HOCKEY SUR GLACE – Jean-Luc Mention : « C’est une semaine sous haute observation »

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Malgré la mauvaise passe que traversent les Gothiques d’Amiens en championnat, où ils sont actuellement 9es et désormais éliminés de la Coupe de France, le président Jean-Luc Mention a maintenu sa confiance envers son entraîneur Kevin Bergin, à qui il souhaite, pour le moment, donner du temps pour réussir sur le banc amiénois.

Avec un seul succès sur les dix derniers matchs toutes compétitions confondues, les Gothiques d’Amiens traversent une zone de turbulence. Et une secousse de plus est venue secouer le club picard avec cette élimination en huitièmes de finale face à Caen ce mardi soir. Une période qui n’est facile pour personne. Entre un effectif en crise de confiance, un Kevin Bergin toujours à la recherche de la bonne formule, un président de l’AHE, Jean-Luc Mention, forcément marqué mais loin d’être abattu par cette mauvaise passe qui dure, depuis un mois, notamment avec ces six revers de rang en championnat. Mais aussi les supporters qui attendent avec impatience le réveil de leur équipe. « Actuellement, on soutient le coach, on soutient les joueurs. On sait que d’un seul coup, le déclic va arriver. Que ce centimètre au-dessus ou millimètre en bas sera, à l’avenir, dans les buts et pas à l’extérieur. On jouera moins avec la crosse serrée, les gardiens vont être plus performants, ça va libérer l’équipe, assure Mention avec optimisme. On l’a vu au troisième tiers-temps contre Grenoble, qui est quand même une équipe de niveau européen. Les joueurs ont mis deux buts. Certains diront : « Oui, mais ils avaient tellement d’avance qu’ils ont lâché. » Moi, je n’ai pas trouvé qu’ils avaient lâché dans la mesure où ils ont été pénalisés avec des prisons. »

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Joey West et Kevin Bergin sur le banc des Gothiques face à Gap.

Pour le moment ce déclic tarde à venir, et on sentait même un Kevin Bergin à court de solution après la défaite face à Bordeaux vendredi dernier au Coliseum. Arrivé cet été, l’entraîneur québécois, qui a traversé l’Atlantique en famille pour prendre son poste, est sous pression. Celle du résultat au vu de la dynamique dans laquelle est empétrée son équipe en Ligue Magnus. Le technicien de 43 ans n’est pas non plus aidé par ses joueurs qui eux aussi traversent difficilement cette spirale négative. D’ailleurs, Jean-Luc Mention a admis qu’il ne reconnaissait pas certains des joueurs déjà présents l’an passé et qui, sous les ordres de Mario Richer, étaient bien plus performants. « Quand ça ne va pas bien, c’est là que l’équipe et l’entraîneur ont besoin de soutien de leur public et de leurs fans. C’est ce que je demande et c’est ce qu’il faut faire. Cette pression de réussite obligatoire depuis nos demi-finales, depuis le départ de Mario (Richer), retombe un peu sur tout le monde. Je pense que c’est cette pression, à la fois sur le coach et sur les joueurs, qui fait qu’ils ne jouent pas naturellement à leur niveau », estime le président de l’Amiens Hockey Elite.

Le retour de Mario Richer, un non-sujet

Jean-Luc Mention en a profité pour conforter et maintenir sa confiance envers son entraîneur Kevin Bergin qui avait signé un contrat de deux ans, soit jusqu’en 2027. D’ici là, les choses pourraient évoluer si la barre n’est pas redressée, mais pour l’heure aucun changement dans le staff n’est prévu. Mais l’élimination en Coupe de France, dans « une semaine sous haute observation« , ne joue pas vraiment en faveur du technicien en poste. Au cours d’une saison, vous avez signé un contrat, mais il y a des facteurs qui font que l’aventure s’arrête plus vite que prévu. Ça peut être le club, ça peut être la maladie, nous verrons, tempère le président de l’AHE. L’idée première étant tout de même de laisser du temps à Kevin Bergin pour construire son effectif et de s’approprier véritablement celui dont il dispose actuellement et qu’il n’a pas choisi, hormis deux joueurs que sont le défenseur Félix Larose et l’actuel top scorer Kieran Craig, tous deux arrivés juste avant la première journée de Ligue Magnus et qui ont remplacé les deux gauchers Conor MacEchaern et Aleksi Hämäläinen. Le recrutement d’un nouveau joueur pour compléter l’effectif pourrait intervenir dans les prochaines semaines.

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Mario Richer a entraîné les Gothiques d’Amiens entre 2016 et 2020, puis entre décembre 2022 et mai 2025.

Celui qui a construit, du moins ajusté cet effectif qui a conservé la majorité de son ossature, Mario Richer, a beaucoup fait parler de lui ces derniers jours. Sans être acteur, d’ailleurs. Déjà parce que son aventure avec le Traktor Chelyabinsk (KHL, Russie) a pris fin vendredi, mais aussi parce que la mauvaise passe que connaissent les Gothiques a réveillé l’envie de plusieurs supporters de croire en un retour du barbu sur le banc de leur équipe favorite. Comme Jean-Luc Mention l’a évoqué dans les colonnes du Courrier picard ce lundi, un retour du Québécois n’a pas été considéré, ni d’actualité : « Il ne reviendra pas dans le club d’Amiens, si quand bien même il m’avait abordé. Ce qui n’est pas le cas. Mario est venu (en 2016 avant de partir en 2020). Il est revenu (en décembre 2022). Il y a eu une aventure d’un certain temps. Mario n’a pas eu que des bons résultats, il a aussi eu des mauvaises séries. »

Il y a eu une sensation d’abandon.

Jean-Luc Mention, président de l’Amiens Hockey Elite

Lequel, même s’il avait tenu un discours un peu différent le jour de l’officialisation du départ de son ex-entraîneur, regrette toujours et un peu amèrement ce timing qui a fortement impacté l’intersaison du club picard, mais aussi son début de saison. D’autant plus que Mario Richer avait signé un nouveau contrat de deux ans avec Amiens fin avril. « S’il m’avait annoncé à la fin des play-offs contre Grenoble qu’il ne rempilait pas, ça m’aurait paru plus honnête. Tout est une question de timing. On le ressigne, il fait son équipe. Et quand l’équipe est quasiment faite, Mario dit : « Je m’en vais. » Oui, il y a eu une sensation d’abandon, confie Jean-Luc Mention. On peut le comprendre parce que c’est financier et qu’on est dans le monde du sport. Sauf que moi, j’ai des valeurs qui dépassent le financier vis-à-vis de mes partenaires, des actionnaires qui sont dans le club. On peut comprendre, mais pas à ce moment-là. C’est même vécu comme un abandon pour de l’argent. […] C’est sûr que le départ, entre guillemets précipité, de Mario, qui avait constitué l’équipe et qui a continué à le faire jusqu’au bout, n’a pas aidé à ce que nos joueurs soient psychologiquement en confiance et que le coach soit en confiance. »

Bientôt de nouveaux actionnaires ?

Conscient que le hockey français se développe et que certains clubs concurrents de Ligue Magnus deviennent de plus en plus compétitifs, les Gothiques d’Amiens ne restent pas les bras croisés, au risque de se laisser distancer davantage. Derrière les trois puissances du championnat que sont Grenoble, Rouen et Angers, auxquelles on peut ajouter les places montantes que sont Bordeaux et Marseille, Amiens doit trouver sa place. D’autant plus que d’autres formations comme Anglet et Nice ont vu arriver de nouveaux investisseurs. Cela devrait aussi être le cas chez les Gothiques avec l’arrivée de Canadiens dans l’actionnariat du club picard. Ils doivent ainsi apporter leur expertise du hockey et leur puissance financière aux côtés du club des bâtisseurs. L’officialisation de cette opération devrait intervenir début décembre, et les nouveaux actionnaires pourraient même être en tribunes du Coliseum lors de la réception de Grenoble le 7 décembre prochain.

César Willot
Crédit photo : Théo Bégler – Gazettesports.fr

* entretien réalisé le mardi 25 novembre, avant le match face aux Drakkars de Caen.