 % du capital. Cette opération matérialise le renforcement de liens déjà étroits entre le club picard et le hockey québécois.
Déjà une histoire de bâtisseurs. Comme l’a raconté l’un des deux nouveaux actionnaires des Gothiques d’Amiens, Jacques Sylvestre Jr., la chapelle Saint-Antoine-de-Padoue de la paroisse de Saint-Hyacinthe s’inspire directement de la cathédrale Notre-Dame d’Amiens. Elle se situe dans la ville où l’homme de 62 ans a eu ses plus beaux souvenirs de hockey chez les jeunes, à plus de 120 km de Sherbrooke, sa ville natale. Un petit bout d’Amiens conçu entre 1927 et 1929 par l’architecte René Richer, un nom bien familier, qui prédestinait, déjà, un lien fort entre la capitale picarde et la région canadienne.
Désormais, il y a un petit bout du Québec chez les Gothiques d’Amiens. Petit mais assez conséquent puisque le club picard a officialisé ce jour, comme révélé le 24 novembre dernier, l’entrée au capital de l’Amiens Hockey Elite, à hauteur de 20 %, de deux nouveaux investisseurs : Jacques Sylvestre Jr. et Mark Jarry, deux amis québécois passionnés de hockey. Le premier est avocat depuis 1987 et a été joueur en étant, entre autres, repêché dans la LNH par les Islanders de New York en 1981. Mark Jarry est aussi avocat depuis plus de 30 ans et est aussi entrepreneur dans le domaine de l’immobilier et de la construction (Jarto) et est un fervent supporter des Canadiens de Montréal (NHL). Entourés de Jean-Luc Mention, président de l’Amiens Hockey Elite, et de Paul Lhotellier, les nouveaux actionnaires ont, comme un symbole, et au moment de la signature des papiers finalisant l’opération, reçu un pin’s du logo du club mais aussi un maillot qu’ils se sont empressés d’enfiler.
Mais alors comment ces deux Québécois à Amiens ont-ils été amenés à investir dans le club qui fêtera ses 60 ans en 2027 ? « Parfois les planètes s’alignent », « parfois les choses s’emboîtent parfaitement » ou même « un signe de Dieu », ces formules ont été énoncées ce mardi pour décrire cette entrée dans le capital de ces deux investisseurs canadiens. Paul Lhotellier, président de la holding du club des Bâtisseurs, qui détient 80 % des parts du club, et président du groupe éponyme, connait très bien Mark Jarry, avec qui il travaille depuis 2012. C’est de là que se trouve le point de départ de cette opération. « Paul m’avait dit qu’il recherchait des personnes impliquées dans le domaine du hockey, des collaborateurs québécois. J’ai parlé de cette opportunité avec Jacques (Sylvestre Jr.), avec qui je travaille. On est venus en septembre et il y a une alchimie qui s’est créée parce qu’on a les mêmes valeurs. » Avec cette rencontre nécessaire à la fin de l’été, les choses se sont accélérées pour aboutir à cette entrée au capital de l’AHE.
Pour l’accompagner, Mark Jarry n’a pas eu à forcer son talent de négociateur pour embarquer son ami Jacques Sylvestre dans l’aventure. Cet ancien joueur de hockey, qui a même évolué chez les jeunes avec un certain Mario Richer, a vite été convaincu d’investir dans ce projet des Gothiques d’Amiens. « Mark sait que j’ai une longue histoire avec le hockey, un passif avec ma carrière de joueur. Et comme nous sommes tous les deux dans le domaine de la construction, on se qualifie aussi comme des bâtisseurs, sourit Jacques Sylvestre Jr. Je dois dire que pour moi, ça a été de très bons échanges [avec le club des bâtisseurs] et ça a été le coup de foudre avec la ville et le club. […] Au Québec, on est très attachés aux régions du Nord de la France, comme la Picardie, la Normandie. Ce sont les origines de la plupart des Québécois. » Il a fallu quelques années pour que ce projet murisse et voit le jour, car le club des bâtisseurs ambitionnait depuis dix ans de réaliser cette opération.
C’est vraiment une très belle opportunité pour nous de venir pour aider à faire grandir ce club qui a déjà une riche histoire.
Mark Jarry, nouvel actionnaire des Gothiques d’Amiens
C’est un duo complémentaire qui est entré dans le capital des Gothiques d’Amiens (AHE) à hauteur de 20 %. Avec cet investissement sur le long terme, les deux nouveaux actionnaires vont ainsi apporter leur expertise du hockey et leur réseau en matière de recrutement de joueurs, de repérage de jeunes talents en provenance du Québec. « C’est vraiment une très belle opportunité pour nous de venir pour aider à faire grandir ce club qui a déjà une riche histoire. Et si on peut contribuer à poursuivre son écriture et amener du succès, on sera, avec Jacques, très heureux de le faire, insiste Mark Jarry. On veut mettre une brique à la bâtisse. Si on peut en mettre deux, on en sera très heureux. » En plus du sourcing, cette ouverture des capitaux entre aussi dans l’optique de développer la fan-expérience et le côté marketing du club. Jean-Luc Mention a aussi évoqué la possibilité qu’un projet immobilier voit le jour dans le cadre du logement des joueurs. Actuellement, 14 appartements sont loués pour l’équipe professionnelle.
Les deux hommes d’affaires ont assisté à la rencontre contre Grenoble dimanche. Ils ont avoué avoir été agréablement surpris par la ferveur du Coliseum, même lorsque le score était alourdi par les Brûleurs de loups, largement victorieux (2-7). Ils ont aussi pu voir ce qu’il manquait encore à cette équipe amiénoise pour rivaliser avec les grosses formations du championnat. « L’objectif est de participer au fait de rattraper les gros clubs de la Ligue. Mais actuellement, il faut regarder le contexte budgétaire. On est dans une ville plus petite et on est quand même plus limité au niveau de la capacité de récolter des fonds », nuance Mark Jarry. « On voit que le hockey en France bouge beaucoup, on va essayer de le stimuler encore un peu plus« , promet Jacques Sylvestre Jr. Les deux hommes ont expliqué qu’ils croyaient beaucoup dans le développement du hockey sur glace français. D’autant plus avec les échéances qui se profilent, entre la participation aux Jeux olympiques d’hiver de Milan-Cortina au mois de février 2026 mais aussi avec l’organisation des JO en 2030. L’arrivée de ces nouveaux actionnaires dans le capital de l’Amiens Hockey Elite doit permettre de rattraper certains clubs qui ont déjà vu l’arrivée d’investisseurs comme à Rouen, Bordeaux ou encore Nice. De nouvelles ambitions, oui, mais l’ADN du club, elle, ne changera pas.
César Willot
Crédit photo : Théo Bégler – Gazettesports.fr